Séance singulière hier en bourse, démarrée dans la panique en Europe et clôturée en baisse marquée, mais sur une note jugée positive par les investisseurs. Sur l'air de "ça aurait pu être pire", puisque les indices ont ouvert au plus bas et terminé au plus haut de la séance. Aux Etats-Unis, le contraste n'a pas été aussi fort mais le trio d'indice majeur, S&P500, Nasdaq 100 et Dow Jones a malgré tout cédé un peu plus de 1%. En trois séances, Wall Street a perdu environ 3%, soit la séquence baissière la plus importante sur un tel laps de temps depuis septembre. La bonne nouvelle, c'est que les indicateurs avancés des deux côtés de l'Atlantique sont orientés en vive hausse ce matin, signe qu'un rebond relativement puissant se dessine. L'Asie montre la voie en recoupant ses pertes récentes.

Les marchés sont toujours tiraillés entre des perspectives économiques qui semblent solides pour 2022 d'un côté et des remous pandémico-inflationnistes de l'autre. Le retour à des politiques monétaires moins exubérantes, en particulier aux Etats-Unis, a fait baisser la tolérance au risque et contribue à renforcer la volatilité en cette fin d'année. Il en résulte quelques sautes d'humeur. Hier matin, les investisseurs broyaient du noir sous le poids des nouvelles restrictions décidées çà et là pour juguler l'avancée du variant Omicron du coronavirus. Mais comme souvent ces dernières semaines, ils se sont empressés de racheter les planchers de la séance : quand les valorisations sont tendues, on se contente des petits trous d'air pour recharger les positions. Après tout, c'est une technique qui fonctionne depuis des mois, des années même, grâce aux largesses des banques centrales. Le fait qu'elles cherchent à se désengager préoccupe bien sûr les investisseurs, mais en mode alternatif plutôt que continu pour le moment.

Les pays se débattent pour freiner l'avancée d'Omicron, mais sans succès. Les Etats-Unis viennent de révéler que 73% des contaminations sur leur territoire sont dues au nouveau variant, contre 3% la semaine précédente. Les interdictions édictées un peu partout ont l'air bien dérisoires face à ce raz-de-marée. Les spécialistes en épidémiologie, nous sommes désormais des milliards à l'être, spéculent sur toutes sortes de paramètres pour tenter de percer les mystères d'Omicron, en constatant qu'il est ultra-contagieux mais en espérant secrètement qu'il est peu dangereux et susceptible de nous faire atteindre une immunité collective.

La fin d'année appelle toutes sortes de bilan. J'ai choisi ce matin de m'intéresser à une valeur du CAC40, un indice qui affiche 26% de gains depuis le 1er janvier en intégrant les dividendes distribués. Cette performance le place à la 1ère place des grands indices mondiaux en 2021. Savez-vous quelle est la valeur phare de l'indice phare de l'année ? Une valeur du luxe évidemment, en l'occurrence Hermès International, qui a progressé de 75,5% depuis le 1er janvier. Les investisseurs saluent ainsi la régularité de métronome de la progression des résultats financiers et l'accroissement de la valeur d'une marque qui devient légendaire. Alors que l'entreprise est très généreusement valorisée et l'était déjà avant la hausse 2021. L'action se paie actuellement 62,5 fois les résultats attendus l'année prochaine, contre une moyenne pondérée à 18,4 fois pour une centaine des principales entreprises françaises (je me suis basé sur les données d'AlphaValue). C'est le second PER le plus élevé du CAC40, derrière Dassault Systèmes (PER 2022 de 74,3 fois), la seule valeur technologique française valorisée à l'américaine.

Hermès illustre aussi le fait que, parfois, il ne faut pas suivre les positions trop consensuelles. Depuis que je cancane sur les marchés financiers, soit à peu près vingt ans, Hermès a presque toujours été la valeur sérieuse la moins bien notée par les analystes (c'est toujours le cas actuellement). En réalité, elle leur a toujours posé des problèmes et le commentaire dominant était "qu'est-ce que c'est beau, mais qu'est-ce que c'est cher !". En d'autres termes, les investisseurs qui ont suivi le consensus moyen ne sont jamais entrés sur le titre. Et n'ont donc pas multiplié par 28 leur mise en vingt ans. Moralité, certains titres ont une dynamique propre qui les fait sortir des sentiers battus de l'analyse financière classique. La contrepartie, c'est qu'il leur faut maintenir un niveau d'excellence constant, sans quoi la punition peut être sévère.

Les indicateurs avancés sont donc nettement haussiers ce matin, ce qui devrait permettre aux indices européens de gommer leurs pertes de la veille. Tokyo a repris 2% à la clôture.

* "buy the dip" est l'expression anglo-saxonne consacrée pour la stratégie qui consiste à acheter en profitant des moments de baisse. Elle est souvent utilisée a posteriori pour justifier une remontée des indices après un point bas. A priori, c'est plus compliqué : acheter au plus bas est une science à peu près aussi exacte que la modélisation économique, l'épidémiologie en période covid ou la politique monétaire turque. Le CAC40 reprend 1,10% à 6945 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Pas grand-chose à se mettre sous la dent aujourd'hui du côté des statistiques macroéconomiques.

 L'euro remonte légèrement en direction de 1,128 USD. L'or a perdu du terrain à 1791 USD l'once. Sur le marché pétrolier, le baril remonte légèrement à 72,10 USD le Brent et 69,30 USD le WTI. La dette américaine est rémunérée 1,42% sur 10 ans. Le bitcoin se réveille 48 700 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • BillerudKorsnäs : ABG passe d'acheter à conserver en visant 175 SEK.
  • Deutsche Börse : UBS passe de neutre à achat en visant 165 EUR.
  • DiaSorin : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 210 à 200 EUR.
  • Eurobio : Midcap Partners reste à l'achat avec un objectif relevé de 37 à 38 EUR.
  • ISS : Handelsbanken passe de conserver à acheter en visant 145 DKK.
  • Neste Oyj : Kepler Cheuvreux passe de conserver à acheter en visant 55 EUR.
  • Nordex : Stifel démarre le suivi à l'achat en visant 20 EUR.
  • Novem : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 28 à 26 EUR.
  • Pierre & Vacances : Portzamparc passe de conserver à acheter en visant 2,50 EUR.
  • Petrofac : Morgan Stanley reprend le suivi à pondération en ligne en visant 126,88 GBp.
  • Reckitt : Barclays reste à surpondérer avec un objectif relevé de 8900 à 9400 GBp.
  • Safe Group : Midcap Partners reste à conserver avec un objectif réduit de 0,40 à 0,36 EUR.
  • Schweiter : Baader Helvea reste à accumuler avec un objectif réduit de 1775 à 1450 CHF.
  • Straumann : Bernstein passe de neutre à surperformance en visant 2150 CHF.
  • TUI AG : Peel Hunt démarre le suivi à conserver en visant 210 GBp.
  • Wizz Air : AlphaValue démarre le suivi à l'achat en visant 4024 GBp.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Sanofi va racheter Amunix, spécialiste de l'immuno-oncologie, pour 1 Md$ de paiement initial et 225 M$ de paiements d'étape.
  • GrandVision quittera la bourse d'Amsterdam le 7 janvier après le succès de l'offre d'EssilorLuxottica.
  • La CMA britannique soumet la fusion entre Veolia et Suez à une enquête approfondie.
  • TotalEnergies met en service du plus grand site de stockage d'électricité par batteries en France.
  • Airbus défendra "vigoureusement" sa position dans son litige avec Qatar Airways, qui l'attaque dans le cadre d'un problème de fuselage sur l'A350.
  • Bolloré négocie la vente de Bolloré Africa Logistics à MSC sur la base d'une valeur d'entreprise de 5,7 Mds€.
  • Eramet a identifié une fraude financière au sein de sa gestion de trésorerie au siège du groupe, évaluée à 45 M€ hors assurance.
  • SEB s'étend en Afrique en signant une coentreprise majoritaire avec Preciber.
  • Le Cameroun choisit les solutions digitales d'Edenred pour optimiser la gestion de son nouveau programme de subventions aux caféiculteurs et cacaoculteurs locaux.
  • Ipsen confirme ses prévisions 2024 malgré l'arrivée d'un produit lanreotide concurrent à l'un de ses best-sellers, Somatuline Depot.
  • Gaztransport & Technigaz se voit confier par Daewoo Shipbuilding la conception des cuves de deux nouveaux méthaniers.
  • Covivio cède ses parts dans deux immeubles pour 325 M€.
  • Latécoère investit dans Caeli Nova.
  • Gaussin signe un partenariat avec le Terminal du Grand Ouest (TGO) pour tester le premier tracteur de manutention lourde à hydrogène au printemps 2022.
  • OSE Immunotherapeutics renforce son équipe de direction.
  • Nouveau tirage de convertibles chez Pharnext.
  • SMCP nomme Charlotte Tasset Ferrec comme DG de Maje.
  • DBV Technologies va lancer une nouvelle étude pivot de phase III avec Viaskin Peanut pour resoumettre le dossier à la FDA. Le dossier soumis à l'EMA est retiré.
  • Acheter-Louer prend une part minoritaire d'Enchères-immo.
  • The Blockchain Group accompagne The Sandbox dans le développement de son Métavers.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • Oracle rachète son compatriote Cerner pour 28 Mds$ (95 USD par action).
  • UBS Group se pourvoit en cassation dans l'affaire d'évasion fiscale de riches français.
  • Eliott et Vista prépareraient une offre sur Citrix, selon Bloomberg.
  • Tesla a reperdu les 35% gagnés depuis la signature du contrat géant avec Hertz.
  • Nike reprend 3,8% hors séance après ses trimestriels.
  • Le management de Rocket Internet envisage un rachat à 35 EUR l'action.
  • DKSH se renforce dans les ingrédients spéciaux avec le rachat de HTBA.
  • Micron reprend 6,8% hors séance après ses trimestriels.
  • BKW s'offre UMB.
  • Stadler Rail prend le contrôle de l'allemand BBR.
  • Plainte contre Walmart pour élimination illégale de déchets dangereux.
  • Sandoz (Novartis) dépose une demande aux USA pour un biosimilaire d'Herceptin.
  • FWD renonce à entrer en bourse à New York.
  • Principales publications de résultats : General Mills, FactSet, BlackBerry

Lectures