Avant de commencer, je vous glisse un historique des présidents américains depuis 1989. Dernièrement, après avoir fait deux mandats, le nouveau président est issu du parti politique opposé. 

Historiquement, les Etats-Unis ont connu une croissance plus rapide sous les présidents démocrates que sous les administrations républicaines. Une étude de Liberum montre en effet que depuis 1947, l’économie américaine a progressé de 3,6% sous les démocrates contre 2,6% sous les présidents républicains.

Vous pourriez rétorquer que les Républicains n’étaient pas à leur avantage puisqu’ils ont subi de plein fouet les conséquences de la crise financière de 2008 et de l’actuelle pandémie mondiale. Mais Liberum a refait l’analyse entre 1947 et 2006 : sans les deux dernières crises, l'économie se porte mieux avec les Démocrates. L'argument de la durée brute des mandats ne tient pas non plus. Les démocrates sont restés environ 34 ans au pouvoir contre 40 ans pour les républicains, soit un mandat de plus pour le camp de Donald Trump si l’on tient compte de l’assassinat de John Kennedy. 

L’objection que l’on pourrait émettre c’est que l’analyse de Liberum ne tient pas compte de la bulle technologique qui a joué en défaveur des républicains, George W. Bush débutant son mandat en plein marché baissier et juste avant les attentats de septembre.

Comme la bourse est censée refléter les réalités économiques - du moins en théorie puisque actuellement c'est un peu discutable - les  démocrates ont-ils également les faveurs des marchés financiers ?

La réponse est oui. Sous les administrations démocrates, le S&P 500 a eu un rendement réel annuel moyen net d'inflation de 10,8% contre 5,6% avec les républicains. En excluant à nouveau l’épisode des subprimes et la crise sanitaire, la conclusion reste la même : superformance des démocrates de plus de 4% par an.

Continuons l’analyse en observant les gains du S&P 500 en fonction des différents présidents depuis 1989. 

Source : Macrotrends

Nous pouvons déjà exclure George W. Bush qui connaît la pire performance, puisqu'il était aux commandes en 2001 et en 2008.  Sur le long-terme, Bill Clinton est le grand gagnant, notamment à cause de la frénésie internet de la fin des années 90. 

Pourtant, au cours du premier mandat, les différences de gains sur le S&P 500 ne sont pas particulièrement visibles. Au niveau du 45ème mois après investiture, voici le classement des performances de l’indice américain selon les présidents : 

Source : Macrotrends

Moins de 6% séparent les quatre acteurs de tête. L’écart à la hausse ou à la baisse se fait réellement au cours du second mandat. Donald Trump aura-t-il l'occasion d'intégrer les statistiques ? 

Aux Etats-Unis comme ailleurs, le poids des sondages est prépondérant avant un scrutin. Pourtant, l'élection présidentielle américaine est un suffrage universel indirect. Les sondages nationaux ont donc bien des chances de souffrir d’inefficience. Après tous, deux des trois derniers présidents des États-Unis ont été élus alors même qu'ils n’avaient pas les faveurs des sondages nationaux. L’un des sites les plus aboutis pour suivre les statistiques sur les différents États fédéraux et leur intention de vote est FiveThirtyEight. Il calcule plus d’une centaine de scénarios actualisés en temps réel, selon si tel ou tel État venait à changer de camp politique. A ce jour, il donne une légère avance à Joe Biden, mais autant vous dire qu’à environ 2 mois du scrutin, rien n’est joué. Novembre 2016 en est un bel exemple. 

Les présidents en fonction ont généralement l’ambition d’être réélus. Ainsi, ils ont tendance à stimuler l’économie l’année précédant l’élection pour séduire les électeurs. Pour Donald Trump, c’est un peu raté avec la crise sanitaire. Il n’en reste pas moins que c’est une période importante à étudier au niveau des marchés boursiers car généralement l’année des élections favorise des structures d’achat pour les opérateurs. C’est ce que met en évidence Arthur A. Merill dans son livre Behavior of prices on Wall Street, idée reprise par Stan Weinstein dans son ouvrage Secrets for profiting in bull and bear markets. Pour les investisseurs européens, il est important d’avoir en tête l’ensemble de ces informations, car les Etats-Unis restent la locomotive des marchés mondiaux.