PARIS (Reuters) - Les tarifs réglementés de l'électricité devraient augmenter de 1,6% pour les particuliers et de 2,6% pour les professionnels le 1er février conformément à la formule de calcul en vigueur, selon une proposition de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) publiée lundi.

Cette hausse, qui s'appliquera si le gouvernement ne s'y oppose pas, est due en particulier aux conséquences de l'épidémie de COVID-19 sur le système électrique français, a fait savoir le régulateur dans un communiqué.

"Les mesures prises pour enrayer l'épidémie, qui ont notamment perturbé les opérations de maintenance du parc nucléaire, (...) ont entraîné une hausse des coûts d'approvisionnement en énergie et en garanties de capacité", précise le document.

La Commission de régulation de l'énergie ajoute que les coûts de commercialisation d'EDF ont augmenté pour les clients professionnels dans un contexte de recrudescence des impayés.

"Consciente du contexte exceptionnel et des difficultés que traversent certains de nos concitoyens et certaines entreprises" et afin de limiter l'impact de la hausse sur les consommateurs, elle a cependant décidé de n'intégrer dès à présent dans les tarifs réglementés "que 50% des coûts liés aux impayés pour 2021".

L'augmentation représente 15 euros par an en moyenne pour un particulier, a également précisé le régulateur.

Les tarifs réglementés d'EDF concernaient au total 23 millions de foyers à fin septembre 2020 et quelque 1,4 million de professionnels au 1er janvier.

La CRE a également indiqué qu'elle proposerait une évolution supplémentaire des tarifs au 1er août afin d'intégrer les nouveaux barèmes relatifs à l'acheminement de l'électricité (Turpe) qui entraîneront une hausse "de l'ordre de 0,3%", soit environ 3 euros.

HERCULE, "UN TRÈS BON PROJET"

Son président, Jean-François Carenco, a en outre défendu le projet Hercule de réorganisation des activités d'EDF prévoyant notamment une séparation entre les parcs nucléaire et hydroélectrique du groupe - qui pourraient être intégralement renationalisés - et une grande partie des activités liées aux énergies renouvelables dont le capital serait ouvert, potentiellement à hauteur de 30%.

"C'est la préservation du nucléaire, la préservation de l'hydraulique, la capacité d'aller chercher des investisseurs [pour le reste], tout en gardant la propriété de la nation sur l'ensemble", a-t-il dit lors d'une conférence téléphonique.

"On peut faire de la politique, mais moi qui suis au coeur du système énergétique, qui défends le système énergétique aujourd'hui et demain, je trouve que c'est un très bon projet", a ajouté Jean-François Carenco, alors que les syndicats craignent que le plan Hercule ne marque le début d'un démantèlement et d'une privatisation partielle d'EDF.

Le président de la CRE a également dit que le régulateur, dans le cadre des discussions entre Paris et Bruxelles sur une nouvelle régulation qui précéderait la réorganisation du groupe, défendait un prix du nucléaire existant de 48 euros le mégawattheure contre 42 euros/MWh dans le système actuel (Arenh).

(Benjamin Mallet et Laetitia Volga, édité par Bertrand Boucey et Jean-Michel Bélot)

par Benjamin Mallet