Si l'on excepte la periode  2004/2006 (1), les cours du cacao sont souvent teintés de volatilité . Le large mouvement de baisse actuel (3) duplique la dégradation des prix de 2011 (2),
les deux périodes ayant demarré lors des mêmes points hauts à 2500 USD, 



En effet, après une décennie de hausse au début des années 2000, à l’image de la globalité des matières premières, les pays producteurs ont pu connaître l’embellie de la croissance économique. Cependant, et c’est le revers de la médaille, être trop dépendant d’une production unique, peut dans le cas d’une violente chute de prix, entraîner une forte déstabilisation dans le pays. C’est le cas de la Cote d’Ivoire qui possède une « cacao dépendance » avec les 2/3 des revenus nationaux provenant des plantations de fèves.
 
L’année dernière, la surproduction de cette région dépassait de loin celle de l’appétit des amateurs de chocolat (américains et européens) avec une augmentation de 15 % de la demande, ce qui représente 264 000 tonnes de substantiels surplus. Depuis mi 2016, l’or brun a fortement chuté (-40%), ce qui entrainé des mouvements sociaux de grande envergure. Résultat, le pays s’est trouvé bloqué par des grèves et mutineries.
San Pedro, le plus grand port mondial d’exportation de cacao, s’est vu paralysé par des camions remplis de sacs de fèves non vendus. La Cote d’Ivoire a renoncé à l’application des droits sur les exportations. Ce renoncement lui fait perdre beaucoup. Les pertes fiscales ont commencé à se faire sentir.
 
Avec des recettes nationales en forte baisse, le gouvernement ne pouvait plus assurer ses missions d’intérêt général telles les constructions d’écoles, de centres de santé et la fourniture en eau potable. L’Etat ivoirien a dû faire appel au FMI pour une avance permettant de débloquer une situation qui devenait périlleuse pour la stabilité du pays. Seule une remontée du prix du cacao pourrait redonner un réel espoir et un peu d’oxygène pour les finances ivoiriennes et permettre la réalisation des 7 à 8% de croissance nécessaire pour la modernisation.
 
Pour asseoir sa notoriété, la Cote d’Ivoire, le pays aux 800 000 planteurs, avait même demandé le transfert du siège mondial de l’Organisation Internationale du Cacao de Londres à Abidjan mais la capitale africaine n’obtient pas les moyens financiers de réguler les flux de marchés et par conséquent la maitrise de la volatilité des prix, néfaste aux économies concernées.
 
Les pays producteurs ne détiennent que 20% des stocks, contrairement aux pays consommateurs. Cette quantité marginale ne leur laisse que peu de marges de manœuvre pour influencer les cours de la fève brune. Il leur faudrait créer un cartel des pays producteurs, à l’image de l’OPEP, pour intensifier la régulation des flux sur ce marché.
Si l’Afrique de l’Ouest fournit 70% de la production mondiale, elle ne la transforme que pour 20%. Intensifier davantage la transformation du cacao constitue le vrai challenge pour cette région du continent.