Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro ont poursuivi jeudi leur mouvement de tension de la veille sous l'effet conjugué d'un regain d'aversion pour le risque, les investisseurs espérant des avancées en matière commerciale, et de la publication des minutes de la BCE.

On constate depuis une semaine environ "un retour raisonnable de l'appétit pour le risque des investisseurs" et "dans cette configuration, nous avons des taux souverains qui reprennent leur mouvement de hausse entamé fin août", a souligné auprès de l'AFP Guillaume Truttmann, gérant chez Meeschaert Asset Management.

"La relance des discussions autour d'un accord commercial entre la Chine et les Etats-Unis a donné le la aux marchés ces derniers jours" et explique en grande partie ce regain d'optimisme, selon lui.

Donald Trump a annoncé jeudi qu'il rencontrerait vendredi à la Maison Blanche Liu He, le vice-Premier ministre chinois actuellement à Washington pour tenter de sortir de l'impasse de la guerre commerciale, mais le président américain a laissé planer le doute sur son "envie" de signer un accord.

"Le fait que les négociations reprennent est plutôt vu de manière rassurante" par les investisseurs et "a animé la hausse récente des marchés actions", a estimé M. Truttmann.

Une BCE divisée

Par ailleurs, la publication du compte-rendu de la dernière réunion de la Banque centrale européenne (BCE), qui a eu lieu en septembre, a montré que "les discussions autour de ses dernières décisions n'étaient pas aussi simples que cela", en particulier concernant la reprise d'un programme de rachats d'actifs (ou "QE"), a jugé M. Truttmann.

"Nous n'avons pas d'unanimité au sein de la BCE (à ce sujet) donc toute future décision autour d'une augmentation de ce programme de rachats d'actifs sera fortement débattue", a-t-il complété.

Les gouverneurs de la Banque centrale européenne se sont accrochés sur plusieurs points du paquet de mesures de soutien à l'économie décidé en septembre, d'après ce compte-rendu, qui souligne la zizanie gagnant l'institut monétaire.

"Ces désaccords au sein de la BCE sont aujourd'hui plutôt un facteur de hausse des taux en zone euro", a conclu M. Truttmann.

Le Comité monétaire de la Banque centrale américaine (FOMC) est lui aussi apparu divisé lors de sa dernière réunion, une majorité trouvant "prudent" d'adopter une politique monétaire plus accommodante, certains se prononçant contre tandis qu'au moins deux voulaient abaisser les taux plus fortement d'un demi-point de pourcentage au lieu d'un quart (0,25%).

"Parallèlement à cela, les discussions sur le Brexit sont visiblement toujours très compliquées" et nous avons l'impression "qu'il y a une totale incertitude sur ce qui adviendra le 31 octobre", a relevé le spécialiste.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson et son homologue irlandais Leo Varadkar ont affirmé jeudi entrevoir un "chemin vers un possible accord" sur le Brexit, sans expliquer comment ils comptaient sortir les négociations de l'impasse à moins de trois semaines de la date prévue du divorce.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne (Bund) s'est tendu à -0,474% contre -0,552% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le mouvement a été similaire pour celui de la France, à -0,147% contre -0,223%, tout comme pour celui de l'Espagne, à 0,220% contre 0,145% et celui de l'Italie, à 0,954% contre 0,866%.

Au Royaume-Uni, le taux d'emprunt à 10 ans a progressé à 0,584% contre 0,457%.

Aux États-Unis, le taux à dix ans montait à 1,665% contre 1,584%, à l'instar de celui à 30 ans, à 2,162% contre 2,084%. Le taux à deux ans s'affichait pour sa part à 1,524%, contre 1,466%.

afp/rp