Zurich (awp/ats) - Une dette publique élevée a un impact négatif sur la croissance économique à long terme, selon la théorie courante. Un document de travail de l'économiste Mathieu Grobéty de la Banque nationale suisse (BNS) montre cependant le contraire.

Dans son étude publiée mardi, l'économiste s'est attaqué à une thèse de la théorie économique très fréquemment citée par les milieux politiques. Selon celle-ci, seuls les pays économes connaissent la croissance. Et pour les défenseurs des politiques d'austérité, il s'agit d'éviter un haut niveau d'endettement étatique.

Mathieu Grobéty est pourtant parvenu à une conclusion un peu différente. Pour ce faire, il a analysé la dette publique et la croissance industrielle de 39 pays industrialisés et moins avancés.

Son travail montre que les industries ayant des exigences de liquidités élevées, comme les secteurs des machines et du textile, croissent plus rapidement dans les pays où la dette publique est plus élevée. Mais cet effet positif ne se retrouve que dans les pays où la dette est en mains de créanciers nationaux. Un haut niveau d'endettement à l'étranger n'a que peu d'effet sur la croissance.

EMPRUNT FACILITÉ

L'auteur a calculé que lorsqu'il y a une hausse de 10 points de pourcentage de la dette intérieure par rapport à l'activité économique, on assiste à une progression d'un quart de la croissance industrielle.

Pour expliquer un tel état de fait, l'économiste se fonde sur d'autres recherches, qui ont montré qu'un apport supplémentaire étatique de capital rend plus facile l'emprunt par les ménages et les entreprises. Ces résultats contredisent donc aussi l'hypothèse selon laquelle l'Etat concurrence les privés et les sociétés sur le marché des capitaux.

Mathieu Grobéty a toutefois mis en évidence un seuil de 43% de la dette intérieure, qui, s'il est dépassé, voit quasiment disparaître les effets positifs de l'endettement public. Cette conclusion rejoint une autre règle économique.

ats/rp