BRUXELLES, 4 décembre (Reuters) - Les 10 ans à venir seront décisifs pour l'Europe dans la lutte contre le changement climatique si elle veut s'épargner de graves conséquences sociales et économiques, prévient mercredi l'Agence européenne de l'environnement (EEA).

Dans son rapport annuel sur l'état et les perspectives de l'environnement en Europe, l'EEA met en avant les conséquences dramatiques d'un dérèglement climatique incontrôlé pour les pays de l'Union européenne, évoquant notamment des canicules extrêmes annuelles d'une intensité comparable à ce que la France et l'Espagne ont vécu cet été et une division par deux du rendement de certaines récoltes dans les Etats du Sud européen.

Le tableau dépeint par l'agence témoigne déjà des dégâts provoqués par le réchauffement climatique, avec des écosystèmes européens fragilisés et attaqués de toutes parts.

Soixante pour cent de la totalité des espèces recensées sur le territoire européen sont déjà menacées, de même que 77% de leurs habitats. Depuis 1990, l'Europe a perdu 39% de ses papillons et 9% de sa population d'oiseaux communs, souligne l'EEA qui évoque "un déclin majeur de la biodiversité".

Seules 40% des masses d'eau douce (rivières, lacs) sont épargnées par la pollution et la surconsommation, deux phénomènes que le réchauffement climatique va accentuer.

Sans une action rapide, la situation ne fera qu'empirer, écrit l'agence européenne basée à Copenhague, qui précise que sur les 35 indicateurs qu'elle a établis, seuls six devraient s'améliorer en 2020.

"Il nous faut aller vers des solutions primordiales, nous devons inverser la tendance au cours de la prochaine décennie, qui sera une décennie cruciale", a déclaré le directeur général de l'EEA, Hans Bruyninckx, dans une interview à Reuters avant la publication de ce rapport de 500 pages. (Jonas Ekblom version française Henri-Pierre André, édité par Bertrand Boucey)