Block 1 : Les actualités essentielles 

• Mazars fait marche arrière dans les cryptos

Après avoir publié les preuves de réserves des plateformes d’échange de cryptomonnaies, notamment Binance, Crypto.com ou encore Kraken, le cabinet d’audit a mis en pause ses activités dans cet écosystème. Mazars a même supprimé les rapports de la preuve de réserve de chacune de ces plateformes, qui permettaient, en théorie, de prouver que les fonds des clients étaient en sécurité. Ces rapports, ne mettant en évidence que les actifs que détenaient ces plateformes à un instant T, ont été vivement critiqués surtout qu’ils n’affichaient pas les dettes qu’elles avaient contractées. Probablement par crainte que sa réputation soit entachée en cas de nouvelles péripéties obscures à la suite de l’affaire FTX, Mazars a décidé de s’éloigner de l’écosystème, ce qui n’aide pas le marché des cryptomonnaies à regagner la confiance des investisseurs…

• Binance s’offre Voyager Digital

La filiale américaine de Binance, Binance.US, a annoncé débourser 1,022 milliard de dollars pour acquérir la plateforme Voyager Digital, qui a été placée, en juillet dernier, sous la protection du Chapitre 11 de la loi sur les faillites aux Etats-Unis. Cela permettrait, en principe, de rembourser les 100 000 créanciers de la plateforme. L’accord définitif de ce rachat se tiendra le 5 janvier 2023 devant le tribunal des faillites compétent. 

• Binance renforce ses activités de lobbying

Changpeng Zhao, le PDG de la plateforme Binance, a décidé de rejoindre avec sa structure principale la Chambre de commerce numérique aux Etats-Unis. Le géant de la crypto rejoint la société Circle, la plateforme OkCoin et le mastodonte Visa dans ce groupe de lobby. Avec cette activité, l’objectif est de construire un cadre réglementaire favorable et efficace pour les acteurs de l’industrie tout en protégeant les investisseurs. Le leader du secteur compte probablement regagner la confiance des législateurs et des régulateurs après un épisode FTX très douloureux. Affaire à suivre.

• Visa accélère avec Ethereum 

Le géant des systèmes de paiements, Visa, a annoncé le développement d’une solution permettant aux utilisateurs d’effectuer des transferts programmés et automatisés. Bien qu’aujourd’hui il soit possible d’automatiser des opérations sur les portefeuilles hébergés par des plateformes de cryptomonnaies, l’enjeu est désormais de le permettre aux portefeuilles auto-hébergés (mon article qui explore les nuances entre les différents portefeuilles : ici). L’objectif étant de permettre aux utilisateurs de programmer des virements automatiques entre un émetteur et un destinataire sur Ethereum via un contrat intelligent.

• La société de minage Core Scientific est en faillite

En raison de “conditions de marché défavorables” le géant du minage de bitcoins, Core Scientific, s’est placé sous la protection du Chapitre 11 de la loi des faillites aux Etats-Unis. Entre des investissements massifs dans des machines de minage en 2021, la chute du cours du bitcoin en 2022, et l’augmentation du coût de l’électricité, la société se retrouve endettée à plus de 1 milliard de dollars avec des flux de trésorerie négatifs. La société dispose de 10% de la puissance de calcul (Hashrate) totale du réseau Bitcoin, ce qui la place parmi les plus grosses sociétés de minage de l’industrie. Il y a un an, la société était valorisée à plus de 14 milliards de dollars et pèse désormais 78 millions de dollars, soit une baisse de de 99%. 

•  Crypto : une année sous le signe de l’escroquerie

Solidus Labs, une société spécialisée dans le traçage et la détection d’arnaques dans l’écosystème des cryptomonnaies a publié un rapport qui contient un sombre record pour la cryptosphère en 2022. Dans son rapport, la société mentionne que 350 cryptomonnaies ont été créées chaque jour en tant que “Scam tokens”, c’est-à-dire des actifs qui sont codés de manière à arnaquer les investisseurs peu avertis. C’est 41% de plus qu’en 2021 et 80 fois plus qu’en 2020. Cela est rendu possible notamment par les nombreuses spécificités techniques qui caractérisent l’écosystème des cryptomonnaies et qui découragent les investisseurs à comprendre comment il fonctionne. Cela est également rendu possible par le peu de régulation qui encadre le système et aussi par la rapidité et le faible coût nécessaire pour créer une cryptomonnaie. En revanche, si ces “scam tokens” sont nombreux, ils ne constituent qu’une très faible part du montant total de la valorisation du marché des cryptomonnaies. 

Statement of U.S. Attorney Damian Williams on U.S. v. Samuel Bankman-Fried, Caroline Ellison, and Gary Wang pic.twitter.com/u1y4cs3Koz

— US Attorney SDNY (@SDNYnews) December 22, 2022

Williams a également envoyé un avertissement aux autres potentiels complices dans l’affaire FTX. "Si vous avez participé à une mauvaise conduite à FTX ou à Alameda, il est temps de prendre les devants. Nous avançons rapidement et notre patience n'est pas éternelle". Il a ajouté que Bankman-Fried était sous la garde du FBI et était en route pour les États-Unis depuis les Bahamas.

La plainte de la SEC contre Ellison et Wang allègue qu'Ellison, sous la direction de Bankman-Fried, a manipulé le prix de FTT, la cryptomonnaie native de FTX, en achetant de grandes quantités de FTT sur le marché ouvert pour gonfler artificiellement son prix. Typiquement, comme le rapporte Bloomberg, lorsque FTX a acquis Blockfolio en 2020 pour 84 millions de dollars, 94 % du total a été payé en FTT. La SEC allègue que Wang a créé le code logiciel de FTX qui permettait à Alameda de détourner les fonds des clients de FTX, et qu'Ellison a détourné ces fonds pour l'activité de trading d'Alameda. Il semblerait donc que le trio : Bankman-Fried, Ellison et Wang, soient au cœur du stratagème qui a fraudé des millions d’investisseurs.

"Dans le cadre de leur tromperie, nous alléguons que Caroline Ellison et Sam Bankman-Fried ont comploté pour manipuler le prix de FTT, un jeton de sécurité cryptographique d'échange qui faisait partie intégrante de FTX, pour soutenir la valeur de leur château de cartes", a déclaré la SEC. “Nous alléguons en outre que Mme Ellison et M. Wang ont joué un rôle actif dans un stratagème visant à abuser des actifs des clients FTX pour soutenir Alameda et déposer des garanties pour le trading sur marge."

Pour l’instant, la justice américaine a mentionné qu’Ellison et Wang encourent plusieurs dizaines d’années de prison, abandonneront l'argent qu'ils ont gagné auprès de FTX et d'Alameda et seront interdits "d'émission, d'achat, d'offre ou de vente de tout titre", à l'exception de leurs propres comptes de placement personnels. De son côté, FTX reste dans le processus de faillite, les clients étant susceptibles d'attendre des mois ou des années avant de voir un remboursement partiel ou total des fonds. Bankman-Fried risque jusqu’à 115 ans de prison pour les huit chefs d’accusation qui lui sont reprochés, et nous saurons prochainement à quelle sauce va réellement être mangé SBF par la justice américaine. Aux dernières nouvelles, Bankman-Fried a été libéré avec une caution de 250 millions de dollars...

Block 3 : Tops & Flops