* Le conflit, qui a commencé lundi, ne faiblit pas

* Plus de 2.800 roquettes tirées depuis Gaza vers Israël sur la semaine

* Le Conseil de sécurité de l'Onu s'est réuni dimanche

* Un conducteur palestinien abattu à Jérusalem après avoir foncé dans un barrage (Actualisé avec le conducteur palestinien tué à Jérusalem, déclarations de Joe Biden)

par Nidal al-Mughrabi et Jeffrey Heller

GAZA/JERUSALEM, 16 mai (Reuters) - Des frappes aériennes israéliennes ont tué 42 Palestiniens, dont 10 enfants, dans la bande de Gaza tôt dimanche, selon les autorités sanitaires, tandis que des combattants ont tiré des roquettes en direction d'Israël alors que les hostilités en sont à leur septième jour et ne montrent aucun signe d'apaisement.

L'armée israélienne a déclaré que les victimes civiles n'étaient pas intentionnelles, expliquant avoir attaqué un système de tunnel utilisé par les militants qui s'est effondré, entraînant dans sa chute plusieurs maisons.

Le Hamas, le mouvement islamiste palestinien qui contrôle la bande de Gaza, a qualifié l'attaque de "meurtre prémédité".

Alors que le Conseil de sécurité de l'Onu s'est réuni dimanche pour discuter des affrontements, les plus violents depuis 2014, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré que la campagne israélienne dans la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, se poursuivait "à pleine puissance".

Le dirigeant a aussi défendu la frappe qui a touché samedi un immeuble de Gaza abritant les médias internationaux Associated Press et Al Djazira. Dans cet immeuble se trouvait aussi le bureau des renseignements d'un groupe "terroriste" palestinien, a-t-il expliqué, estimant que c'était donc une cible "légitime".

La directrice de la rédaction d'AP, Sally Buzbee, a réclamé dimanche une enquête indépendante concernant la destruction de l'immeuble, indiquant que son organisation n'avait vu aucune preuve justifiant la frappe israélienne.

"Nous agissons maintenant, (et) aussi longtemps que nécessaire, pour rétablir le calme et la tranquillité pour vous, citoyens d'Israël. Cela prendra du temps", a dit Benjamin Netanyahou dans une allocution télévisée après une réunion de son cabinet de sécurité.

Le bilan dans la bande de Gaza atteint désormais 192 morts, dont 58 enfants, depuis que les violences ont repris lundi dernier. Israël a recensé 10 victimes, dont deux enfants, tués dans des tirs de roquette menés par le Hamas et d'autres groupes de combattants.

VICTIMES "NON INTENTIONNELLES"

Dans les maisons détruites lors de l'attaque israélienne dans un quartier de Gaza tôt dimanche, des Palestiniens s'efforçaient de dégager les décombres de l'un des bâtiments accidentés, récupérant les corps d'une femme et d'un homme.

"Ce sont des moments d'horreur que personne ne peut décrire. C'est comme si un tremblement de terre avait frappé la zone", a déclaré Mahmoud Hmaid, un père de sept enfants qui participait aux opérations de sauvetage.

L'armée israélienne a expliqué que ses avions avaient visé un système de tunnel du Hamas qui passait sous une route de la ville de Gaza.

"L'installation militaire souterraine s'est effondrée, entraînant l'effondrement des fondations des maisons civiles situées au-dessus, ce qui a fait des victimes non intentionnelles", a-t-elle déclaré dans un communiqué.

L'armée a ajouté qu'elle avait essayé d'éviter les victimes civiles mais a affirmé que le Hamas était responsable "d'avoir intentionnellement placé son infrastructure militaire sous des maisons civiles, exposant ainsi les civils au danger".

À Gaza, le porte-parole du Hamas, Hazem Qassem, a accusé Israël de tenter "de tromper l'opinion publique par ces mensonges dans le but de justifier le crime et d'échapper à sa responsabilité."

"Ce qui s'est passé ce matin est un meurtre prémédité", a déclaré à Reuters un autre responsable du Hamas, Sami Abou Zuhri, depuis Istanbul.

"Les images de ce qui s'est passé et de la scène prouvent que les bâtiments ont été directement visés, ce qui a provoqué leur effondrement."

AFFRONTEMENTS "ÉPOUVANTABLES"

A New York, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a déclaré au Conseil de sécurité de l'Onu que les affrontements en Israël et dans la bande de Gaza étaient "tout à fait épouvantables" et a appelé à un arrêt immédiat des violences.

Ce regain de violence est la conséquence d'affrontements entre Palestiniens et forces israéliennes autour de la mosquée Al Aqsa à Jérusalem, où les tensions ont été alimentées ces dernières semaines - qui correspondent au mois sacré musulman du ramadan - par le risque d'expulsion de plusieurs familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est.

C'est dans ce quartier que les forces israéliennes ont abattu dimanche un conducteur palestinien qui avait percuté un barrage de police avec sa voiture, blessant six agents.

Une vidéo obtenue par Reuters montre une voiture fonçant à grande vitesse sur le barrage routier. La police, qui a qualifié cette attaque de délibérée, a indiqué que les officiers avaient ouvert le feu, tuant le conducteur.

Selon l'armée israélienne, le Hamas ainsi que d'autres groupes militants ont tiré plus de 2.800 roquettes depuis Gaza lors de la semaine écoulée.

C'est plus de la moitié du nombre de roquettes tirées pendant 51 jours lors des affrontements qui se sont déroulés en 2014 entre le Hamas et Israël, a indiqué l'armée, et plus intense même que les bombardements du Hezbollah depuis le Liban pendant la guerre de 2006 entre Israël et le groupe chiite soutenu par l'Iran.

De nombreuses roquettes ont été interceptées par un système antimissile israélien tandis que d'autres sont tombées avant la frontière.

LA DIPLOMATIE IMPUISSANTE

Les efforts pour établir une trêve menés par l'Egypte, le Qatar et les Nations Unies n'ont jusqu'à présent donné aucune signe de progrès. Les Etats-Unis ont envoyé un émissaire dans la région et le président Joe Biden s'est entretenu samedi avec le Premier ministre israélien et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Les efforts de médiation sont compliqués par le fait que les Etats-Unis et la plupart des puissances occidentales ne discutent pas avec le Hamas qu'ils considèrent comme une organisation terroriste.

Les Etats-Unis ont déclaré dimanche au Conseil de sécurité des Nations unies qu'ils avaient fait clairement savoir à Israël, aux Palestiniens et autres parties qu'ils étaient prêts à offrir leur soutien "si les parties cherchaient un cessez-le-feu".

Dans une vidéo préenregistrée diffusée lors d'un événement marquant la fête musulmane de l'Aïd dimanche, le président Joe Biden a déclaré que son administration travaillait avec les Palestiniens et les Israéliens pour parvenir à une trêve durable.

"Mon administration va continuer à engager les Palestiniens et les Israéliens, ainsi que d'autres partenaires régionaux, à œuvrer pour un calme durable", déclare-t-il.

VOIR AUSSI:

Sous la douche ou dans les magasins, les Israéliens fuient les tirs de roquette

(Eli Berlizon à Ashkelon, Jeffrey Heller, Ari Rabinovitch, Dan Williams et Stephen Farrell à Jérusalem, Michelle Nichols à New York, Trevor Hunnicutt à Wilmington, avec le bureau de Washington, version française Gwénaëlle Barzic et Blandine Hénault)