Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro ont poursuivi leur mouvement de tension mardi, à l'exception de celui de l'Allemagne qui s'est stabilisé, le risque politique français continuant à susciter la défiance des investisseurs.

On a assisté à "une petite tension sur les taux allemands aujourd'hui", alors que les obligations allemandes avaient profité la veille d'une forte demande, a remarqué auprès de l'AFP Guillaume Rigeade, gérant allocation d'actifs et dettes souveraines chez Edmond de Rothschild Asset Management.

"Le mouvement, qui s'était engagé ces derniers jours, de baisse des taux allemands" était lié à "un regain de la matérialisation du risque politique en France" avec un accroissement de l'écart (spread) entre le taux allemand à dix ans et les autres obligations souveraines de même échéance, a-t-il complété.

La légère tension du taux allemand, qui a été de courte durée toutefois puisque celui-ci a fini stable, s'explique par "des chiffres économiques ce (mardi) matin qui étaient encore bons".

Le moral des investisseurs en Allemagne s'est en effet très fortement amélioré en avril, bien davantage qu'anticipé par les analystes, pour atteindre son plus haut niveau depuis l'été 2015, a montré mardi le baromètre calculé par l'institut ZEW.

Ce nouveau signal positif pour l'économie européenne, dont les signes de reprise se multiplient, a tendance à redonner confiance aux investisseurs, qui se tournent alors davantage vers les marchés actions.

Même de façon générale, l'aversion au risque demeure, selon M. Rigeade, ce qui a tendance à favoriser les dettes souveraines et en particulier celle de l'Allemagne, considérée comme l'actif refuge par excellence.

Concernant la France et les taux des pays les plus fragiles de la zone euro, qui suivent traditionnellement le même mouvement, le marché obligataire va "être très volatil dans les prochains jours au gré des sondages" sur l'élection française, a expliqué M. Rigeade.

"Plus les sondages montreront une probabilité plus forte pour Jean-Luc Mélenchon ou pour un éventuel second tour opposant Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, plus les marchés vont se faire peur et donc cela va se traduire par une remontée des spreads (écarts de taux avec l'Allemagne, NDLR) sur la France", a-t-il estimé.

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a fini à l'équilibre à 0,204% contre 0,207% lundi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France est monté en revanche à 0,964% contre 0,931%, tout comme celui de l'Italie qui a progressé à 2,281% contre 2,241% et celui de l'Espagne qui a grimpé à 1,644% contre 1,613%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à 10 ans a en revanche reculé à 1,053% contre 1,077%.

A la clôture du marché européen, aux États-Unis, le taux à dix ans se détendait à 2,303% contre 2,366%, comme le taux à trente ans qui reculait à 2,934% contre 2,990%, tandis que le taux à deux ans s'affichait à 1,236% contre 1,274%.

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