Si les investisseurs ont pu regretter par le passé qu'il n'existe pas de Facebook, d'Amazon, de Netflix ou de Google européens, ils pourraient maintenant changer d'avis.

Depuis le début 2017, plus une région comptait de valeurs technologiques, plus sa performance, en devise locale, était élevée, selon UBS. L'Asie, hors Japon, et les marchés émergents affichaient les meilleures performances, suivis de près par les Etats-Unis. Le compartiment technologies de l'information du S&P 500, qui représente un quart de l'indice, a gagné 37% l'an dernier, entraînant une progression de 19,4% pour l'ensemble du marché. Tout ceci sans même inclure Amazon et Netflix, affectés au segment des biens de consommation cyclique.

En comparaison, l'indice Euro Stoxx des entreprises de la zone euro, qui ne compte que 7% de valeurs technologiques, a crû de 10,1%, même s'il a également été freiné par la vigueur de l'euro. Il est par ailleurs frappant de constater que la capitalisation boursière du S&P 500 des technologies de l'information, à 5.500 milliards de dollars, pèse plus lourd que l'ensemble de l'indice Euro Stoxx, à 5.100 milliards de dollars.

Or qu'il s'agisse d'interrogations au sujet de la gestion par Facebook des données des utilisateurs ou d'invectives tweetées par le président américain Donald Trump à l'encontre d'Amazon, les difficultés s'amoncellent pour le secteur technologique. Dans ces circonstances, la rareté des valeurs technologiques européennes pourrait receler un indéniable intérêt. Fondamentalement, si la croissance mondiale s'améliore, l'attrait des valeurs technologiques devrait naturellement s'estomper.

En termes de valorisations, la situation en Europe semble moins tendue. Le fonds indiciel SPDR Euro Stoxx 50 affiche par exemple un multiple de 13 fois les résultats attendus, semblable à celui de l'indice élargi Euro Stoxx. La zone euro est dans une phase nettement moins avancée de son cycle économique que les Etats-Unis, et sa politique monétaire reste ultra-accommodante. Le resserrement monétaire que prépare la Banque centrale européenne (BCE) et la hausse les rendements obligataires qui s'ensuivra devraient soulager le secteur financier, qui bridait jusqu'à présent les marchés européens.

Evidemment, l'Europe n'est pas une oasis. Si les Etats-Unis dévissent, ils entraîneront les marchés européens dans leur chute. Et s'il s'avère que la croissance mondiale ralentit, les valeurs européennes ne seront pas épargnées. En revanche, si la tempête qui secoue le marché est plutôt liée à une remise en question du modèle économique et de la valorisation du secteur technologique, alors l'Europe, une fois n'est pas coutume, pourrait servir de refuge.

LONDRES (Agefi-Dow Jones) --Richard Barley, The Wall Street Journal

(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH