Pour commencer, voilà à quoi ressemble le panorama des PER des principaux secteurs européens sur la base des résultats annuels attendus cette année. Seuls deux secteurs manquent à l'appel : l'Hôtellerie & Loisirs et les Concessions, parce que leurs PER son négatif ou bien trop élevés à cause des conséquences du coronavirus. Le secteur européen des semiconducteurs a le vent en poupe, et c'est très visible : le PER 2021 atteint 45,1 fois car il dispose de belles perspectives de croissance. Assez logiquement, les logiciels et la santé occupent aussi le haut de l'affiche. A l'autre extrémité, le triptyque Minières, Auto et Banque émarge sous les 10 fois.

Voici cinq valeurs européennes disposant d'une capitalisation élevée, avec quelques explications sur les raisons d'un tel décalage :

  • ArcelorMittal (PER 2,78) : évoluant dans le secteur des mines & métaux, l'aciériste est historiquement faiblement valorisée comme nous l'avons vu plus haut. Il l'est encore plus actuellement, puisqu'il pâtit des incertitudes cycliques. Il faut noter que le groupe va réaliser cette année d'excellents résultats après avoir été déficitaire sur les deux précédents exercices. Mais les analystes anticipent une baisse des bénéfices sur les deux exercices suivants. Ceci dit à 5,8 de PER 2023, il y a encore de la marge avant de rejoindre la moyenne sectorielle.
  • P. Moller Maersk (PER 3,35) : le géant danois du transport maritime affiche un PER de 3,35 pour 2021 et 3,43 pour 2022, contre une moyenne de 11,4 sur 10 ans. Pour comprendre la situation, il suffit de regarder le bénéfice d'exploitation d'une année à peu près normale - mettons 2019 – lequel atteignait 1,72 Md€, à celui attendu cette année, 19 Mds€. Un multiple de 11. Derrière cette flambée, on retrouve la désorganisation des chaînes logistiques et la flambée de la demande post-covid, qui ont fait s'envoler les tarifs du transport maritime. Le Danois en a bien profité, en bourse aussi, et son PER devrait progressivement remonter à mesure que les bénéfices vont reprendre une teneur à peu près normale.
  • Stellantis (PER 5,3) : l'automobile est peu valorisée en bourse (à moins de s'appeler Tesla ou Rivian), et le duo Peugeot-Fiat est lui-même peu valorisé au sein de son propre secteur. Les marges du groupe sont plus que correctes, mais le marché attend d'en savoir plus sur l'intégration opérationnelle des deux entreprises et sur la trajectoire de développement dans l'électrique. Contrairement aux deux entreprises précédentes, le PER de Stellantis devrait encore s'améliorer en 2022 et en 2023.
  • Kinnevik (PER 6,3) : l'entreprise suédoise est une société d'investissement dont le PER 2021 est extrêmement faible. Une situation exceptionnelle qui s'explique par les mouvements intervenus au sein du portefeuille sur la période récente. Sur les exercices à venir, les multiples vont revenir sur des niveaux plus élevés. Kinnevik a notamment distribué cette année ses parts dans Zalando à ses actionnaires. L'entreprise conserve 75,8 MdsSEK d'actifs sous gestion, dont le tiers positionné sur Tele2. Les autres participations, une petite trentaine, sont dominées par Teladoc, Global Fashion Group et VillageMD.
  • Aegon (PER 5,9) : l'assureur néerlandais ne passionne pas les foules, avec son PER bloqué entre 5 et 7 pour l'année en cours et les deux suivantes. Il se négocie dans le bas de la moyenne de son secteur, derrière des Aviva, AXA, Ageas ou Allianz. Pendant longtemps, Aegon a payé un bilan manquant de robustesse et les carences de sa filiale américaine. Les choses se sont améliorées avec le temps mais l'assureur n'est toujours pas en odeur de sainteté auprès des investisseurs.

Vous pouvez retrouver ici les palmarès de PER de Zonebourse, et les analyser grâce aux Screeners.