Paris (awp/afp) - Le taux d'emprunt à 10 ans de l'Italie a connu une nette détente mercredi tandis que celui de la France s'est stabilisé sur un marché obligataire qui suit de près les évolutions budgétaires des deux pays.

"Le marché compare la situation entre la France et l'Italie après les déclarations du commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, ce qui allège la pression sur la dette italienne", a souligné auprès de l'AFP Jean-François Robin, un stratégiste obligataire de Natixis.

M. Moscovici a affirmé mercredi que la France ne bénéficierait pas d'un traitement de faveur par rapport à l'Italie en cas de dérapage de son déficit à la suite des mesures annoncées face au mouvement des "gilets jaunes".

Mais il a également affirmé qu'une déviation "temporaire, limitée et exceptionnelle" de la règle européenne limitant le déficit public d'un pays à 3% de son PIB était "concevable", tant que ce dépassement ne dure pas deux années consécutives ni n'excède 3,5% sur un an.

"Ce que Bruxelles prend en compte c'est l'effort de réduction du déficit structurel. En France, le déficit est lesté par le CICE (crédit d'impôt compétitivité emploi), mais après la transformation du dispositif, le déficit devrait baisser mécaniquement", alors que pour l'Italie cela dépendra surtout de la croissance du pays, a expliqué M. Robin.

dialogue constructif

L'Italie profite aussi, selon l'expert de Natixis, du fait que "depuis quelques jours, l'exécutif italien a l'air de vouloir revenir" à un dialogue constructif avec l'Union européenne.

Pour la France, "après une tension liée à la situation des +gilets jaunes+, le marché achète l'idée que les annonces faites par le président français ont répondu en partie aux attentes, sans pour autant remettre en cause la compétitivité du pays", ce "qui devrait permettre à la France de revenir progressivement", a-t-il ajouté.

À 18H00 (17H00 GMT), le taux à 10 ans de l'Allemagne a progressé à 0,279% contre 0,249% mardi à la clôture sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France s'est légèrement tendu à 0,734% contre 0,713%.

Celui de l'Espagne a terminé quasiment inchangé à 1,429% contre 1,437%, tandis que la détente a été très nette pour celui de l'Italie à 3% contre 3,122%.

L'écart ("spread") très surveillé entre ce taux et celui de l'Allemagne, référence du marché, s'est aussi relâché, à 272 points de base (soit 2,72 points de pourcentage), contre 288 points à la clôture mardi soir.

Pour la France, le spread a aussi reflué à 44,8 points de base, après avoir atteint un point haut à 47,86 points mardi.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique à dix ans a progressé à 1,279% contre 1,188% dans l'attente du vote de défiance plus tard dans la journée contre la Première ministre britannique Theresa May.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans montait à 2,904% contre 2,879% mardi. Celui à 30 ans refluait à 3,142% contre 3,126% tandis que le taux à deux ans s'établissait à 2,772% contre 2,764%.

afp/rp