Mais je démarre comme souvent avec le bilan des indices de la veille, lesquels ont prolongé la fête en bourse, si l'on fait exception de la baisse symbolique de 0,01% enregistrée par le FTSE100 à Londres. Le CAC40 parisien a repris près de 2% et le SMI suisse 1,7%. Aux Etats-Unis, la séance fut très prolifique pour le Nasdaq et ses valeurs technologiques, qui a clôturé en hausse de 2,1%, tandis que l'indice large et plus diversifié S&P 500 gagnait 1,6%. Les investisseurs ont surtout boudé hier le compartiment pétrolier, son chouchou des derniers mois, pour revenir sur des actions attaquées en 2022. Mais généralement quand même avec une petite préférence pour les dossiers qualitatifs : chat échaudé craint l'eau froide.

Quelque chose a changé dans la narration depuis vendredi. Ce changement coïncide avec une série de statistiques macroéconomiques médiocres aux Etats-Unis et ailleurs. De quoi faire caisse de résonance pour la théorie qui veut que les efforts déployés par la banque centrale américaine pour faire ralentir l'activité économique sont en train de porter leurs fruits. Ce qui induit que le moment où il ne sera plus nécessaire de relever les taux se rapproche. Si tout se passe comme prévu bien sûr, c’est-à-dire si ce coup de frein s'accompagne d'une décrue de l'inflation. Et si le ralentissement économique se termine par un atterrissage en douceur et pas en sortie de piste.

Les signaux macroéconomiques négatifs qui ont tendance à se multiplier commencent à se répercuter sur les entreprises. Cette nuit, Microsoft, Alphabet et Texas Instruments ont publié des résultats qui ont fait décrocher lourdement leurs titres hors séance. Un -7% est assez rare pour l'action Microsoft, qui fait figure de force tranquille des marchés en temps normal. En parallèle, le pari le plus consensuel de l'époque, acheter du dollar, a pris du plomb dans l'aile. Et les marchés obligataires ont envoyé un signal (tout relatif) de détente.

Si la macro ralentit et si les entreprises déçoivent, pourquoi les actions montent-elles, me direz-vous ? Tout simplement parce que cela donne aux marchés financiers le sentiment que la banque centrale américaine n'a pas lancé le cycle de relèvement des taux le plus brutal depuis des décennies pour des clopinettes, et qu'elle n'est pas à l'abri du succès dans son chantier de jugulation de l'inflation. OK je sais, il y a dix jours, les mêmes marchés financiers se flagellaient en se désespérant de l'inefficacité des banques centrales. Mais ils sont comme ça les marchés financiers, une histoire bien racontée, avec les rebondissements qui vont bien, et ça repart.

Plus sérieusement, il y a deux moments clefs dans ce genre de cycle. D'abord le temps du discours qui change, puis le temps des actes qui changent. Le temps du discours qui change pourrait être arrivé. On reste au conditionnel quand même. Mais c'est le plus important des deux moments, parce que c'est celui qui envoie le signal d'achat aux investisseurs, qui cherchent à être dans l'anticipation. Ils ont juste besoin d'un plan, d'une boussole et d'un temps de parcours. Jusqu'à présent, ils avaient uniquement le plan entre les mains. Les dernières actualités pourraient leur avoir fourni la boussole et le temps de parcours. Du conditionnel là encore, parce que j'en ai trop vu pour me figurer que tout va évoluer de façon linéaire dans les semaines à venir. On a quand même sur les bras des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, une guerre en Europe, une crise énergétique et quelques déséquilibres inquiétants.

Il y aura encore plus de résultats d'entreprises que la veille aujourd'hui. Traditionnellement durant les saisons de trimestriels, les jours les plus embouteillés sont le mercredi et le jeudi. J'en ai listé un certain nombre un peu plus loin mais disons qu'en plus des Américaines de la nuit, on retrouve ce matin bon nombre d'Européennes, comme Mercedes, Iberdrola, Heineken, Reckitt, Dassault Systèmes, Banco Santander, BASF et une floppée d'autres.

Dans le reste de l'actualité, il faut noter que la nomination du nouveau premier ministre britannique Rishi Sunak a contribué à apaiser un peu les craintes liées à l'économie britannique. Les places boursières chinoises se stabilisent après le mini-krach de lundi, consécutif au renforcement de l'emprise de Xi Jinping sur l'exécutif du pays, après le 20e congrès du PCC. Sur l'agenda macroéconomique, ce sont surtout les chiffres de l'immobilier neuf aux Etats-Unis en septembre qui vont intéresser les économistes, puisque ce marché est aux avant-postes des conséquences de la hausse des taux. Pour mémoire, le gros morceau de la semaine est pour demain avec la décision de politique monétaire de la BCE et la première estimation du PIB américain du troisième trimestre.

En fin de parcours, les marchés asiatiques font fi des mauvais résultats trimestriels des grosses technologiques américaines, en poursuivant le rebond entamé en début de semaine. On constate ainsi des gains de l'ordre de 0,9% pour le Nikkei 225 au Japon, de 0,2% pour l'ASX200 en Australie et même de 1,3% pour le Hang Seng à Hong Kong. Les indicateurs avancés européens sont légèrement négatifs, mais on aurait pu s'attendre à pire au vu de la chute du duo Amazon / Microsoft dans la nuit, et du message que cela envoie. Mais les investisseurs ont l'air focalisés sur leur nouveau mantra, l'assouplissement du discours de la banque centrale américaine. Et comme il est déconseillé d'être à contre-courant de la Fed quand ça baisse, l'adage "don't fight the Fed" est peut-être aussi valable quand ça monte. Le CAC40 démarre en baisse de 0,15% à 6241 points.

Les temps forts économiques du jour

Aux Etats-Unis, le marché attend les stocks des grossistes (14h30) et les chiffres de l'immobilier neuf (16h00). Tout l'agenda macro ici.

L'euro remonte vers la parité à 0,9953 USD. L'once d'or reste dans sa zone récente à 1656 USD. Le pétrole est relativement stable, avec un Brent de Mer du Nord à 91,16 USD le baril et un brut léger américain WTI à 84,97 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans est redescendu à 4,09%. Le bitcoin a fini par remonter à 20 266 USD l'unité.

Les principaux changements de recommandations

  • Adidas : DZ Bank reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 110 à 105 EUR.
  • AMG Advanced Metallurgical Group : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 41 à 51 EUR.
  • Bechtle : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 52 EUR.
  • BigBen : In Extenso reste à l'achat avec un objectif réduit de 17,75 à 14 EUR.
  • Covestro : Citigroup passe de neutre à achat en visant 43 EUR.
  • Fresenius SE : Morgan Stanley reprend le suivi à la pondération en ligne en visant 28 EUR.
  • Idorsia : Crédit Suisse reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 25 à 21 CHF.
  • Imerys : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 46 à 50 EUR.
  • Kuehne + Nagel : CFRA passe de conserver à vendre en visant 170 CHF.
  • Lindt : Barclays reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 110 000 à 100 000 CHF.
  • Logitech : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 92 à 79 CHF.
  • Neoen : Citigroup reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 37 à 31,90 EUR.
  • Rémy Cointreau : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 220 à 200 EUR.
  • Schweiter : Research Partners reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1500 à 1000 CHF.
  • ThyssenKrupp : DZ Bank reste à conserver avec un objectif réduit de 5,80 à 5,20 EUR.
  • UBS : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 20 à 20,70 CHF.
  • Verallia : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 34 à 35 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • Atos : La marge opérationnelle sera dans le bas d'une fourchette 3 à 5% cette année.
  • Dassault Systèmes : L'éditeur relève ses prévisions de bénéfices pour l'exercice, après un trimestre record.
  • BioMérieux : Le groupe anticipe des résultats 2022 dans la borne haute de ses prévisions.
  • Michelin : Le pneumaticien révise en baisse ses perspectives de cash-flow.
  • Nexans : Les prévisions 2022 sont relevées.
  • Sodexo : Le groupe voit son chiffre d'affaires et ses marges revenir aux niveaux de 2019 en 2023.
  • Thales : Les revenus et les commandes dépassent les attentes.
  • Vinci : Le chiffre d'affaires est en vive hausse au T3 grâce aux concessions qui bénéficient d'une base favorable.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • Alphabet : Le titre perd 7% hors séance après des résultats décevants.
  • ASM International : Le groupe dépasse ses prévisions de revenus pour le troisième trimestre mais se montre prudent sur l'impact des sanctions visant la Chine.
  • Barclays : Le bénéfice est en légère hausse au troisième trimestre grâce à l'augmentation des revenus fixes.
  • BASF : Le revenu du T3 plonge de 28% en raison des dépréciations de Nord Stream 1.
  • Bristol-Myers Squibb : Les résultats du T3 sont inférieurs aux prévisions.
  • Deutsche Bank : L'établissement a plus que quintuplé son bénéfice trimestriel.
  • Heineken : Le chiffre d'affaires du T3 bondit grâce à un fort rebond post-covid en Asie-Pacifique.
  • Iberdrola : Le bénéfice net sur neuf mois a augmenté de 29%.
  • Mattel : Le titre perd 5,5% hors séance après une publication décevante.
  • Mercedes : Le groupe relève les perspectives de croissance des ventes de sa division automobile à 13-15%.
  • Microsoft : Le titre perd 7% hors séance après des résultats décevants (coucou Alphabet).
  • Puma : L'entreprise allemande confirme ses prévisions de bénéfice opérationnel pour l'ensemble de l'année après les résultats du 3ème trimestre.
  • Reckitt : Le chiffre d'affaires du T3 progresse de 14%.
  • SK Hynix : Le Coréen sabre dans ses investissements après des résultats décevants.
  • Standard Chartered : Le bénéfice avant impôt du T3 ressort à 1,42 Md$, au-dessus des attentes.
  • Texas Instruments : Le titre perd 5% hors séance après des perspectives décevantes.
  • Uniper : L'EBIT ajusté ressort en pertes de 4,8 Mds€ sur neuf mois.
  • WPP : Le groupe publicitaire annonce une hausse de 3,8% de son chiffre d'affaires ajusté au troisième trimestre.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures