La séance boursière de la veille était curieuse dans le sens où elle a un peu cassé les codes récents, qui avaient créé une sorte de vase communicant entre les valeurs technologiques et les actions décotées : quand les unes baissaient, les autres montaient et vice-versa. Hier, la frontière était beaucoup plus floue à Wall Street, où les indices ont globalement perdu du terrain. En Europe, le vert a dominé. La montée en puissance de la vaccination a l'air de prendre le dessus sur tout le reste et les actualités positives s'empilent, couvrant les autres "bruits" du moment : Merck qui aide Johnson & Johnson à produire son vaccin, Biden qui annonce que tous les Américains auront accès à une dose d'ici le 31 mai, des voix qui s'élèvent au Royaume-Uni pour demander une réouverture sociétale plus rapide que prévu, l'Agence européenne du médicament qui serait prête à adopter une procédure d'urgence pour les nouveaux vaccins, etc. Les anglosaxons sont en mesure de fixer des dates précises. On se prend même à rêver que l'Europe continentale retrouve un semblant d'efficacité en la matière. C'est le sens de l'histoire du moment avec un grand "H", par opposition à la petite histoire qui suit.

Tout le monde adore les récits de bagarre boursière, surtout quand elles opposent des puissants à des petits. La plupart du temps, c'est parce qu'elles nous renvoient à un concept vieux comme le monde, la lutte du bien contre le mal. Avec dans le rôle du méchant le fonds spéculatif, le PDG, le vendeur à découvert ou l'establishment financier à défaut de cible plus précise. Et dans celui du gentil le petit porteur, le lanceur d'alerte ou toute personne ne faisant pas partie du camp adverse. Ajoutons à cela l'ingrédient essentiel : l'argent, après lequel tout le monde court.

Cette vision binaire est bien sûr totalement fausse : en réalité, c'est d'être dans le camp des gagnants ou des perdants qui fait la différence. Illustration avec Hertz, la mère de toutes les affaires de délire boursier de l'année écoulée. Je vous rappelle que le loueur américain a fait faillite au printemps dernier, emporté par le poids de sa dette au plus fort de l'épidémie de coronavirus. Un courant de sympathie pour sauver le monument en péril s'était alors propagé chez les néo-investisseurs chaperonnés par des traders plus expérimentés, aboutissant à une flambée inédite de l'action Hertz, dans une phase où elle aurait naturellement dû piquer du nez. La procédure des faillites américaine a beau être plus protectrice que notre bon vieux redressement judiciaire, il ne faut pas exagérer. Flairant une opportunité qui ne se reproduirait pas deux fois, le management de Hertz avait même tenté de lancer une grosse augmentation de capital. Mais le régulateur avait mis son holà, dans un souci de protection des investisseurs novices.

L'épilogue de cette affaire date d'hier. La bonne nouvelle, c'est que Hertz ne mourra pas et que l'entreprise réorganisée vaut 5 milliards de dollars. La mauvaise, c'est que les actionnaires n'auront probablement rien. L'affaire a été réglée entre créanciers, notamment les fonds spécialisés qui ont acquis à vil prix la dette du groupe et qui vont lui offrir l'occasion de se redresser, moyennant des généreuses rémunérations. Les créanciers de premier et de second rang rafleront la mise, tandis que les porteurs de dette moins bien placés et les actionnaires se retrouveront avec le bec dans l'eau.

En réalité, beaucoup de restructurations financières consécutives à des faillites se déroulent ainsi. Les créanciers les mieux placés sont désintéressés en premier, c'est logique. Quand l'activité leur semble viable, ils négocient la poursuite de leur soutien à leurs conditions, en écartant les autres bailleurs de fonds. L'histoire devient moins belle et se transforme en déjà-vu. Les néo-investisseurs n'ont pas forcément tout perdu : entre la date de la faillite et aujourd'hui, il y a eu des hauts et des bas, donc des occasions pour les "day-traders" de rentrer et de sortir. Mais le fait est que l'action avait dépassé 6 USD en juin et qu'elle a coulé hier à moins de 1,20 USD. Il n'y a plus de gentils et de méchants. Juste des gagnants et des perdants.

Le CAC40 gagne 0,68% à 5850 points peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

Suite des indicateurs PMI finaux de février avec les PMI des services, tout au long de la journée. Aux Etats-Unis, l'étude APD sur l'emploi (14h15) et l'ISM des services (16h00) précéderont les stocks pétroliers (16h30). L'Australie a annoncé ce matin que sa croissance du T4 avait atteint 3,1 % par rapport au T3, plus que prévu (2,5%).

La paire euro / dollar évolue à 1,2085. L'once d'or est légèrement remontée à 1785 USD. Le pétrole gomme sa contraction de la veille, à 62,96 USD le Brent et à 59,91 USD le WTI. Le 10 ans américain affiche un rendement de 1,41 %. Le Bitcoin reprend 2 % à 49 322 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Acerinox : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 11 à 12,40 EUR.
  • Asos : Panmure Gordon reprend le suivi à conserver en visant 4900 GBp.
  • Compagnie Financière Richemont : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 105 CHF.
  • Davide Campari : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 10,90 à 10,10 EUR.
  • Dixons Carphone : Morgan Stanley reprend le suivi à surpondérer en visant 180 GBp.
  • Euronext : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 124 à 118 EUR.
  • Europcar : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 0,27 EUR.
  • Fastned : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 80 à 91 EUR.
  • Fresnillo : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1 375 à 1300 GBp.
  • Flutter : RBC reste neutre avec un objectif de cours relevé de 15 000 à 15 700 GBp.
  • Global Fashion Group : Baader Helvea reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 15 à 18 EUR.
  • Groupe ADP : AlphaValue reste à alléger avec un objectif de cours réduit de 106 à 93,40 EUR.
  • Halfords : Panmure Gordon reprend le suivi à l'achat en visant 450 GBp.
  • Hermès : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 755 EUR.
  • Hugo Boss : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 26,70 à 29,60 EUR.
  • Julius Bär : HSBC passe de conserver à acheter en visant 66 CHF.
  • Norsk Hydro : AlphaValue passe d'alléger à accumuler en visant 55,50 NOK.
  • Pennon : Société Générale reprend le suivi à l'achat en visant 1060 GBp.
  • Pets at Home : Panmure Gordon reprend le suivi à conserver en visant 345 GBp.
  • Safran : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 145 à 144 EUR. Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 120 EUR.
  • Sage : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 575 GBp.
  • Saipem : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 1,50 à 1,20 EUR.
  • Severn Trent : Société Générale reprend le suivi à conserver en visant 2380 GBp.
  • Stadler Rail : J.P. Morgan démarre le suivi à neutre en visant 46 CHF.
  • Ubisoft : Citigroup passe de neutre à achat en visant 90 EUR.
  • Valora : Research Partners passe de conserver à acheter.
  • Wizz Air : HSBC passe de conserver à alléger en visant 4400 GBp.

L’actualité des sociétés

En France

Résultats des sociétés

  • Stellantis : le constructeur annonce une marge opérationnelle courant de 7,1% pour PSA et une marge d'EBIT ajusté de 4,3% pour Fiat Chrysler. La marge opérationnelle courante de la nouvelle entité devrait se situer entre 5,5% et 7,5%.

Annonces importantes

  • Le fonds Bluebell critique le maintien d'Emmanuel Faber à la présidence de Danone.
  • Schneider prend 30% d'Uplight sur la base d'une valorisation de 1,2 Md€.
  • Orange pourrait aller jusqu'à céder les rênes de sa filiale bancaire.
  • Air Liquide renforce ses capacités de production d'azote et d'hydrogène au Kazakhstan.
  • Suez va optimiser le réseau d'eau potable à Panama.
  • Les droits TV du Top 14 de rugby attribués à Canal+ (Vivendi) pour 113 M€ par saison à partir de 2023.
  • Saint-Gobain a pris le contrôle de l'allemand Brüggemann, spécialiste des solutions préfabriquées à base de bois.
  • CNP Assurances va s'associer à UniCredit dans l'assurance-vie en Italie.
  • Lumibird va racheter l'activité télémètres laser de défense du groupe Saab.
  • Gecina commercialise plus de 4 000 m² à Neuilly-sur-Seine.
  • Akka s'associe à la startup grenobloise Sylfen.
  • Groupe Guillin négocie l'acquisition du groupe gault & fremont.
  • Stentys désigne un mandataire ad hoc en vue de son assemblée générale du 23 mars.
  • Nanobiotix publie des données précliniques positives sur NBTXR3 en combinaison en oncologie.
  • DBT et Patrimoine et Commerce ont publié leurs comptes et/ou leurs prévisions.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Hewlett Packard Enterprise : les perspectives de résultats ont été relevées.
  • Kuehne + Nagel : les résultats 2020 sont légèrement supérieurs aux attentes. Un dividende de 4,50 CHF sera proposé. Le management ne formule pas de prévisions chiffrées pour cette année, mais se déclare optimiste pour l'activité.
  • Lyft : les résultats du T4 sont un peu meilleurs que prévu. Le titre ne réagit guère post-séance.
  • Shop Apotheke : le groupe a atteint la rentabilité au niveau de l'Ebitda en 2020 avec une marge de 2,2%. La croissance 2021 devrait atteindre 20% au moins et la marge d'Ebitda se situer entre 2,3 et 2,8%.

Annonces importantes

  • Intel condamné à 2,2 Mds$ d'amende pour violation de brevets.
  • Target prévoit de dépenser 4 Mds$ par an pour accélérer ses livraisons.
  • Merck va aider Johnson & Johnson à produire son vaccin anti-Covid.
  • Simon Thompson, le président de Rio Tinto, ne cherchera pas à être reconduit en 2022.
  • Uber se sépare des robots de livraison de Postmates.
  • Ricoh va racheter 20% de ses propres actions pour 100 MdsJPY.
  • GAM Holding va initier la liquidation ordonnée du fonds GAM Greensill Supply Chain Finance.
  • Greensill négocie sa cession à Apollo.
  • Epic Games rachète le développeur Tonic Games.
  • Instacart valorisé à 39 Mds$ lors d'un nouveau tour de table.

Ça publie aujourd'hui. Snowflake, Prudential Plc, Vivendi, Okta, Kuehne + Nagel, Stellantis, Persimmon, Jeronimo Martins, Polymetal, Amplifon, Vifor, Vilmorin, Neurones

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