* Première étude mondiale sur l'impact de la pandémie sur la santé mentale

* Les cas de troubles anxieux et dépressifs augmentent de plus d'un quart

* Violences, charge mentale : les femmes les plus touchées

par Alistair Smout

LONDRES, 8 octobre (Reuters) - La pandémie de COVID-19 a entraîné une progression spectaculaire des troubles anxieux et dépressifs majeurs dans le monde, en particulier chez les femmes et les jeunes, montre une étude publiée vendredi dans la revue The Lancet.

Les jeunes ont été affectés par les fermetures d'écoles qui les ont éloignés de leurs camarades, tandis que de nombreuses femmes ont dû prendre en charge les tâches ménagères et ont été confrontées à un risque accru de violences conjugales, indiquent les chercheurs.

L'étude, menée par des chercheurs de l'université australienne du Queensland, a recensé 76 millions de cas supplémentaires de troubles anxieux et 53 millions de cas de troubles dépressifs majeurs avec la propagation du virus en 2020 et les confinements qu'elle a entraînés dans de nombreux pays.

"Malheureusement, pour de nombreuses raisons, les femmes ont toujours été plus susceptibles d'être touchées par les conséquences sociales et économiques de la pandémie", a déclaré Alize Ferrari, co-auteure de l'étude.

"Les responsabilités supplémentaires en matière de soins et de ménage ont tendance à incomber aux femmes, et les femmes sont plus susceptibles d'être victimes de violences domestiques, qui ont augmenté à différents stades de la pandémie", a-t-elle estimé.

Les fermetures d'écoles et autres restrictions limitent "la capacité des jeunes à apprendre et à interagir avec leurs pairs", ajoute-t-elle.

La recherche a porté sur 48 études antérieures menées dans le monde entier et a agrégé leurs résultats afin de quantifier la prévalence des troubles mentaux dans 204 pays et territoires en 2020, ce qui en fait, selon ses auteurs, "le premier aperçu mondial de la charge que représentent les troubles dépressifs et anxieux pendant la pandémie".

L'étude estime à 28% l'augmentation du nombre de cas de troubles dépressifs majeurs, soit 246 millions de cas, contre 193 millions si la crise du COVID n'avait pas eu lieu.

Les cas présumés de troubles anxieux sont en hausse de 26%, soit 374 millions de cas contre 298 millions de cas hors COVID-19.

Les auteurs de l'étude soulignent le manque de données fiables sur l'impact de la pandémie sur la santé mentale dans de nombreux pays pauvres, ajoutant que les estimations extrapolées pour ces pays doivent être interprétées avec prudence. (Reportage Alistair Smout, version française Dagmarah Mackos, édité par Sophie Louet)