Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro se sont légèrement détendus mardi, profitant d'un contexte général d'aversion au risque sur les marchés alors que l'Europe est confrontée à plusieurs échéances politiques à l'issue incertaine.

En dépit du mouvement de tension des obligations américaines, "les taux européens ont du mal à remonter (...), en grande partie parce que l'Europe est confrontée à un double risque politique, italien d'une part et britannique d'autre part", a expliqué auprès de l'AFP Nicolas Forest, directeur de la gestion obligataire de Candriam.

La coalition populiste au pouvoir en Italie a transmis lundi soir à Bruxelles un projet de budget qui prévoit un déficit public à 2,4% du PIB pour 2019.

"Nous aurons sans doute une première réponse dans une semaine sur les chiffres du budget italien avec un risque que la Commission européenne le rejette et qu'un bras de fer s'annonce entre Bruxelles et le gouvernement italien", a estimé M. Forest.

De fait, la Commission européenne, par la voix de son président Jean-Claude Juncker, a indiqué mardi qu'elle s'exposerait à des "contre-réactions virulentes" de la zone euro si elle acceptait ce projet de budget expansionniste.

Ces craintes toutefois n'entraînaient pas dans l'immédiat de tension du taux italien à dix ans en raison de "mouvements de prises de profits", selon M. Forest. "Mais la volatilité est à venir", d'autant que "les agences de notation devraient arriver avec une révision à la baisse de la note de l'Italie d'ici fin octobre", a-t-il poursuivi.

Les investisseurs étaient également inquiets de voir les négociations autour du Brexit patiner à la veille d'un sommet entre dirigeants européens et à moins de six mois du divorce.

L'Union européenne a réclamé mardi des "propositions concrètes" et "créatives" à Londres, afin de "sortir de l'impasse" des négociations sur le Brexit.

Le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier a de son côté annoncé mardi à Luxembourg vouloir "prendre le temps" pour trouver avec Londres un accord global "dans les prochaines semaines" sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union.

A ces facteurs d'incertitudes vient s'ajouter, selon M. Forest, l'effondrement en octobre du moral des investisseurs allemands, publié par l'institut ZEW, dans un contexte de tensions commerciales exacerbées entre les Etats-Unis et la Chine.

Par ailleurs, "la coalition en place au pouvoir en Allemagne" est fragilisée, a indiqué M. Forest.

Aussi ce contexte n'est-il "pas très haussier pour les taux", avec des obligations recherchées par les investisseurs qui optent pour la qualité, a résumé le spécialiste.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne a très légèrement reflué, à 0,491% contre 0,503% lundi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le mouvement a été similaire pour le rendement de même maturité de la France, à 0,843% contre 0,869%.

Celui de l'Italie a nettement baissé, à 3,453% contre 3,546%, tandis que celui de l'Espagne a fini en petite baisse, à 1,643% contre 1,679%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique à dix ans n'a quasiment pas bougé, à 1,609% contre 1,610%.

A la clôture des marchés européens, le taux d'emprunt à 10 ans des États-Unis variait peu, à 3,158%, contre 3,156% lundi, tout comme celui à 30 ans, à 3,333% contre 3,336% et celui à deux ans, qui s'établissait à 2,861%, contre 2,855%. afp/rp