Les marchés boursiers se sont gentiment positionnés ces derniers jours sur une issue positive de la "combo" élections de mi-mandat aux Etats-Unis / chiffres de l'inflation américaine d'octobre. Par "positive", personne ne sait vraiment ce qu'il faut entendre, mais j'imagine que cela pourrait prendre la forme d'un apaisement de la surchauffe des prix doublée d'un paysage politique relativement lisible aux Etats-Unis. Chronologiquement, ce sera d'ailleurs plutôt le contraire puisque les élections rendront leur verdict aujourd'hui et l'inflation demain. Mais disons que les marchés actions ne sont pas tous fous comme la semaine dernière mais pas non plus au fond du seau comme c'était le cas quelques jours avant. Il suffit de relire la phrase précédente pour mesurer à quel point les investisseurs sont cyclothymiques actuellement, et celles d'avant pour comprendre qu'ils ont besoin de trouver des points d'ancrage dans une mer boursière agitée à très agitée. Voilà qui pourrait faire une belle transition avec le Titanic mais je dois parler de deux ou trois autres trucs avant.

A commencer par les "midterms". A l'heure où j'écris ces lignes, le dépouillement continue aux Etats-Unis. Les deux camps ont l'air de tenir leurs positions au sénat, tandis que les républicains ont grappillé quelques sièges à la chambre des représentants. Le suspense continue donc. L'actualité financière est dominée par l'effondrement de plateforme de cryptomonnaies FTX, dont les actifs hors Etats-Unis sont en passe d'être rachetés par son rival Binance dans l'urgence la plus totale. FTX valorisée il y a peu 32 Mds$. J'avoue que je maîtrise mal les tenants et les aboutissants de l'affaire, mais cela prouve une fois de plus que quand l'histoire est trop belle pour être vraie, c'est qu'elle n'est pas vraie. On a aussi eu cette nuit une grosse déception du côté de Walt Disney, dont le titre chute de 7% après des gains de clients sur le segment streaming Disney+, qui creuse ses pertes en parallèle : l'acquisition d'utilisateurs a un coût. Il y a encore de nombreuses publications de résultats trimestriels aujourd'hui, dont Veolia et Ahold Delhaize en Europe.

Histoire de varier un peu le binôme élections / données macroéconomiques qui domine la semaine, je vous propose un exercice plus original ce matin. Si vous avez lu la chronique de la veille jusqu'à la fin, ce qui est plutôt sympa de votre part dans la mesure où elle n'était pas terrible, vous avez peut-être noté que Renault a choisi d'appeler sa division électrique Ampère, en référence au savant français éponyme, comme un certain constructeur californien s'était approprié Tesla voilà déjà quelques années. Watt et Volta attendront. Mais il n'en fallait pas plus pour me faire ressortir la suite de ma liste de sociétés dont le nom est une personne. Des choses un peu plus exotiques que Ferrari, Salvatore Ferragamo ou même Adidas, dont l'histoire est bien connue.

Commençons par Danone. L'entreprise que l'on connaît aujourd'hui a conservé le nom qui lui avait été donné en 1919 à Barcelone par Isaac Carasso, qui avait utilisé le surnom de son fils Daniel, "Danon", pour son commerce de yaourts. Il avait dû rajouter le "e" final, qui lui donne une connotation française, à la demande de l'administration locale en 1923 pour la faire enregistrer. Du mariage entre Gervais et Danone intervenu par la suite, c'est la marque catalane qui a été conservée.

L'origine de la marque américaine de jouets Hasbro est également singulière. Elle remonte là aussi à 1923, quand les frères Herman, Hillel et Henry Hassenfeld créent une entreprise textile. Initialement baptisée Hassenfield Brothers, elle deviendra au tournant des années 60 Hasbro, la contraction de sa dénomination d'origine. On lui doit les jeux Monsieur Patate et Mon Petit Poney, mais aussi le Monopoly, via le rachat de Milton Bradley au début des années 80.

J'aime bien aussi l'histoire de Bridgestone. Drôle de nom pour un vendeur de pneus japonais. C'est parce que le nom de famille du fondateur, Shojiro Ishibashi, signifie "pont de pierre" en Japonais. Ishibashi, flairant peut-être le potentiel international de son entreprise, avait fait le choix d'un anglicisme désignant lui aussi un pont de pierre.

Je termine par JPMorgan. Bon OK, c'est plutôt simple comme nom dans la mesure où c'est le patronyme du fondateur, John Pierpont Morgan. Ce qui est plus rigolo, c'est qu'il existe en France une rue qui porte son nom, à côté de chez moi, à Aix-les-Bains. La plupart des locaux parlent du Boulevard Pierpont Morgan, comme si c'était l'ancien maire de la ville ou le nom d'un poète savoyard oublié. Mais il s'agit bien de John Pierpont Morgan, qui aimait venir "prendre les eaux" dans la cité thermale à la mode de la Belle Epoque. Bienfaiteur de la ville, il eut donc droit à son boulevard. La légende veut d'ailleurs que le richissime John, propriétaire du Titanic, eut fait l'impasse sur le voyage inaugural du navire… parce qu'il était dans les bras de sa maîtresse à Aix-les-Bains. Le banquier ne survivra toutefois qu'un an au navire, puisqu'il meurt pendant son sommeil en 1913.

Retour à des considérations plus barbantes avec les dernières nouvelles macroéconomiques, pour compléter ce qui a été dit plus haut sur FTX, Disney and Co, avant que je me perde dans les noms de sociétés cotées. En Chine, le gros engouement récent pour des actions technologiques après leurs planchers de plus de 15 ans est en train de s'estomper. Les rumeurs d'allègement de la politique zéro-covid se télescopent avec de nouvelles fermetures de zones économiques après une accélération des contaminations à un rythme inédit depuis le printemps. Cette situation maintient l'économie sous pression et explique que l'inflation ait encore été très faible en octobre : 2,1% seulement. L'atonie de la consommation dans le pays à cause des restrictions sanitaires et de l'état du marché immobilier contribue à limiter les hausses de prix.

Les indices d'Asie Pacifique affichent des parcours divergents ce matin en fin de parcours. La baisse l'emporte en Chine et au Japon, mais l'Inde, l'Australie et la Corée du Sud progressent. Là aussi, il y a un certain attentisme dans l'attente du verdict des élections aux Etats-Unis. Les marchés boursiers européens sont attendus en baisse à l'ouverture, pendant que les "futures" américains sont proches de l'équilibre, le temps probablement que des tendances plus franches se dessinent pour les "midterms". Le CAC40 perdait 0,25% à 6425 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Deux statistiques américaines aujourd'hui, mais non-majeures : les stocks des grossistes (16h00) et les stocks pétroliers (16h30). Tout l'agenda macro ici. En Chine, l'inflation est à nouveau moins forte que prévu en octobre, de même que les prix à la production.

L'euro reste ferme à 1,0071 USD. L'once d'or retrouve des couleurs autour de 1708 USD. Le pétrole recule, avec un Brent de Mer du Nord à 95 USD le baril et un brut léger américain WTI à 88,41 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans se détend à 4,13%. Le bitcoin rechute autour de 18 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Bakkafrost : Pareto Securities passe d'acheter à conserver en visant 540 NOK.
  • Coca-Cola HBC : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 2500 à 2600 GBp.
  • Deutsche Post : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 41,50 EUR.
  • EMS-Chemie : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 850 à 750 CHF.
  • Evonik : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 25 à 24 EUR.
  • Geberit : Baader Helvea reste à accumuler avec un objectif réduit de 505 à 464 CHF.
  • Henkel : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 73 à 70 EUR.
  • Krones : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 110 EUR.
  • Lindt : Research Partners démarre le suivi à conserver en visant 110 000 CHF.
  • Logitech : Barclays reprend le suivi à surpondérer.
  • Nacon : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 7 à 4 EUR.
  • Rothschild : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 52 à 55 EUR.
  • Saipem : J.P. Morgan reprend le suivi à surpondérer en visant 1,75 EUR.
  • Straumann : Julius Bär reste à conserver avec un objectif réduit de 130 à 120 CHF.
  • Valiant : Kepler Cheuvreux passe de conserver à acheter en visant 109 CHF.

En France

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • Rothschild : forte croissance des revenus au T3.
  • Scor : accuse une perte nette de 509 M€ sur neuf mois.
  • Veolia : vise un Ebitda dans le haut de sa fourchette de prévisions pour 2022.
  • Vilmorin : confirme ses objectifs de l’exercice.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Airbus a livré 497 avions sur 10 mois et engrange 810 commandes nettes.
  • EssilorLuxottica conteste une sanction de l’Autorité française de la concurrence.
  • Orange émet une obligation de 750 M€ à 3,625% à échéance 2031.
  • Sanofi et Insilico Medicine signent un accord de collaboration en matière de recherche.
  • Ipsen publie des résultats de phase III positifs pour Onivyde dans le cancer du pancréas.
  • L'AMF "prendra le temps nécessaire pour examiner" l'OPA de l'Etat sur Electricité de France.
  • Le second actionnaire d'Orpea demande la convocation d'une assemblée générale pour que la direction réponde d'une stratégie qu'il conteste.
  • OVH obtient un financement de 200 M€ de la Banque européenne d'investissement.
  • Faurecia émet 700 M€ d'obligations "vertes" à 7,25% échéance 2026.
  • Verallia a finalisé l'acquisition du britannique Allied Glass pour 360 M€.
  • Le trafic de navettes passagers de Getlink a progressé de 20% sur un an en octobre.
  • Gaztransport & Technigaz se voit confier par Hyundai Heavy Industries la conception des cuves d'une Unité Flottante de Stockage et de Regazéification (FSRU).
  • Valbiotis lance une levée de fonds d'environ 8 M€ pour financer l'accélération de sa stratégie commerciale.
  • Europlasma annonce la fin de la conversion de ses obligations.
  • Hydrogène de France et la Banque Européenne d'Investissement s'associent pour mettre en place la première centrale électrique à hydrogène vert de Namibie.
  • DBV Technologies présentera de nouvelles données cliniques lors de l'ACAAI 2022.
  • Hugo Brugière entre au conseil d'administration de Pharnext.
  • OSE Immuno présente un poster de données précliniques lors de prochains congrès.
  • Autres publications : Rubis, Bonduelle, SII, NRJ, Vente-Unique, Viel, Nyxoah, Metabolic Explorer, Orpea, Altamir, Herige, AST Groupe, LNA Santé, Equasens, Exclusive Networks, Neurones, Jacquet Metals

Dans le monde

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • Adidas : révise encore ses perspectives après la séparation d'avec Kanye West.
  • Ahold Delhaize : les prévisions annuelles sont relevées après les chiffres du T3..
  • KBC Group : les prévisions annuelles sont confirmées après l'annonce d'un bénéfice net de 776 M€ au T3.
  • Siemens Healthineers : revoit à la baisse ses prévisions et annonce la refonte de sa division diagnostic.
  • Walt Disney : le titre chute de près de 7% hors séance après publication des trimestriels.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures