Les statistiques de l’organisation professionnelle du secteur, Prism’Emploi, qui compile les données de plus de 80% des acteurs du secteur, sont tombées ce 4 juin. Logiquement, après la chute de 61% en avril qui amorçait déjà une amélioration par rapport à l’affreux -70% de mars (dont plus de 90% de baisse dans l’aérien), le secteur de l’intérim serait en voie de redressement, de l’ordre de -50% en mai 2020 par rapport à mai 2019. L’onde de choc était tellement importante avec le confinement, 4 à 5 fois plus importante qu’en 2009, qu’il était difficile de ne pas faire mieux en mai. Il serait d’ailleurs peu surprenant que le mois de juin voit ces statistiques s’améliorer compte tenu de la reprise progressive de secteurs un temps quasiment à l’arrêt comme le BTP et, plus récemment, la restauration. Suivront certainement l’aérien et le tourisme avec la période des vacances d’été, et l’événementiel à l’automne.

Cela confirmerait la vision de la Directrice Générale du Groupe Crit qui, le 26 mars dans une interview à Zonebourse, s’attendait à une reprise plus substantielle à partir de juin. 

Il n’en fallait pas plus pour redonner de la force au rebond des groupes cotés Crit, Synergie et DLSI, en hausse de 7 à 9% jeudi 4 juin.

Evolution du cours de valeurs moyennes de l’intérim cotées à Paris, ainsi que du géant suisse Adecco

Evolution du cours de valeurs moyennes de l’intérim cotées à Paris, ainsi que du géant suisse Adecco

Globalement, le secteur, connu pour être le premier à se retourner en cas de crise et de reprise, accuse encore un recul moyen d’une trentaine de pourcents depuis le début de l’année. A noter qu’en avril, près d’un quart des intérimaires ont pu bénéficier du chômage partiel grâce à un dispositif d’urgence actionné en cas d’arrêt de leur mission. Les CDI intérimaires, de plus en plus nombreux, ont largement profité du dispositif de chômage partiel.

Se pose pour les mois à venir la question de l’impact sur l’intérim des dispositifs exceptionnels envisagés par gouvernement comme le "régime d'activité partielle spécifique" qui pourrait courir jusqu’en 2022, ainsi que la création d’un motif exceptionnel de recours à l’emploi intérimaire, pour une durée temporaire, que réclame le Prism’Emploi.

Quoiqu’il en soit, la violence du choc économique occasionnée par les mesures sanitaires devrait conforter le besoin de flexibilisation de l’appareil productif et, partant, de faire appel à l’intérim.

(NB : L’auteur est actionnaire de Synergie à titre personnel)