Finalement, le "dîner de la dernière chance" à Bruxelles entre Boris Johnson et Ursula Van Der Leyen n'en était pas un. Incapables de sceller une paix des braves, les deux dirigeants ont décidé que leurs négociateurs ont jusqu'à dimanche pour trouver une issue, ou pas. C'est donc reparti pour un tour de Brexit. L'Europe sera au centre du jeu aujourd'hui avec deux événements importants. D'une part le démarrage d'un conseil européen de deux jours dans la capitale belge, lequel doit entériner des avancés budgétaires que l'on espère décisives pour soulager le fardeau économique et social de la pandémie. D'autre part la décision de la Banque centrale européenne sur sa politique monétaire. La BCE devrait accroître son dispositif et marteler la nécessité de voir ses efforts relayés par la dépense communautaire.

Pendant ce temps aux Etats-Unis, le coronavirus continue à se renforcer comme le montrent les 3253 décès comptabilisés mercredi, un record. Avec les brassages de population qui sont intervenus durant Thanksgiving et ceux qui s'annoncent en fin d'année, les pics sont encore à venir. La vaccination arrive, mais il faut encore s'attendre à des moments difficiles sur le plan sanitaire. Au niveau économique, les parlementaires américains ne se sont toujours pas accordés sur un nouveau coup de pouce, ce qui a contribué hier à faire reculer Wall Street, victime en parallèle d'un nouvel accès de faiblesse des valeurs technologiques. Malgré la baisse de 2,15% du Nasdaq hier, on notera que les introductions en bourse de DoorDash, C3.ai et probablement celle d'Airbnb aujourd'hui montrent que l'exubérance irrationnelle a encore de beaux jours devant elle.

Allez, focus sur ces valeurs technologiques, surtout sur les plus grosses. L'étau se resserre inexorablement sur les géant de l'économie numérique, en tout cas ceux qui opèrent dans la consommation de masse et qui collectent et traitent d'énormes quantités de données personnelles. Il ne fait presque aucun doute que l'environnement réglementaire et même commercial de ces entreprises va se dégrader. Cela ne signifie pas forcément qu'elles vont chuter de leur piédestal, mais plutôt que s'y maintenir coûtera plus cher et sans l'impunité actuelle. En forçant un peu le trait, on peut identifier quatre grands enjeux.

D'abord la lutte contre les abus de position dominante. C'est ce qui est en train de se produire aux Etats-Unis, où l'autorité antitrust et la quasi-totalité des Etats fédérés américains viennent de lancer une procédure formelle visant Facebook, centrée sur la stratégie du groupe consistant à racheter ses concurrents avérés ou présumés pour maintenir son statut incontournable. D'autres enquêtes suivront probablement contre Google, Amazon.com ou Apple.

Ensuite, le partage des rémunérations entre les différents acteurs, notamment dans la sphère médiatique. La résistance des éditeurs s'organise. Plusieurs pays s'activent sur les contenus, on l'a vu récemment avec la France et l'Australie où des accords ont été trouvés pour rémunérer les fournisseurs professionnels d'informations qui alimentent les plateformes.

Le troisième enjeu, de taille, est la charge de la régulation. Le Financial Times révèle ce matin que l'Union européenne devrait annoncer la semaine prochaine un dispositif forçant les "très grandes plateformes" à assurer elles-mêmes la responsabilité de leurs contenus, en prévoyant des amendes pouvant aller jusqu'à 6% des revenus annuels en cas de manquement. Autant dire que des dizaines de milliards de dollars sont en jeu. Le chantier est assez simple à comprendre quand il s'agit par exemple de lutter contre la contrefaçon sur les sites marchands. Il devient plus subtil lorsque ce sont des opinions ou des idées qui sont exprimées.

Enfin, le dernier enjeu est celui de la fiscalité, qui crée logiquement des remous non seulement entre Etats et entreprises mais aussi entre Etats eux-mêmes. C'est la raison pour laquelle les réponses ne sont pas bilatérales mais plutôt à l'échelle des organisations supranationales. Elles ont actuellement lieu sous l'égide de l'OCDE, mais n'ont pas encore abouti, faute de consensus. L'alternance aux Etats-Unis permettra-t-elle d'avancer sur ce projet ? Rien ne le dit.

Quoi qu'il en soit, l'environnement est en train de se durcir sur plusieurs fronts vis-à-vis des grandes entreprises technologiques, et je ne pense pas qu'elles puissent en sortir indemnes. Pour l'instant, force est de constater que cela n'a pas créé de mouvement d'envergure sur les actions concernées, mais c'est probablement l'un des thèmes de 2021.

Le CAC40 gagnait 0,3% à 5565 points à l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

Du lourd aujourd'hui en Europe avec le PIB mensuel britannique (8h00), la production industrielle française (8h45), puis la décision de la BCE sur sa politique monétaire à 13h45. Aux États-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage et l'indices des prix à la consommation de novembre sont programmés à 14h30, avant à 20h00 l'annonce du budget mensuel.

L'euro a reculé à 1,2098 USD. L'once d'or s'échange 1840 USD. Le pétrole repart en légère hausse, à 49,12 USD le Brent et à 45,80 USD le WTI. Le rendement des obligations d'État américaines est quasiment inchangé à 0,93 % sur 10 ans. Le Bitcoin se négocie 18 447 USD pièce.

Les principaux changements de recommandations

  • AMS AG : Morgan Stanley reprend le suivi à pondération en ligne est 123,50 CHF.
  • Aperam : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 32 EUR.
  • Applus : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 8,50 EUR.
  • AstraZeneca : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 8100 à 8500 GBp.
  • BioMérieux : Exane BNP Paribas passe de neutre à sousperformance en visant 100 EUR.
  • Bunzl : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 2800 GBp.
  • Bureau Veritas : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 22 EUR.
  • Croda : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 7200 GBp.
  • Deutsche Wohnen : Société Générale démarre le suivi à conserver en visant 44,30 EUR.
  • Electrolux : Citigroup passe de neutre à vendre en visant 175 SEK.
  • Focus Home Interactive : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 99 EUR.
  • Idorsia : Baader Helvea démarre le suivi à la vente en visant 19 CHF.
  • Intertrust : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 16 EUR.
  • Korian : Société Générale reprend le suivi à l'achat en visant 35,50 EUR.
  • L'Oréal : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 340 EUR.
  • LEG Immobilien : Société Générale démarre le suivi à l'achat en visant 144,10 EUR.
  • Legrand : Citigroup relève son objectif de cours de 72 à 79 EUR.
  • MAN Group : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 150 GBp.
  • Norsk Hydro : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 46 NOK.
  • Novartis : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 105 à 100 CHF.
  • Outokumpu : Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 2,30 EUR.
  • Peugeot : HSBC relève son objectif de cours de 16,10 à 25,50 EUR.
  • Rexel : Citigroup relève son objectif de cours de 10,80 à 12,90 EUR.
  • Roche : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 385 à 360 CHF.
  • Salzgitter : Jefferies passe de conserver à acheter visant 24 EUR. Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 15,80 EUR.
  • Securitas : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 130 SEK.
  • SGS : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 2900 CHF.
  • Software : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer.
  • TechnipFMC : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 10,10 USD.
  • Vonovia : Société Générale démarre le suivi à l'achat en visant 68,10 EUR.
  • Yandex : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 65 USD.

L’actualité des sociétés

En France

Annonces importantes

  • FFP renforce ses positions dans Peugeot de 2% en dépensant 228 M€, pour monter à 14,38 % du capital et 19,36 % des droits de vote.
  • L'Etat français se dit prêt à assumer ses responsabilités s'il faut monter au capital d'Air France-KLM.
  • Le conseil régional des Hauts-de-France commande 33 rames de TER à Bombardier Transport, en cours de rachat par Alstom.
  • Sartorius Stedim Biotech acquiert l'expert en filtration WaterSep BioSeparations.
  • Elis étend la maturité de sa ligne de crédit renouvelable de 500 M€ à 2023.
  • Groupe ADP signe un accord de rupture conventionnelle collective avec ses syndicats.
  • Le conseil de surveillance de Wendel reconduit le directoire (André François-Poncet et David Darmon) pour quatre ans au-delà du 7 avril 2021.
  • Solutions 30 estime que les attaques qui ont fait chuter son cours de bourse hier de 19% sont sans fondement.
  • Mersen a signé un contrat avec Marquardt pour sa solution de protection électrique sur mesure dédiée aux véhicules électriques.
  • Les actions Nanobiotix seront introduites entre 13,50 14,50 USD sur le Nasdaq.
  • Vers une OPR sur Selectirente.
  • Lexibook lance une "boîte stérilisatrice UV" pour désinfecter les objets du quotidien.
  • Dolfines réalisé un placement privé de 1,2 M€ à 1,50 EUR l'action, soit une dilution de 9%.
  • Amoeba signe un accord de développement et de commercialisation exclusif en France avec Philagro pour son produit de biocontrôle en vigne.
  • Thermador fait un point sur l'impact du coronavirus sur son activité.
  • SES-imagotag signe avec le groupe scandinave Kesko.
  • Ekinops et LiveAction concluent un partenariat technologique.
  • Winfarm réussit son IPO.
  • Abivax fait un point d'étape sur ses recherches en cours et sur son expansion industrielle.
  • Abeo, SII, Groupe Partouche, Selectirente et Medincell ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes

  • GlobalWafers va racheter Siltronic à 125 EUR l'action, dans le cadre d'une offre amicale à laquelle Wacker Chemie apportera ses 30,8%.
  • La FTC et 46 Etats américains accusent Facebook d'entrave à la concurrence.
  • Starbucks en vive hausse post-séance après l'annonce de perspectives solides post-pandémie.
  • HelloFresh relève ses objectifs 2020.
  • TUI AG accuse une perte nette de 3 Mds€ et doit durcir son plan d'économies.
  • General Electric va payer 200 M$ pour solder des poursuites de la SEC pour des informations trompeuses aux investisseurs sur la période 2015 à 2017.
  • Entrées en bourse en fanfare pour DoorDash (+ 86%) et C3.ai (+ 130%). Airbnb devrait arriver aujourd'hui sur le marché à 68 USD l'action, au-delà de la fourchette prévue.
  • AT&T vend Crunchyroll à Sony pour 1,175 Mds$.
  • SoftBank a dépensé 680 M$ pour monter à 25% de DoorDash en 3 ans et se retrouve avec 11,9 Mds$ de valorisation avec l'IPO.
  • Le président de Barry Callebaut, Patrick De Maeseneire, reconduit dans ses fonctions.
  • Le responsable d'Aryzta pour l'Europe quitte la société.
  • Du mouvement à la tête de Zur Rose.

Ça publie aujourd'hui. Oracle, Broadcom, Costco Wholesale, Lululemon Athletica, Ocado, Ciena, TUI AG, DS Smith

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