Winter is coming. Ça sent toujours le gaz en Europe, où les principales références enregistrent pratiquement quotidiennement de nouveaux records. Le vieux continent paye cher la libéralisation de son marché du gaz et sa dépendance aux origines étrangères. Les conséquences se font déjà ressentir au sein de la filière où certains énergéticiens ne peuvent éviter la banqueroute, mais aussi en dehors puisque l’explosion du prix du gaz rend le fioul lourd plus compétitif pour produire de l’électricité. Ce transfert de la demande de gaz vers le pétrole pourrait pousser les prix du baril vers la zone des 80-100 USD selon l’IFP Energies nouvelles.

Evolution des principaux contrats à terme du gaz naturel (échéance janvier 2022) en Europe (équivalent à 200 USD le baril de pétrole) - source : ICE

Effet boule de neige. Les conséquences de la flambée des prix du gaz ne se limitent pas qu’au secteur de l’énergie. Bien que cela puisse paraître assez contre-intuitif, l’inflation des prix de l’énergie pourrait resserrer l’offre de certaines denrées alimentaires dont la production est gourmande en engrais. Le marché de l’engrais, déjà mis à mal par l’ouragan Ida aux Etats-Unis et le durcissement réglementaire en Chine, subit maintenant de plein fouet l’augmentation des prix du gaz en Europe, un intrant essentiel dans la production d’engrais. La semaine dernière, le gouvernement britannique a volé au secours de l’un de ses champions nationaux en la matière, qui avait annoncé une coupe de sa production de près de 50%. En conséquence, les prix des principaux engrais (DAP, potasse, urée..) ont considérablement augmenté, de l’ordre de 60% depuis le 1er janvier, au grand désarroi des producteurs agricoles.

Le prix de l'engrais DAP dépasse la barre des 700 USD la tonne - source : DTN

Pékin monte en puissance dans les terres rares. La Chine augmente ses quotas annuels de production de terres rares afin de répondre à une demande boostée par la reprise économique. Fixés à 168.000 tonnes, ces quotas bondissent de 20% par rapport à l’année dernière et sont répartis entre six entreprises publiques que Pékin ambitionne de réorganiser. Trois d’entre-elles sont listées à la bourse de Shanghai: China Minmetals Rare Earth Co, China Northern Rare Earth Group et Xiamen Tungsten Corporation.