KABUL (Reuters) - A l'issue d'un vaste rassemblement organisé par les taliban à Kabul en Afghanistan, des milliers de leaders religieux et ethniques ont demandé samedi à la communauté internationale de reconnaître officiellement leur administration, sans toutefois changer de cap en matière de droit des femmes.

Le pays a sombré dans une crise économique en août dernier, lorsque les taliban se sont emparés du pouvoir et que les pays occidentaux ont mis en place des sanctions financières pour les amener à respecter les droits de l'Homme.

"Nous demandons aux pays internationaux, en particulier aux pays islamiques, de reconnaître l'Émirat islamique d'Afghanistan, de lever toutes les sanctions, de dégeler les fonds (de la banque centrale) et de soutenir le développement de l'Afghanistan", ont déclaré les quelque 4.000 participants au rassemblement dans un communiqué, alors qu'aucun pays n'a pour l'instant reconnu le gouvernement mis en place par les taliban.

En mars, ces derniers sont revenus sur l'annonce de la réouverture des lycées pour filles, déclarant qu'ils resteraient fermés jusqu'à ce qu'un plan soit élaboré conformément à la loi islamique. Ce volte-face a laissé des élèves en larmes et a suscité la condamnation d'organisations humanitaires, de groupes de défense des droits et de diplomates.

Dans les discours diffusés par la télévision d'État, un petit nombre de participants ont évoqué l'éducation des femmes. Le vice-chef et ministre de l'Intérieur des taliban, Sirajuddin Haqqani, a déclaré que ces questions prendraient du temps.

Le chef suprême des taliban, Haibatullah Akhundzada, qui a fait une apparition à Kabul pour le rassemblement, a néanmoins fait savoir que les étrangers n'avaient pas à donner d'ordres.

Les leaders religieux ont par ailleurs ajouté dans le communiqué que la défense de l'Émirat islamique était primordiale et que le groupe terroriste État islamique (EI), qui a dit être à l'origine de plusieurs attentats dans le pays, était illégale.

(Reportage de Mohammad Yunus Yawar, version française Caroline Pailliez)

par Mohammad Yunus Yawar