Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt ont encore évolué dans de faibles marges jeudi en zone euro, les investisseurs, tiraillés entre risque géopolitique et contexte macroéconomique porteur, préférant opter pour l'attentisme.

"Les marchés obligataires d'Etat, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, en tout cas pour les pays les plus solides, sont pris entre deux vents contraires", a estimé auprès de l'AFP Benjamin Le Roux, gestionnaire de portefeuille chez Lazard Frères Gestion.

D'une part, "du point de vue macroéconomique, même si la tendance est un peu moins bonne qu'avant, elle reste toujours bien orientée avec des anticipations de croissance soutenue", ce qui plaide pour une tension des taux d'emprunt, a-t-il relevé.

Malgré un repli mensuel, la hausse des prix à la consommation sur un an aux Etats-Unis a atteint en mars son plus haut niveau depuis douze mois, à 2,4%, selon l'indice CPI publié mercredi.

Mais d'autre part, "toutes les mesures protectionnistes annoncées par les Etats-Unis, qui ne sont pas véritablement bonnes pour l'économie mondiale, et les événements géostratégiques venus se greffer à cela depuis une semaine" ont tendance au contraire à entraîner un repli des rendements, a poursuivi M. Le Roux.

Après avoir provoqué une montée de tensions géopolitiques en demandant à la Russie mercredi de se "tenir prête" à des frappes contre son allié syrien, Donald Trump a semblé temporiser.

"Jamais dit quand une attaque contre la Syrie pourrait avoir lieu. Cela pourrait être très bientôt ou pas si tôt que cela", a-t-il écrit dans un tweet matinal.

Et les compte-rendus sans surprise publiées respectivement mercredi et jeudi par la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) n'ont guère changé la donne.

DES MINUTES SANS SURPRISE

Dans son compte-rendu, la banque centrale américaine s'est inquiétée lors de la dernière réunion de son Comité monétaire des risques qu'une guerre commerciale pourrait représenter pour l'économie américaine.

Globalement toutefois, la Fed a dressé un tableau positif de l'activité. L'ensemble du Comité monétaire s'attend à une progression de l'inflation dans les mois qui viennent et tous les participants prévoient donc "un certain raffermissement de la politique monétaire à moyen terme".

De son côté, la BCE est apparue divisée en mars sur le degré de surchauffe dans l'économie, un élément déterminant pour jauger l'inflation à venir.

En outre, les menaces pesant sur l'économie ont à nouveau été discutées par le conseil des gouverneurs, au premier rang desquelles figurent l'évolution des changes et les menaces de guerre commerciale.

Enfin, "concernant les pays comme l'Espagne ou l'Italie, nous assistons à des resserrements assez marqués" de leurs écarts de taux par rapport au rendement allemand à dix ans, ou "Bund", qui sert de référence, a souligné M. Le Roux.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a fini en très légère hausse à 0,515% contre 0,499% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France a également peu varié, terminant à 0,751% contre 0,739%, tout comme celui de l'Italie, à 1,814% contre 1,803%.

Le taux à dix ans de l'Espagne a enregistré de son côté une légère détente, finissant à 1,254% contre 1,272%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique a clôturé en hausse à 1,456% contre 1,389%.

A la clôture des marchés européens, le taux d'emprunt à 10 ans des États-Unis s'appréciait très légèrement à 2,828%, contre 2,781% mercredi, à l'instar de celui à 30 ans, à 3,040% contre 2,995%. Celui à deux ans s'établissait pour sa part à 2,340% contre 2,307%.

afp/buc