Rome (awp/afp) - Les tensions sur la dette italienne, qui inquiètent les marchés, ne présentent pas de risque de contagion, a déclaré vendredi à Rome le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.

Interrogé sur ce risque, alors que le spread, l'écart très surveillé entre les taux d'intérêt allemand et italien, s'est envolé, M. Moscovici a répondu par la négative.

Mais, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse, "tout cela signifie qu'on attend de l'Italie qu'elle soit un pays totalement engagé dans la zone euro". Interrogé sur les craintes exprimées par certains analystes d'un "italexit", une sortie de l'Italie de la zone euro, M. Moscovici a jugé que celle-ci n'aurait "pas de sens".

"Ne parlons pas de ce qui risque de démanteler la zone euro", a-t-il affirmé.

Le commissaire européen s'exprimait à l'issue d'une visite de deux jours à Rome au cours de laquelle il a remis une lettre au ministre italien des Finances Giovanni Tria, demandant des "explications" après l'annonce d'un projet de budget jugé "hors des clous" européens.

M. Moscovici a réitéré qu'il attendait des réponses de la part de M. Tria "avant lundi midi".

"Les choses sont claires, nous ne sommes pas venus pour annoncer une décision, ou donner des leçons", a insisté le commissaire, soulignant que l'Italie devait répondre aux préoccupations de la Commission mais aussi à celles exprimées par les pays européens "liés à l'Italie par l'euro".

Ces questions, a-t-il rappelé, portent sur le niveau du déficit, essentiellement structurel, sur l'endettement global et sur la capacité à soutenir la croissance.

"On a bien noté l'engagement de M. Tria pour relancer la croissance et réduire la dette, ce sont des objectifs que nous partageons", a encore dit M. Moscovici.

Le projet de budget italien pour 2019 prévoit un déficit à 2,4% du Produit intérieur brut (PIB), très éloigné des 0,8% promis par le précédent gouvernement de centre gauche.

Le dérapage italien est "sans précédent dans l'histoire du Pacte de stabilité et de croissance", a écrit la Commission dans un courrier où elle demande à l'Italie de lui présenter ses observations avant "le lundi 22 octobre à midi".

Bruxelles pointe un risque de "non-conformité grave" avec les règles européennes, qui pourrait l'amener à rejeter ce budget, ce qui ne s'est encore jamais produit dans l'histoire de l'UE.

Pour autant, M. Moscovici a souligné vouloir maintenir avec le gouvernement populiste italien un dialogue "constructif".

Il a insisté sur la nécessité d'un dialogue serein afin d'éviter les tensions. La Commission "prendra ses décisions et maintiendra un esprit de dialogue avec la volonté de trouver une solution même quand on n'est pas d'accord", a-t-il noté.

L'Italie est traitée "comme tous les autres Etats membres, il n'y a pas d'arrière-pensée", a-t-il souligné.

"La Commission n'est pas, n'a jamais été et ne sera jamais contre l'Italie", a martelé M. Moscovici.

afp/rp