Si l'on fait exception du marché britannique, toujours mû par son propre moteur interne, les places occidentales ont perdu du terrain hier. En France, le CAC40 a par exemple mis fin à trois séances de hausse en reculant de 0,22%. Une contraction fort modeste au regard des gains accumulés sur le début de semaine. Aux Etats-Unis en revanche, l'ambiance est restée assez morose puisque les trois principaux indices ont perdu plus de 1%. Les investisseurs essaient toujours de deviner à quelle hauteur et quand la banque centrale américaine inversera sa stratégie de relèvement des taux directeurs. Et force est de constater qu'ils ont bien du mal à se mettre d'accord. Il faut dire que la Fed leur savonne régulièrement la planche avec une communication à géométrie variable. Peut-être qu'elle le fait exprès après tout, ou qu'elle n'a foutrement aucune idée du moment où elle pourra relâcher la pression. Ou les deux à la fois.

Quoi qu'il en soit, les marchés américains font toujours preuve de prudence et sont dans l'hypersensibilité à chaque statistique macroéconomique un peu importante. Bis repetita cet après-midi avec les chiffres tous frais de l'emploi de décembre (14h30) et l'indice ISM de services (16h00). En Europe, place à l'inflation de décembre à 11h00 ce matin. Les bourses européennes bénéficient d'un surcroît de vigueur depuis quelques jours et la publication de hausses de prix plus modérées que prévu en Allemagne et en France. La chute du prix du gaz n'y est pas étrangère non plus.

J'enchaîne pour terminer la semaine sur une courte anecdote personnelle en lien avec l'économie. Il faut savoir que la vie d'élu local mineur, ce qui est mon cas, est parsemée d'un nombre de réunions et de cérémonies tout à fait excessif, qui feraient passer la légendaire réunion d'équipe du lundi de Zonebourse pour un aimable divertissement. Il y a quelques jours, lors de l'une de ces petites sauteries, je fus entrepris par un ancien colistier qui avait manifestement démarré par le verre de l'amitié avant tout le monde, sans doute pour éviter quelque empoisonnement aux autres convives. "Anthony", me dit-il, démontrant qu'il avait encore suffisamment de discernement pour me reconnaître, "comment ça se fait que dans l'économie, ça se passe jamais comme prévu ?"

Ouch, vous reconnaîtrez que c'était une sacrée question, surtout quand on n'a pas plusieurs semaines à consacrer à la réponse et que l'interlocuteur est déjà un peu éprouvé. J'aurais pu lui répondre "c'est l'économie, crétin", à l'image de James Carville, mais ça aurait fait un peu rustre. En réalité, la réponse est assez simple : la modélisation économique fonctionne généralement quand les hypothèses de base sont respectées. Dès que les interactions se complexifient, tout devient nettement moins linéaire. Et force est de constater que dans nos économies modernes, la somme des entrées à prendre en considération va crescendo. Comme se plaisent à le rappeler quelques vieux roublards des marchés, les théories économiques fonctionnent jusqu'à ce qu'elles cessent de fonctionner.

Ça m'a fait penser à un papier publié lundi par Joachim Klement, un économiste de marché de Liberum que je cite régulièrement dans ces colonnes. Il y explique que la plupart des savoirs qu'il a accumulés pendant ses études financières ne lui servent pas à grand-chose dans la vie réelle et qu'il fonde généralement ses commentaires sur les observations empiriques. Il souligne que l'investissement et l'économie sont des systèmes sociaux qui font interagir des milliards de personnes qui disposent chacune d'informations, d'incitations, de préjugés et d'humeurs différents. Qu'est-ce que cela veut dire ? Qu'il y a systématiquement des effets de second, troisième et quatrième tour, qui sont par essence difficiles à deviner. Ainsi l'inattendu est la norme et il faut savoir remettre en cause régulièrement ses convictions en observant le réel. Ce pourrait être une sorte de bonne résolution 2022 et c'est probablement ce que j'aurais dû expliquer à mon interlocuteur. Au lieu de cela, dans un élan de lâcheté crasse, j'ai préféré lui répondre "On dirait que le discours va commencer, on reprendra cette conversation plus tard. Je te ressers un verre de vin blanc ?".

Pour en revenir à des considérations plus terre à terre, l'actualité financière de la fin de semaine est dominée par un avertissement de Samsung Electronics sur ses résultats. Le Coréen a prévenu que ses résultats sont bien moins bons que prévu à cause d'une consommation décevante en fin d'année, mais ça n'a pas l'air de beaucoup contrarier les investisseurs. En Europe, Sodexo a publié ses résultats trimestriels et Standard Chartered a été courtisé par First Abu Dhabi Bank, qui a renoncé à se lancer dans un rachat. Dans un autre registre, Vladimir Poutine a annoncé un cessez-le-feu en Ukraine les 6 et 7 janvier à l’occasion du Noël orthodoxe. Et avec la nouvelle année, c'est l'heure des comptes pour de nouveaux acteurs des cryptomonnaies, avec une hémorragie de dépôts chez Silvergate Capital (-42% à Wall Street hier) et les rumeurs de faillite potentielle de Genesis propagées par le Wall Street Journal. Plusieurs marchés sont fermés aujourd'hui pour l'épiphanie : la Suède, la Finlande et la Grèce notamment.

Malgré Samsung, la semaine se termine en hausse au Japon et en Australie (+0,6%). C'est plus mitigé en Chine avec un CSI300 en progression de 0,3% et un Hang Seng en baisse de 0,2%. Les indicateurs avancés européens pointent vers le haut. Le CAC40 gagnait 0,3% à 6781 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Eurostat publiera la première estimation de l'inflation de décembre en zone euro à 11h00. Aux Etats-Unis, ce sont les données mensuelles sur l'emploi qui susciteront le plus d'intérêt (14h30), devant l'indice ISM des services (16h00) et les commandes d'usines (16h00 itou). Tout l'agenda ici.

L'euro recule à 1,051 USD. L'once d'or repique du nez à 1836 USD. Le pétrole reprend un peu de terrain, avec un Brent de Mer du Nord à 79,25 USD le baril et un brut léger américain WTI à 74,22 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans se maintient à 3,72%. Le bitcoin se négocie vers 16 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Bayer : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 62 EUR.
  • Corre Energy : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 3,65 EUR.
  • Danone : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 48 EUR.
  • Diageo : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération ligne en visant 3900 GBp.
  • DKSH : Exane BNP Paribas démarre le suivi à neutre en visant 73 CHF.
  • EasyJet : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 450 GBp.
  • Equinor : DNB Markets se passe de conserver à acheter en visant 380 NOK.
  • Glanbia : Morgan Stanley reprend le suivi à pondération ligne en visant 13 EUR.
  • Heineken : Morgan Stanley passe de pondération ligne à surpondérer en visant 103 EUR.
  • Merck KGaA : Morgan Stanley passe de pondération ligne à surpondérer en visant 230 EUR.
  • MorphoSys : Morgan Stanley passe de pondération ligne à souspondérer en visant 12,50 EUR.
  • Neoen : Société Générale reprend le suivi à conserver en visant 38,43 EUR.
  • Nestlé : Morgan Stanley passe de pondération ligne à surpondérer en visant 122 CHF.
  • Novartis : Morgan Stanley passe de pondération ligne à souspondérer en visant 88 CHF.
  • Pagegroup : Exane BNP Paribas démarre le suivi à neutre en visant 505 GBp.
  • Robert Walters : Exane BNP Paribas démarre le suivi à surperformance en visant 800 GBp.
  • Royal Unibrew : Morgan Stanley démarre le suivi à souspondérer en visant 500 DKK.
  • Safran : Bernstein passe de performance de marché à surperformance.
  • Sika : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 284 à 271 CHF.
  • Standard Chartered : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 991 à 950 GBp.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Airbus aurait livré 663 appareils au cours de l'exercice 2022, selon Reuters. Le groupe avait déjà averti qu'il n'atteindrait pas l'objectif de 700 livraisons.
  • Stellantis dévoile un prototype de pick-up électrique RAM. Le groupe a aussi prévu de créer une unité dédiée aux données. Il a aussi laissé entendre qu'il lui faudra sans doute restructurer davantage pour absorber le coût lié à l'électrification.
  • Publicis s'offre Yieldify.
  • Engie émet 2,75 Mds€ d'obligations "vertes".
  • Vinci Energies rachète le norvégien Otera AS.
  • Sodexo confirme ses objectifs 2022-2023, après la publication de son T1 fiscal (l'exercice a démarré en septembre).
  • Elogen (Gaztransport & Technigaz) fournira à Enertag un électrolyseur PEM d'une puissance de 10 MW.
  • Transgene reçoit l’autorisation de lancer un essai de Phase I avec TG6050 en France.
  • Olivier Le Cornec, le directeur R&D de Navya, prendra en sus la présidence du directoire après le départ de Sophie Desormière.
  • Le profil de tolérance et de sécurité est bon pour Theranexus dans le cadre de l'essai de phase I/II dans la CLN3.
  • Le transfert effectif des actions Hexaom sur le marché Euronext Growth Paris aura lieu le 9 janvier 2023.
  • La direction de Boostheat fait une communication honnête en amont de sa reprise de cotation.
  • Osmozis a publié ses comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Samsung Electronics s'attend à un bénéfice d'exploitation en baisse de 69% sur un an au T4 à cause de la baisse de la demande globale pour les produits électroniques.
  • First Abu Dhabi Bank a confirmé hier qu'elle avait envisagé une offre pour Standard Chartered, mais qu'elle a renoncé.
  • "Avatar 2" (Walt Disney) a dépassé Top Gun comme film le plus vu de 2022.
  • Shell paiera 2 Mds$ d'impôts exceptionnels dans l'UE et au Royaume-Uni au quatrième trimestre.
  • Tesla réduit le prix des Model 3 et Model Y en Chine.
  • L'action Silvergate Capital s'effondre de 40% après la fonte d'une partie de ses dépôts en cryptomonnaies.
  • Southwest Airlines va réviser en baisse ses objectifs après le chaos aérien récent.
  • Mercedes va lancer un réseau de recharge de véhicules, en commençant par l'Amérique du Nord.
  • Un fan de Tesla a déposé une marque de bateau et de jet à l'insu de la société.
  • La FDA accorde un examen prioritaire au glofitamab de Roche.
  • Dermapharm ne s'attend qu'à atteindre la fourchette basse de ses prévisions.
  • TGS lance l'acquisition forcée de la participation restante dans Magseis Fairfield.
  • Mastercard et Iberdrola détachent leurs dividendes.
  • Principales publications du jour : SodexoTout l'agenda ici.

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