Parfois, l'incroyable capacité des marchés financiers à se raccrocher à n'importe quelle branche se heurte à un problème insoluble : l'absence de branche. C'est un peu ce qui a l'air de se passer en ce milieu de semaine sur les places boursières, qui nous gratifient d'une petite déprime pré-nativité. Pour faire un peu de psychologie de comptoir, le plateau négatif de la balance est bien garni : la propagation du variant Omicron du coronavirus pèse sur le sentiment économique, les prix sont hors de contrôle dans plusieurs segments essentiels et la géopolitique se tend sur les lignes de front sino-américaine et russo-européenne. D'habitude en pareille situation, l'investisseur dégaine son atout maître, la banque centrale des Etats-Unis et son Captain America du moment, Jerome Powell. "Pas de panique, la Fed est là" est un cri de ralliement qui a rattrapé pas mal de situations mal embarquées ces dernières années.

Mais cette fois, Captain America a peut-être changé de camp, contraint et forcé par les circonstances économiques et, il faut bien le dire, une tendance à la procrastination qui lui a probablement fait manquer des fenêtres de tir plus appropriées. La Fed rendra ce soir le verdict des discussions entre ses membres sur la conduite de la politique monétaire. Les marchés savent que la banque centrale va devoir réduire son soutien à l'économie, pour contenir l'inflation et contribuer à fluidifier le marché du travail. Reste à savoir dans quelle proportion. Il ne fait aucun doute que l'institution va mettre en cartons son programme de rachat d'actifs, mais les investisseurs cherchent surtout à anticiper le rythme des hausses de taux à venir, eux qui ne sont plus guère habitués au suspense. Je rappelle que depuis la crise de 2008, les banques centrales ont pris pour habitude de flécher très en amont leurs décisions en prenant toutes les précautions nécessaires pour ne pas heurter la susceptibilité des acteurs économiques. D'où un environnement bénin qui dure depuis des années, complaisamment entretenu d'ailleurs par des banquiers centraux pris à leur propre jeu. Le revers de la médaille, les revers plutôt, ce sont des investisseurs biberonnés aux liquidités et peu habitués aux programmes originaux, qui sont naturellement nerveux quand on leur dit que la fin de la récréation approche.

Les détracteurs de la Fed estiment qu'elle a trop tardé à réagir, ce qui a deux conséquences. D'abord elle subit les événements au lieu de les dompter. Ensuite sa politique est un peu décalée par rapport aux réalités économiques du moment, ce qui réduit son efficacité et crée un risque de choc s'il lui fallait prendre des mesures compensatoires plus vigoureuses. Et s'il ne faut pas enterrer Captain Powell America trop vite - il a déjà prouvé qu'il avait du répondant pour brosser les marchés dans le sens du poil – il n'a jamais eu l'air aussi acculé. Hormis bien sûr quand Donald Trump l'accablait d'injures sur Twitter parce qu'il ne suivait pas ses conseils avisés. Mais je rappelle ici que les réactions des marchés actions aux décisions de la Fed peuvent être singulières : une communication moins austère que prévu peut suffire à faire le bonheur des indices, alors même que les conditions économiques se dégradent.

Après avoir écrit tout ça, il me faut juste ajouter pour clore le chapitre Fed que le rendez-vous est fixé après la clôture des marchés européens, qui en seront rendus à tirer des plans sur la comète toute la journée.

En attendant, l'actualité du matin tourne autour du vote favorable de la chambre des représentants américains au relèvement du plafond de la dette fédérale. Cela signifie que Joe Biden peut désormais signer le texte, ce qu'il fera à moins d'avoir des pulsions autodestructrices d'ici ce soir. Le Financial Times révèle en parallèle que les Etats-Unis vont placer huit nouvelles sociétés chinoises sur leur liste noire interdisant aux investisseurs américains d'y mettre leurs billes, à cause des relations entretenues avec le pouvoir central chinois. La star des drones DJI en fait partie. En parallèle, Washington songe à imposer de nouvelles sanctions au numéro un chinois des puces, Semiconductor Manufacturing International. L'ambiance entre les deux puissances reste glacialement cordiale.

Le CAC40 gagne 0,5% à 6930 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Les chiffres de l'inflation au Royaume-Uni (8h00) et en France (8h45) lanceront la journée, avant une batterie de statistiques américaines dans l'après-midi (ventes de détail, Empire State, stocks des grossistes, prix immobiliers et stocks pétroliers). Puis à 20h00 place à la décision de politique monétaire de la Fed, suivie à 20h30 de la conférence de presse explicative. Cette nuit, deux annonces en provenance de Chine en complément : la production industrielle a progressé de 3,8% en novembre, un peu plus que prévu. Les ventes de détail sont en revanche inférieures aux anticipations.

L'euro reste sous pression à 1,1262 USD, tandis que l'or a perdu du terrain à 1770 USD l'once. Le pétrole est aussi en baisse, avec un Brent à 72,92 USD et un WTI à 69,84 USD. Le rendement de la dette américaine perd 1 point à 1,43% sur 10 ans. Le bitcoin s'échange autour de 48 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aedifica : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 124 à 127 EUR.
  • Aixtron : Morgan Stanley reprend le suivi à pondération en ligne en visant 19 EUR.
  • Aker Carbon Capture : SpareBank démarre le suivi à vendre en visant 15 NOK.
  • Avantium : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 5,20 à 8,40 EUR.
  • Barco : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 24 à 27 EUR.
  • Barry Callebaut : Goldman Sachs relève son objectif de cours de 2650 à 2700 CHF.
  • BE Semiconductor : Morgan Stanley démarre le suivi à souspondérer en visant 70 EUR.
  • Brunello Cucinelli : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 50 à 55 EUR.
  • Daimler Truck : Deutsche Bank démarre le suivi à l'achat en visant 45 EUR.
  • Eurofins : Stifel passe de conserver à acheter en visant 130 EUR.
  • Harbour Energy : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 350 GBp.
  • Holmen : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 430 à 440 SEK.
  • Jumbo : HSBC passe de conserver à acheter en visant 17,50 EUR.
  • Lindt : Goldman Sachs relève son objectif de cours de 117 000 à 130 000 CHF.
  • Nestlé : Goldman Sachs relève son objectif de cours de 130 à 140 CHF.
  • Red Electrica : Société Générale passe de conserver à vendre en visant 16,50 EUR.
  • SIG Combibloc : Barclays passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 21,50 CHF.
  • Umicore : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 36 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • La Commission européenne approuve sous conditions l'acquisition de Suez par Veolia.
  • Sanofi et GlaxoSmithKline annoncent des données préliminaires positives sur leur candidat-vaccin de rappel contre le Covid-19.
  • Atos lance une nouvelle plateforme d'intelligence artificielle pour améliorer les opérations et performances des entreprises. Par ailleurs, le groupe rejoint “European Alliance for Industrial Data, Edge, and Cloud”.
  • Amundi compte céder 4% de l'indien SBI FMPL dans le cadre de son introduction en Bourse.
  • Jennifer Moses cooptée au conseil de surveillance de Rothschild.
  • Gaztransport & Technigaz signe un contrat pour deux nouveaux méthaniers.
  • McPhy Energy et Hydrogen Refueling Solutions signent un partenariat stratégique avec Hype.
  • Trigano finalise l'acquisition de trois groupes de distributeurs de véhicules de loisirs en France.
  • Icade a transformé son dernier emprunt obligataire de 600 M€ en green bond.
  • Vente-unique.com s’allie à Mirakl pour lancer sa place de marché.
  • Figeac Aero décale la publication de ses comptes, "compte-tenu des discussions en cours de finalisation avec Tikehau Ace Capital et les différents prêteurs du Groupe".
  • Les actionnaires de Bourrelier éligibles à un complément de prix dans le cadre de l'OPR, en cas d'absence d'appel sur la sentence arbitrale avec Intergamma.
  • E-Pango sévèrement secoué par la flambée des prix du gaz.
  • Hopium lance une augmentation de capital par placement privé pour un montant de l’ordre de 5 M€.
  • Toosla entre sur Euronext Growth.
  • Plastiques du Val-de-Loire et Osmozis ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • Les Etats-Unis vont ajouter 8 sociétés à leur liste noire des entreprises chinoises proches du pouvoir, selon le FT : DJI, Megvii, Dawning Information Industry, CloudWalk Technology, Xiamen Meiya Pico, Yitu Technology, Leon Technology et NetPosa Technologies.
  • MPC Energy Solutions et Leclanché entament une collaboration stratégique pour des solutions de stockage d'énergie dédiées aux services publics.
  • Assicurazioni Generali promet 5,6 Mds€ de dividendes à l'horizon 2024.
  • Les Taxis G7 suspendent leur flotte de Tesla Model 3 après un grave accident à Paris.
  • R. R. Donnelley sera finalement rachetée par son principal actionnaire à 10,85 USD l'action, qui a surenchéri sur une offre d'Atlas à 10,35 USD l'action.
  • Stadler Rail va livrer 10 tramways à un opérateur de transport public à Potsdam, en Allemagne.
  • Fortescue va étudier le développement d'une mine de fer au Gabon.
  • Vontobel ouvre une antenne de gestion de fortune aux Etats-Unis.
  • Net Protections perd 26% pour ses débuts de cotation à Tokyo.
  • Principales publications de résultats : Inditex, Lennar, Hennes & Mauritz, Metro, com

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