Zurich (awp) - La Bourse suisse creusait ses pertes jeudi à l'approche de la mi-journée, s'enfonçant sous le seuil des 9600 points sur fond d'escalade rhétorique entre la Chine et les Etats-Unis. Pékin a notamment fustigé le "harcèlement économique" de Washington à l'égard de son fleuron des télécommunications Huawei et prévenu que l'Empire du Milieu se battra "jusqu'au bout" dans la guerre commerciale initiée par le locataire de la Maison Blanche.

"Les actionnaires demeurent déchirés entre enthousiasme et panique", résume IG Market. Le prochain tweet du président américain pourrait rapidement faire évoluer les marchés dans un sens comme dans l'autre, poursuit le prestataire britannique de services financiers.

Mirabaud Securities souligne que la fébrilité des investisseurs risque d'être alimentée encore par l'imminence des élections européennes.

Sur le front conjoncturel, la production industrielle helvétique a généré une croissance de 3,7% sur un an au premier trimestre 2019, tandis que salaires nominaux ont progressé de 0,5% sur la même période. Le secteur privé a modérément accéléré la cadence en mai dans la zone euro. L'Allemagne affiche une croissance de 0,4% sur les trois premiers mois de l'année.

A 11h00, le Swiss Market Index (SMI) abandonnait 0,58% à 9588,65 points, le Swiss Leader Index (SLI) 1,09% à 1475,68 points et le SPI 0,61% à 11'604,90 points. Sur les trente principales valorisations, seules deux se maintenaient à flot.

Les poids lourds pharmaceutiques Novartis (+0,4%) - qui tient ce jour un évènement pour investisseurs - et surtout Roche (+0,6%) constituaient l'unique rempart contre l'accès de morosité. Le paquebot alimentaire Nestlé (-0,4%) limitait la casse, sans parvenir à colmater la brèche. La multinationale veveysane planche avec son partenaire néo-zélandais Fonterra sur les "options stratégiques" pour leur coentreprise au Brésil, n'excluant pas une cession de leurs parts respectives.

La volatile AMS (-3,7%) semblait souffrir par ricochet des sanctions à l'encontre d'Huawei, moins toutefois que Julius Bär (-3,9%) du désengagement partiel de son actionnaire américain Wellington Management.

Les deux géants bancaires Credit Suisse (-2,4%) et UBS (-2,3%) n'en menaient pas large non plus.

Bâloise abandonnait 0,9%, après avoir reconnu une érosion de la rentabilité de ses affaires vie en 2018.

Ypsomed (-5,8%) a étoffé sa rentabilité l'an dernier, grâce essentiellement à une contribution exceptionnelle de son ancien partenaire américain Insulet. Le concepteur de dispositifs d'injection proposera à ses actionnaires un dividende amputé de plus de moitié en comparaison annuelle.

Santhera s'envolait de 12,3%, après avoir convenu de la cession de la majeure partie des droits sur son unique produit commercialisé. Le laboratoire rhénan en difficultés de financement se donne ainsi de l'air pour poursuivre ses activités de recherche et développement.

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