PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes reculent en début de séance jeudi, la dégradation de la situation sanitaire en Europe comme aux Etats-Unis pesant sur le sentiment de marché, déjà fragilisé par les doutes récurrents sur la relance aux Etats-Unis.

À Paris, le CAC 40 perd 0,64% à 4.822,80 points à 08h00 GMT après être repassé sous 4.800 pour la première fois depuis le 2 octobre. A Londres, le FTSE 100 cède 0,69% et à Francfort, le Dax abandonne 0,83%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 0,68%, le FTSEurofirst 300 de 0,82% et le Stoxx 600 de 0,55%, au plus bas depuis trois semaines.

Le chiffre quotidien des nouveaux cas d'infection par le coronavirus en Allemagne a franchi le seuil des 10.000 pour la première fois mercredi et en France, le gouvernement devrait annoncer dans la journée l'extension des mesures de couvre-feu dans certains départements.

Cette évolution pèse déjà sur le climat économique: l'indice GfK du moral des ménages allemands a reculé plus qu'attendu pour le mois de novembre et en France, l'indice Insee du climat des affaires dans l'industrie accuse une baisse inattendue.

"L'Europe se referme", résume Saxo Banque dans sa note du jour. "Un peu partout, on voit le même déroulé des évènements qu'en mars dernier."

Aux Etats-Unis, près des deux tiers des Etats américains dépassent désormais le seuil d'alerte de 100 nouveaux cas pour 100.000 habitants sur une semaine. Et le feuilleton des discussions sur un plan de relance aux Etats-Unis n'apporte aucun soulagement aux investisseurs: Donald Trump a accusé mercredi les responsables du Parti démocrate de faire preuve de mauvaise volonté, ce qui fait de nouveau craindre un échec des pourparlers.

La gouverneure de la Réserve fédérale Lael Brainard a pourtant souligné à son tour mercredi la nécessité d'un soutien budgétaire, tandis que la banque centrale évoque dans son dernier "livre beige" une reprise toujours lente et incertaine.

Dans ce contexte, les investisseurs surveilleront avec attention les chiffres des inscriptions au chômage aux Etats-Unis attendus à 12h30 GMT, en attendant le dernier débat télévisé entre Donald Trump et Joe Biden avant le scrutin du 3 novembre.

VALEURS

Au-delà de l'actualité sanitaire et politique, le début de séance est animé par une nouvelle pluie de résultats et de chiffres d'affaires. Parmi les plus fortes baisses du Stoxx 600, Dassault Systèmes cède ainsi 3,07% après des trimestriels inférieurs aux attentes et une révision à la baisse de ses prévisions.

Parmi les publications également sanctionnées figurent celles de Plastic Omnium (-5,30%), d'IAG (-2,98%) ou encore de Fnac Darty (-1,25%).

A la hausse, Schneider Electric gagne 2,88% après avoir relevé ses prévisions, Pernod Ricard s'adjuge 1,88% et Unilever (+0,66%) profite d'une croissance organique meilleure qu'attendu.

A noter aussi, la rechute de 6,04% d'Unibail-Rodamco-Westfield après le franchissement du seuil de 5% du capital par le consortium d'investisseurs emmené par Léon Bressler et Xavier Niel.

EN ASIE

A la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a fini sur un repli de 0,7% sa plus mauvaise séance depuis le début du mois, pénalisé par l'incertitude politique aux Etats-Unis et par la hausse du yen, qui pénalise les exportateurs japonais.

En Chine, le SSE Composite de Shanghaï a perdu 0,38% et le CSI 300 des principales capitalisations du pays 0,31%.

A WALL STREET

Les contrats à terme sur les principaux indices américains suggèrent pour l'instant une poursuite du repli à Wall Street, de l'ordre de 0,5%.

Mercredi, le Dow Jones a cédé 97,97 points, soit 0,35%, à 28.210,82, le Standard & Poor's 500 a perdu 7,56 points (0,22%) à 3.441,9 et le Nasdaq Composite a reculé de 31,8 points (0,28%) à 11.484,69.

La séance, volatile au gré des déclarations de responsables politiques sur les pourparlers concernant les mesures de relance, a été marquée entre autres par un bond de 28% de Snap et une baisse de près de 7% de Netflix après leurs résultats trimestriels.

TAUX

Les rendements obligataires de référence de la zone euro évoluent en dents de scie mais dans des marges étroites, à -0,587% pour le Bund allemand à dix ans, les nouvelles du jour, tant sanitaires qu'économiques, incitant à la prudence après le pic d'une semaine atteint la veille à -0,568%.

Le dix ans américain, lui, recule de près d'un point de base à 0,8126% après être monté en séance mercredi à 0,8360%, son plus haut niveau depuis début juin.

CHANGES

Le dollar est revenu à l'équilibre après avoir cédé en début de journée une partie de ses gains des quatre séances précédentes face à un panier de devises de référence.

L'euro se traite autour de 1,1860; mercredi, il est monté à 1,1880, son plus haut niveau depuis la mi-septembre.

La livre sterling reste bien orientée, toujours portée par les espoirs de compromis entre Londres et Bruxelles sur l'après-Brexit.

PÉTROLE

Le marché pétrolier tente un rebond après un début de séance orienté à la baisse dans la continuité du recul marqué subi la veille à l'annonce d'une hausse des réserves d'essence aux Etats-Unis, venue souligner la dégradation de la demande.

Le Brent gagne 0,26 % à 41,84 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,1% à 40,07 dollars. Ils avaient perdu respectivement 3,3% et 4% mercredi.

(édité par Patrick Vignal)

par Marc Angrand