Les amateurs de géométrie auront sûrement noté une certaine symétrie sur les marchés actions au troisième trimestre 2022. Les indices boursiers ont grimpé jusqu'à la mi-août, pour inverser la vapeur ensuite et terminer (bien) plus bas qu'ils n'avaient entamé le trimestre. Au final, le bilan donne à peu près ça :

  • S&P500 : L'indice large américain a perdu -9,3% en septembre, -5,3% sur la totalité du 3e trimestre et -25% sur l'année.
  • Nasdaq 100 : L'indice technologique américain a perdu -10,5% en septembre, -4,6% sur le trimestre et -33% sur l'année.
  • Stoxx Europe 600 : L'indice large européen a perdu -6,6% en septembre, -4,7% sur le trimestre et -20,5% sur l'année.

Il serait fastidieux, prématuré et hors de ma portée intellectuelle d'expliquer ce qui a conduit à cette réalité, mais je peux écrire sans trop me tromper que les investisseurs ont largement sous-estimé les risques auxquels l'économie mondiale est confrontée. La situation a probablement été aggravée par la complaisance généralisée héritée des années boursières folles qui ont suivi la crise financière de 2008. Pour le reste, je vous laisse ajouter les assaisonnements que vous préférez : mondialisation, géopolitique, banques centrales, transition énergétique, financiarisation excessive, dogmatisme, pandémie, inégalités, relance budgétaire, tribalisme… Vous noterez au passage que même si nous avons tous tendance à voir midi à notre porte, les crises se nourrissent toujours des mêmes ingrédients depuis la nuit des temps.

Le problème des investisseurs est d'autant plus épineux que les refuges traditionnels ont eux aussi été balayés. Le marché obligataire est en grandes difficultés. Comme le rappelait la semaine dernière le volubile banquier britannique Bill Blain, "dans les obligations, il y a la vérité", parce qu'elles sont "l'ossature et la plomberie financière des marchés mondiaux, la base, le taux à partir duquel tous les investissements sont mesurés". Les obligations d'Etat en sont à -21,6% depuis le début de l'année. Les obligations à haut rendement à -18,9% et les obligations d'entreprises bien notées à -21,2%. C'est à peine mieux que le S&P500 par exemple. Pour trouver du positif en 2022, il faut aller sur les matières premières (+28% cette année), le dollar américain (+18%) ou le pétrole (+9%). Les actions qui en ont le plus profité sont les pétrolières (crise de l'offre d'énergie), l'armement (retour du risque militaire), les banques (cycle de hausse de taux) et la santé (secteur défensif en temps de crise).

Pour démarrer la semaine, le mois et le trimestre boursier, il faut noter que :

  • L'Ukraine a remporté quelques victoires tactiques sur le terrain, notamment autour de la ville de Lyman, qui a été reconquise.
  • Au Royaume-Désuni, Liz Truss a admis avoir commis des erreurs de communication mais entend déployer le projet politique qui a forcé la Banque d'Angleterre à réagir en urgence sur le marché obligataire pour préserver la stabilité financière outre-Manche. Son ministre des finances a promis de maîtriser les dépenses, ce qui a à peu près autant de valeur que si je vous dis ce matin que les actions vont rebondir de 10% dans la semaine. S&P a des doutes : l'agence de notation pense que la solidité du pays sera mise à mal par le projet. Vous me direz, S&P n'avait pas de doute en 2007 sur les subprimes, mais on imagine qu'ils ont progressé depuis.
  • Voyant le pétrole glisser, l'OPEP+ a une fois de plus sorti de son chapeau le spectre d'une baisse de production. L'or noir a rebondi hier mais il reste sous la pression d'une activité économique qui a tendance à décliner.
  • Il y aura un second tour lors de l'élection présidentielle brésilienne. Finalement, Bolsonaro est plus proche de Lula que prévu (4 points d'avance). Rendez-vous le 30 octobre.
  • Enfin, le pipeline Nord Stream 2 ne fuirait plus ou presque plus, grâce à la pression de l'eau. L'installation et son homologue Nord Stream 1 avaient été endommagées par un acte de sabotage d'origine inconnue. Une réparation en bonne et due forme serait très complexe, selon les experts. Nord Stream 2 ne délivre pas de gaz en Europe à cause de la guerre en Ukraine, mais son sabotage avait fait remonter les cours au motif que toute réduction potentielle de capacités est une source de tension potentielle pour l'avenir.

En Asie Pacifique, le Nikkei japonais retrouve quelques couleurs en dépit du retour du yen dans la zone d'intervention potentielle de la Banque du Japon (soit environ 145 JPY pour 1 USD). Les autres places baissent, à l'image du reflux de 1,5% du Hang Seng (Hong Kong) ou de 0,3% de l'ASX 200 (Australie). L'Europe devrait ouvrir dans le rouge car les indices avaient progressé, parfois assez fort, vendredi en clôture, avant que Wall Street ne pique du nez. La journée est fériée en Allemagne (jour de l'unification) mais pas chômée à la Bourse de Francfort. Les places de Chine continentale sont en revanche fermées toute la semaine pour la fête nationale, ce que les financiers appellent la "golden week". Le CAC40 démarre la séance en baisse de 1% à 5701 points.

Les temps forts économiques du jour

La seconde lecture des indices PMI manufacturiers de septembre pour les principales économies est attendue aujourd'hui (notamment 10h00 pour la zone euro et 15h45 pour les Etats-Unis, où l'équivalent ISM sera aussi publié à 16h00). Tout l'agenda macro ici. Ce matin, l'indice Tankan japonais de confiance des industriels s'est dégradé de 10 à 8 points.

L'euro se négocie 0,9814 USD. L'once d'or remonte à 1664 USD. Le pétrole a rebondi, avec un Brent de Mer du Nord à 87,39 USD le baril et un brut léger américain WTI à 81,73 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans varie peu à 3,78%. Le bitcoin évolue autour de 19 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air France-KLM : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 1,35 EUR.
  • Atlas Copco : Morgan Stanley démarre le suivi à souspondérer en visant 91 SEK.
  • BillerudKorsnäs : Jefferies reste à conserver avec un objectif réduit de 158 à 150 SEK.
  • British American Tobacco : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 4500 à 4800 GBp.
  • Compagnie Financière Richemont : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 131 à 135 CHF.
  • Dätwyler : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 337 à 304 CHF.
  • Deutsche Lufthansa : HSBC passe de conserver à alléger en visant 4,75 EUR.
  • EasyJet : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 300 GBp.
  • GEA Group : Morgan Stanley démarre le suivi à pondération en ligne en visant 36 EUR.
  • International Consolidated Airlines : HSBC passe de conserver à acheter en visant 130 GBp.
  • Land Securities : Stifel passe d'acheter à conserver en visant 550 GBp.
  • Legrand : Deutsche Bank réduit son objectif de cours de 97 à 86 EUR.
  • Metabolic Explorer : Kepler Cheuvreux reste à conserver avec un objectif réduit de 2,50 à 1,90 EUR.
  • Michelin : JP Morgan réduit son objectif de cours de 23,50 à 20 EUR.
  • OC Oerlikon : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 11,90 à 11,30 CHF.
  • Orpea : AlphaValue passe d'acheter à alléger en visant 9,10 EUR.
  • Sandvik : Morgan Stanley démarre le suivi à surpondérer en visant 175 SEK.
  • Schindler : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif de cours réduit de 180 à 165 CHF.
  • Sciuker Frames : Kepler Cheuvreux passe de conserver à acheter en visant 10 EUR.
  • Shaftesbury : Stifel passe d'acheter à conserver en visant 380 GBp.
  • TotalEnergies : Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 63 à 65 EUR.
  • Valneva : HC Wainwright reste à l'achat avec un objectif réduit de 32 à 27 EUR.
  • Wärtsilä : Inderes passe de conserver à acheter en visant 8 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Le Credit Suisse tente d'apaiser les inquiétudes des investisseurs après la hausse des spreads des Credit Default Swap.
  • Elon Musk présente l'ambitieux robot humanoïde de Tesla. Le constructeur automobile a par ailleurs annoncé avoir livré 343 830 véhicules au T3, contre 357 938 prévus, mais cela reste un record.
  • RWE achète le portefeuille renouvelable de Con Edison pour 6,8 Mds$.
  • Prosus renonce à racheter Billdesk.
  • Sony va lancer une Playstation dédiée à la réalité virtuelle.
  • ABB fait coter Accelleron (filiale turbocompresseurs) aujourd'hui à Zurich.
  • Sumitovant Biopharma (Sumitomo Dainippon Pharma) propose d'acheter Myovant Sciences pour 2,5 Mds$, mais l'américain repousse l'offre.
  • Les régulateurs antitrust de l'UE fixent la date limite du 8 novembre pour la décision concernant Microsoft et Activision.
  • Mobileye, filiale d'Intel, dépose une demande de cotation en bourse.
  • Roche désigne Matt Sause à la tête de sa division Diagnostics.
  • FEMSA reçoit toutes les approbations réglementaires pour l'offre publique d'acquisition de Valora.
  • United Airlines va suspendre son service à l'aéroport John F. Kennedy de New York à la fin du mois d'octobre, en raison du nombre limité de créneaux d'atterrissage et de décollage.
  • Vestas décroche un contrat pour un projet de parc éolien en Lituanie.
  • Principales publications du jour : Avanza, Argan, Aryzta, Kaufman, Bonduelle… Tout l'agenda ici.

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