Les marchés actions se sont donc redressés hier, après une séance de mardi compliquée. En Europe, les gains ont avoisiné 1% pour le STOXX Europe 600, mais quelques disparités sont apparues entre les indices défensifs comme le SMI en Suisse (+0,08%) et les indices à plus fort effet de levier comme le CAC40 en France (+1,59%). Aux Etats-Unis, les pertes de la veille ont été gommées par une remontée de 1,7 à 1,8% des trois principaux indices. Depuis le 1er janvier, le STOXX Europe 600 a perdu 8,5% et le S&P500 quasiment 8%.

Le moral des investisseurs s'est amélioré à l'annonce de possibles pourparlers de cessez-le-feu en Ukraine. Les belligérants se rencontrent en effet à nouveau aujourd'hui pour tenter de trouver une issue. Mais pendant ce temps, les combats font toujours rage et les grandes villes ukrainiennes sont bombardées. Pour autant, Vladimir Poutine a l'air de chercher une porte de sortie qui à défaut d'être honorable serait acceptable. Un commentaire à prendre avec des pincettes évidemment, puisque le dirigeant russe a prouvé à maintes reprises par le passé qu'il est tout sauf prévisible.

En attendant, les mesures de rétorsion ont continué à pleuvoir sur l'économie russe, qui subit un contrecoup brutal aux conséquences parfois fatales, comme pour les activités européennes des banques Sberbank et VTB. Parmi les nouvelles liées aux sanctions, on peut évoquer la réflexion engagée par les Européens pour limiter le recours de la Russie aux cryptomonnaies (on se demande un peu comment) ou l'exclusion des actions russes des indices FTSE Russell ou MSCI émergents. J'y ajoute un dommage annexe. Et je ne parle pas de la tentative de l'inénarrable Crédit Suisse de faire disparaître des documents confiés à des investisseurs sur le système de prêts mis en place par la banque aux oligarques russes. Non. Mais de la chute du prix du permis carbone, qui a plongé à 68 EUR, soit une baisse de 28% depuis les pics touchés il y a dix jours à 95 EUR. Le droit à polluer est moins cher mais les raisons du décrochage ne sont pas évidentes, même pour les spécialistes de l'ESG qui ont écrit sur le sujet.

L'autre facteur qui a contribué à rassurer les investisseurs, on ne voit d'ailleurs pas trop pourquoi au final, c'est l'audition du patron de la Fed Jerome Powell hier par les parlementaires américains. Le banquier central a décidé de dérouler le scénario d'un cycle de hausse de taux pour contrer l'inflation, qui est logiquement la préoccupation première de la Fed. Toutefois, Powell a reconnu que le conflit russo-ukrainien accroît l'incertitude et qu'il peut constituer un "game changer", un facteur de changement brutal en bon français, pour les perspectives économiques. Les bookmakers de la politique monétaire y ont vu le signe qu'il n'y aura pas de hausse de taux directeurs de 50 points de base le 16 mars, mais plutôt une hausse de 25 points. Powell a même laissé entendre que ce tour de vis a minima avait sa préférence, non sans insister sur le fait que la Fed restait ouverte à un effort supérieur si les signaux inflationnistes demeuraient trop inquiétants. On reste donc sur un discours d'adaptation aux circonstances, même si l'outil FedWatch du CME dont je parle parfois ici montre que les intervenants sont quasi-unanimes à anticiper une hausse limitée à 25 points le 16 mars. Mais comme nous l'avons appris, ou redécouvert, tout récemment, les choses peuvent changer très vite et ce qui paraissait inconcevable la veille se transforme en réalité du lendemain, comme l'a écrit hier dans un très bel article ma consoeur Anne Applebaum dans The Atlantic.

Les marchés actions évoluent au gré des annonces selon un schéma vu et revu quand les investisseurs perdent le contrôle de la narration à cause d'un événement imprévisible ou imprévu. La tendance est plutôt à l'optimisme ce matin, puisque les promesses de l'aube tendent vers des discussions entre les émissaires de Moscou et de Kyiv. Est-ce que tout va redevenir comme avant en cas de cessez-le-feu entre les deux factions ? Il y a fort à parier que non, parce que ce qui a été brisé entre la Russie et le reste de l'Europe mettra du temps à se reconstruire et que les dirigeants occidentaux ont pris conscience des nouveaux enjeux du monde. Par conséquent, la prudence s'impose toujours car les remous géopolitiques ont des conséquences économiques directes. Il suffit de regarder un graphique d'évolution du prix des matières premières pour s'en persuader.

En Asie, les indices ont poursuivi leur rebond ce matin, hormis en Chine continentale où le CSI300 perd un peu de terrain. Les indicateurs avancés européens sont hésitants. Le CAC40 a ouvert en hausse de 0,07% à 6502 points.

Les temps forts économiques du jour

Les indices PMI des services finaux pour le mois de février seront égrenés tout au long de la journée. Il y aura aussi l'emploi dans la zone euro en janvier (11h00) et plusieurs indicateurs aux Etats-Unis : étude Challenger sur les licenciements (13h30), inscriptions hebdomadaire au chômage, coût de la main d'œuvre (14h30) puis commandes de biens durables et ISM des services (16h00).

L'euro recule à 1,11028 USD, pendant que l'once d'or consolide à 1923 USD. La flambée du pétrole continue : le Brent est à 116,88 USD et le WTI à 114,24 USD. La dette américaine est rémunérée 1,85% (vs. 1,74% la veille) sur 10 ans et le Bund remonte à 0,02% (-0,08% la veille). Le bitcoin recule à 43 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Bayer : Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 68 à 74 EUR.
  • BioMérieux : Midcap Partners reste à l'achat avec un objectif réduit de 141,50 à 134 EUR.
  • Cegedim : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 34 EUR.
  • Commerzbank : Berenberg reste à conserver avec un objectif relevé de 5,60 à 7 EUR.
  • Entra : Goldman Sachs démarre le suivi à neutre en visant 180 NOK.
  • Hapag-Lloyd : Oddo BHF démarre le suivi à neutre en visant 280 EUR.
  • Hikma : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 2300 GBp.
  • Interparfums : Midcap Partners reste à l'achat avec un objectif relevé de 77 à 78 EUR.
  • Neste : Inderes passe de conserver à acheter en visant 44 EUR.
  • Nokian Renkaat : Handelsbanken passe d'acheter à conserver en visant 16 EUR.
  • Polymetal : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 1000 à 500 GBp.
  • Recticel : Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 20,50 à 22 EUR.
  • Royal Unibrew : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 931 à 845 DKK.
  • SGS : UBS reste neutre avec un objectif réduit de 99 à 96 CHF.
  • Shurgard : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 62 EUR.
  • Tecan : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 655 à 551 CHF.
  • UCB : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 120 EUR.

En France

Principales publications de résultats

  • Thales : la marge d'Ebit atteindra au moins 10,8% cette année, pour une croissance organique de 2 à 6%. Un dividende de 2,56 EUR est proposé.
  • Technip Energies : les résultats 2021 sont en vive hausse. Le groupe renonce à travailler sur de nouvelles opportunités en Russie, alors que 23% du carnet de commandes repose sur le pays. Le management estime l'impact financier potentiel "contenu".

Annonces importantes (et moins importantes)

  • L'exposition de la Société Générale à la Russie atteint 18,6 Mds€, soit 1,7% de ses encours et 2,7% de son bénéfice net. Le groupe s'estime en mesure d'absorber un événement extrême sans remettre en cause son dividende.
  • Engie affiche un risque de crédit évalué à 987 M€ sur Nord Stream 2.
  • Trois ONG assignent TotalEnergies en justice pour pratique commerciale trompeuse. Dans le même temps, le groupe investit "dans la gestion forestière responsable en Asie du Sud-Est".
  • Gecina signe deux baux à Boulogne-Billancourt et Neuilly.
  • Vallourec signe un contrat avec OneSubsea pour la fourniture de risers d'intervention sur le champ Bacalhau d'Equinor au Brésil.
  • Imerys boucle la vente de certains actifs dans le kaolin en Amérique du Nord.
  • Décès de Jean-Pierre Pernod, ex-présentateur vedette de TF1.
  • Deinove se réjouit d'avoir bénéficié du programme AGIR.
  • Drone Volt acquiert le danois Viking Drone.
  • Agrogénération pourrait avoir à reporter la publication de ses comptes à cause de la crise en Ukraine.
  • Néovacs investit dans le tri et dans des biotechs.
  • Une offre de rachat volontaire à 1,22 EUR lancée par Cecurity.
  • Global Bioenergies, CGG, SergeFerrari, DBV Technologies ont publié leurs comptes et / ou leurs prévisions.

Dans le monde

Publications de résultats

  • Deutsche Lufthansa : la perte d'exploitation annuelle de 2,3 Mds€ est en ligne avec les attentes et inférieure à celle de l'année précédente (5,5 Mds€).
  • Logitech : les objectifs de l'exercice clos fin mars sont confirmés. Sur le prochain exercice, la croissance devrait atteindre 5% et l'Ebit 900 à 950 M€.
  • Merck KGaA : l'EBITDA 2021 a progressé à 6,1 Mds€, en ligne avec les prévisions des analystes. Les bénéfices vont continuer à croître fortement cette année.

Annonces importantes (et autres)

  • La fédération professionnelle allemande de l'automobile VDA a déclaré que le secteur allait être durement affecté en matière d'approvisionnement en composants et matériaux par la guerre en Ukraine.
  • Le Crédit Suisse a demandé à des investisseurs de détruire les documents liés aux prêts accordés aux oligarques russes pour financer yachts et jets, révèle le Financial Times.
  • La seconde banque russe, la VTB Bank, pourrait fermer sa filiale en Europe, comme Sberbank.
  • Apple devrait présenter un nouvel iPhone moins cher le 8 mars.
  • Google et la presse quotidienne française signent un accord sur les droits voisins.
  • Amazon va fermer ses librairies et d'autres boutiques mais renforce ses magasins alimentaires.
  • Le FTSE Russell va radier la Russie de ses indices.
  • Telecom Italia va se scinder en deux.
  • Roche collabore à un programme de prévention de la maladie d'Alzheimer.
  • Le MSCI va retirer la Russie de son statut de marché émergent.
  • Asos suspend ses ventes en Russie.
  • Severstal cesse d'exporter son acier vers l'Europe.
  • Evraz et Polymetal quittent le FTSE100, remplacés par Endeavour Mining et Howden.
  • Array Technologies repousse le dépôt de son rapport annuel.
  • Elliott lorgnerait le contrôle de Mercury Systems.
  • Le grossiste allemand Metro toujours actif en Russie et en Ukraine.
  • Le milliardaire russe Roman Abramovitch va vendre le Chelsea Football Club et faire don du produit net de la vente aux victimes de la guerre en Ukraine.
  • Les principales publications du jour : Broadcom, Costco Wholesale, Merck KGaA, Marvell, Universal Music Group, CRH, Thales, Best Buy, Fortum, EvonikTout l'agenda ici.

Lectures