Après trois séances de baisse, dont la dernière très marquée mercredi, les indices américains ont rebondi hier, emmenés par les valeurs financières et le redressement du compartiment technologique, sévèrement secoué cette semaine. La seule véritable exception parmi les grandes entreprises cotées aux États-Unis hier s'appelle Tesla, puisque le constructeur de véhicules électriques a encore perdu 3 %, portant à 15 % sa contraction depuis le début de la semaine. Ce qui représente l'évaporation d'une grosse cinquantaine de milliards de dollars. Comme j'aime bien les comparaisons un peu idiotes, je signale que ça équivaut à la disparition d'un Pernod Ricard sur la base des poids boursiers actuels. Ce n'est pas rien. Mais peut-être les investisseurs en ont-ils assez des cabotinages d'Elon Musk, qui se vautre avec délectation dans son rôle de gourou des cryptomonnaies ? Il est sympa Elon, mais il tire un peu trop sur la corde. Après tout, pourquoi se priverait-il ? Le silence des superviseurs boursiers montre à quel point ils sont désarmés par l'irruption de nouvelles pratiques dans le décorum financier habituel.

Face aux soubresauts indiciels américains, la vieille Europe a plutôt bien tenu le choc, en particulier parce que son compartiment technologique est nettement moins développé. La journée fériée d'hier sur plusieurs places financières a contribué à anesthésier le marché. En Asie en revanche, les principales bourses ont été elles aussi secouées par l'onde de choc née à Wall Street. L'indice MSCI China a perdu plus de 20% depuis ses pics de février, ce qui a scellé hier son entrée en "bear market", c’est-à-dire un marché baissier dans le jargon financier, une phase de correction exceptionnelle. Le rebond du jour adoucit un peu la douloureuse, mais le bilan reste négatif depuis le 1er janvier en Chine, alors que le Japon ou Hong Kong sont à peine en territoire positif. La disparité géographique des performances est assez remarquable depuis le début de l'année. 

Les discussions sur l'inflation vont rester au cœur des débats. Les investisseurs recalibrent leurs portefeuilles en conséquence. Il se trouve d'ailleurs que les choix stratégiques opérés ces derniers mois (moins de technologiques, davantage d'économie traditionnelle peu valorisée) cadrent avec ce contexte macroéconomique de hausse des prix et de reprise économique forte. Ce n'est pas un hasard, bien sûr, mais cela conforte les choix récents.

Sans jouer les oiseaux de mauvais augure, je pense qu'il faut garder un œil sur les projections de croissance, qui sont considérées comme acquises. Des ajustements baissiers même relativement modestes, pourraient changer l'ambiance, d'autant plus facilement que les prévisions macroéconomiques sont toujours baignées d'euphorie. D'où pourraient provenir les ajustements ? De la situation en Inde par exemple, dont la déroute sanitaire va nécessairement peser sur les projections de croissance. Des vraies-fausses réouvertures, peut-être. Hier au Royaume-Uni, le plus gros pourvoyeur de touristes britanniques aux plages méditerranéennes, On the Beach, a annoncé qu'il annulait ses offres estivales, à cause des règles prudentielles de quarantaine imposées par le gouvernement de Boris Johnson pour éviter une nouvelle propagation du virus à la rentrée de septembre dans le pays. Ou du marché du crédit chinois, qui freine apparemment à vitesse grand V, à en croire les économistes qui suivent le pays. A priori, ces défis n'ont pas l'air structurels mais ils pourraient façonner le second semestre 2021, au même titre que les palabres sur l'inflation et ses conséquences. Mais pensez à votre gestion du risque, même quand les marchés actions sont engagés dans un supercycle haussier.

Le CAC40 démarre la séance en hausse de 0,6% à 6327 points.

Les temps forts économiques du jour

Journée américaine avec les ventes de détail d'avril dès 14h30, puis à 15h15 la production industrielle et à 16h00 la doublette indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan de mai et stocks d'entreprises de mars.

L'euro se stabilise à 1,2081 USD, pendant que l'once d'or stagne à 1812 USD. Le pétrole recule à nouveau, à 66,70 USD le baril de Brent et à 63,57 USD le baril WTI. Le rendement de l'obligation d'État américaine à 10 ans recule à 1,65 %. Le Bitcoin se négocie 49 500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ALD : Citigroup relève son objectif de cours de 14 à 15 EUR.
  • Burberry : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 2050 à 2100 GBp.
  • Compass : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 1430 à 1440 GBp.
  • CRH : Goldman Sachs reste vendeur avec un objectif de cours relevé de 34 à 36 EUR.
  • Danone : Goldman Sachs passe de neutre à vendre avec un objectif de cours de 53 EUR.
  • KBC Groupe : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 76,30 à 78,50 EUR.
  • Kojamo : DNB Markets passe d'acheter à conserver en visant 19 EUR.
  • KONE : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours réduit de 68 à 65 EUR.
  • LVMH : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 660 à 700 EUR.
  • Sensirion : Stifel démarre le suivi à l'achat en visant 73 CHF.
  • Spirax : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 11 400 GBp.
  • Unibail : RBC reste neutre en visant 75 EUR.

En France

Annonces importantes

  • Veolia et Suez doivent signer, aujourd'hui, leur accord de rapprochement.
  • Washington est toujours favorable à une solution négociée en ce qui concerne le contentieux commercial entre Airbus et The Boeing Company, en espérant une sortie de crise d'ici juillet.
  • La date-butoir pour les offres de rachat de M6 Métropole Television approche, TF1 serait toujours favori.
  • Eurofins lance des tests pour les jours 2 et 8, que la société dit compatible avec la politique touristique britannique pour la période estivale 2021.
  • Genomic Vision boucle le premier des trois volets de son accord de recherche avec Sanofi.
  • Tivoly et Genkyotex ont publié leurs résultats et/ou leurs prévisions.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Airbnb : le titre évolue dans le rouge hors séance après la publication des résultats, mais sans excès.
  • Atlantia : l'entreprise italienne spécialisée dans les concessions était déficitaire de 67 M€ au T1. Les résultats devraient toutefois supérieurs à ceux de 2020 cette année.
  • Coinbase : d'abord mal accueillis, les résultats du T1 n'ont pas l'air d'effrayer ni de faire vibrer les investisseurs, avec un titre qui grappille quelques points après la séance.
  • DoorDash : le titre gagne près de 8 % hors séance après avoir publié des résultats trimestriels convaincants.
  • Walt Disney : le titre perd quasiment 4 % hors séance après une déception sur les performances des services de streaming au T1.

Annonces importantes

  • Kansas City Southern adoube l'offre améliorée de Canadian National Railway, proposant 200 USD en numéraire et 1,129 actions CNR.
  • McDonald's, com : les groupes américains augmentent les salaires de leurs employés de base.
  • Tesla est en pourparlers avec la société chinoise EVE pour un accord d'approvisionnement en batteries à bas prix.
  • L'accord entre Fisker et Foxconn (Hon Hai Precision) pour un véhicule électrique inclut une usine aux États-Unis.
  • Binance sous le coup d'une enquête pour blanchiment aux États-Unis.
  • Reckitt Benckiser a présélectionné des prétendants, dont Bain Capital, Carlyle Group et Yili, pour son lait infantile en Chine.
  • State Street va payer une amende de 115 M$ pour avoir appliqué des frais excessifs à ses clients.
  • Aurora Cannabis va passer du NYSE au Nasdaq.
  • La livraison d'essence par le pipeline Colonial a repris aux Etats-Unis. La société révèle avoir payé 5 M$ aux hackers, soit 75 bitcoins.
  • Principales publications de résultats. The Charles Schwab, KDDI, Honda Motor, Sumitomo Mitsui, Knorr-Bremse, Toshiba, ArgenX, DiaSorin

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