"Quand on regarde les gazo-intensives qui sont connectées au réseau de transport européen, on évalue aujourd’hui à environ 30% les réductions de consommation", a-t-il dit lors d'une conférence organisée par l'Association française du gaz. "Ça veut dire que de grands consommateurs, sidérurgistes, verriers, tous ceux pour qui le gaz est un élément essentiel du procédé, se sont posé la question de continuer à produire ou non et certain d’entre eux ont décidé d’arrêter. Et ça, c’est vraiment un point d’attention", a-t-il ajouté, précisant que la compétitivité de l'Europe était en jeu.

"On va sans doute être capable de passer l'hiver sans réduction forcée de consommation, mais parce qu’on a vu du côté des industriels ces réductions massives et parce qu’on a la conviction qu’effectivement les ménages vont être capables, eux aussi, de faire un effort de réduction de consommation", a-t-il poursuivi.

De nombreux industriels en Europe ont décidé de réduire leur production face à l'explosion des prix de l'énergie.

Aluminium Dunkerque, par exemple, le plus gros producteur d'aluminium primaire en France, compte réduire sa production de 22% au quatrième trimestre.

ArcelorMittal prévoit, de son côté, une baisse de sa production d'acier de 1,5 million de tonnes au quatrième trimestre 2022 en Europe par rapport à l'année précédente.

Pour Jean-Pierre Clamadieu, il est urgent de trouver une solution pour calmer les prix sur les marchés, qui ne reflètent pas, selon lui, les risques qui pèsent sur le gaz, quitte à ce que cette mesure soit "réglementaire".

Il appelle notamment à un plafonnement du prix du gaz au niveau européen, une proposition qui ne trouve pas consensus pour l'instant au sein de la Commission européenne.

Elle n'a pas non plus la faveur de Patrick Pouyanné, président-directeur général de Totalenergies, invité à s'exprimer à la même table ronde.

"Le gaz est un marché mondial. Le GNL (gaz naturel liquéfié) vient en Europe parce que les Européens acceptent de le payer un peu plus cher que les Asiatiques, sinon le GNL américain part en Asie", a-t-il dit.

"Donc mettre un 'cap' sur le marché du gaz européen alors que fondamentalement, on doit amener plus de gaz, c’est un concept qui m'échappe", a-t-il poursuivi.

Les ministres de l'Energie de l'Union européenne se réuniront à nouveau le 30 septembre pour trouver des solutions communes à la crise énergétique. (Reportage Caroline Pailliez, édité par Jean-Stéphane Brosse)