Pour mener à bien notre étude, nous avons retenu six sociétés qui ont une capitalisation boursière supérieure à 1 milliard de dollars, dont la production dépasse 10 millions d’onces et qui ont un chiffre d’affaires exposé majoritairement à l’argent. Fresnillo fait figure d’exception pour ce dernier critère puisque son CA est réparti de la façon suivante : 50% or, 36% argent et le reliquat va au zinc et au plomb. Mais comme il s’agit du premier producteur d’argent dans le monde, on se devait d’en parler. Voici donc un état des lieux des plus gros producteurs d’argent au monde en milliers d’onces d’argent et leurs réserves prouvées pour 2019.

Si Fresnillo est le premier producteur mondiale d’argent, en termes de réserves, il laisse la place à Pan American Silver qui a vu ses réserves doubler entre 2018 et 2019.

Pour évaluer la rentabilité de ces différents acteurs, nous avons pris en compte leur all-in sustaining cost (plus transparent que le cash cost) que nous avons soustrait au prix moyen de vente de l’once d’argent afin de calculer une marge nette.

Globalement, on peut remarquer que les prix moyen réalisés se situent tous entre 20$/oz et 21$/oz. C’est au niveau de leurs coûts que ces minières vont pouvoir faire la différence. 

A la lecture de ces tableaux, on pourrait classer ces entreprises selon leur rentabilité en trois catégories.

Coeur Mining est celle dont ses all-in sustaining cost sont les plus élevés rognant ainsi sa marge. D’ailleurs, dans son rapport annuel de 2018, l’entreprise a indiqué qu’elle ne publierait plus à l’avenir cet indicateur financier, alors que sa vocation initiale est d’éclairer l’investisseur grâce à une plus grande transparence des coûts. Autrement dit, c’est plutôt un mauvais point pour Coeur Mining, qui vous le verrez ne retiendra pas plus notre attention par la suite.

source : Rapport annuel 2018 de Coeur Mining

Ensuite, vient First Majestic Silver Corp, Pan American Silver et Hochschild Mining qui ont une marge de plus ou moins 30%.

Enfin, Hecla Mining et Fresnillo se démarquent par des coûts de production parmi les plus bas du secteur affichant des marges avoisinant les 50%. Attention toutefois à Hecla Mining qui n’a publié son all-in sustaining cost qu’en 2016 alors que l’indicateur a fait l’objet d’une standardisation en 2013.

Maintenant que nous avons vu leur profitabilité, multiplions le netback moyen de chaque minière par leurs réserves prouvées (vu précédemment) afin d’obtenir la valeur de ces réserves. Nous déduirons ensuite la dette nette de ce résultat afin d’obtenir la valeur nette des réserves prouvées qui in fine correspond à la somme des profits futurs.

Bien entendu, les valorisations de ces tableaux sont approximatives. Le calcul introduit un prix de l’argent d’environ 20$/oz alors qu’il se traite aujourd’hui à 28,4$/oz. De plus, elles assimilent seulement l’activité liée à l’argent et ne tient donc pas compte des autres revenus des minières comme l’or ou d’autres métaux. Mais vous pouvez vous inspirer de notre dernier exercice sur l’or, similaire à celui-ci. 

Il est vrai que Coeur Mining a le plus grand potentiel de hausse si l’on regarde la valeur nette des réserves prouvées. Néanmoins, nous ne voyons pas d’un très bon oeil qu’elle ne publie plus à l’avenir son all-in sustaining cost. De plus, sur les six minières, quatre ont un cash-flow libre négatif. Ce n’est pas nécessairement mauvais en soi et ne constitue pas une raison pour mettre une entreprise à l’écart. Avoir un cash flow négatif fait partie intégrante de la vie d’une société. Cela peut très bien résulter d’une difficulté temporaire, d’un changement de réglementation ou de la réalisation d’investissements pour trouver des opportunités de croissance. C’est pourquoi il convient de différencier le cash-flow from operating activities du cash-flow generated from investing. Le premier, s’il est positif, indiquera la bonne santé du business. Néanmoins, un cash-flow négatif peut entraîner des problèmes de liquidités et peut devenir source d’une attention particulière s’il dure depuis plusieurs trimestres. Or, pour ces minières il est négatif depuis 2018 voire 2017 dans le cas de First Majestic Silver, bien que les analystes estiment qu’ils seront positifs pour les prochains exercices. 

En prenant le temps de lire ce tableau, notre attention se porte davantage sur Pan American Silver qui a le deuxième plus gros potentiel de décalage à la hausse. De plus, la société a une dette nette relativement mesurée par rapport à ses concurrents et est à la tête de suffisamment de liquidités pour entrevoir de nouveaux investissements. Son PER est enfin l’un des plus attractif.

Pour terminer ce décryptage, je vous glisse un graphique de l’argent qui a bondi au début de l’été. Si le stock-picking vous paraît trop dangereux, rien ne vous empêche de profiter du rallye haussier sur l’argent en misant sur l’ETC iShares Physical Silver (IE00B4NCWG09) qui réplique le cours de l’argent pour 0,4%/an. Il est en plus éligible aux investisseurs européens. Une liste thématique est également disponible sur les acteurs de l’or et l’argent.