EST-CE LE BIG BANG 2.0 ?

Pas tout à fait, mais elle marque un retour du pendule réglementaire, après des années d'augmentation des exigences de fonds propres des banques et de renforcement des protections des consommateurs, pour réfléchir aux ajustements nécessaires pour que les règles fonctionnent mieux pour la Grande-Bretagne après le Brexit.

Initialement présentés comme un Big Bang 2.0 de la même ampleur que les profondes réformes des années 1980 sur le commerce des actions, les changements ont été baptisés "Réformes d'Édimbourg", du nom de la ville où ils ont été officiellement dévoilés par le ministre des finances Jeremy Hunt.

Le gouvernement a atténué sa rhétorique, insistant sur le fait qu'il n'y aura pas de "course vers le bas", d'écart important par rapport aux normes internationales ou de suppression des protections des investisseurs, mais que les régulateurs devraient contribuer à la compétitivité internationale du secteur financier.

M. Hunt a déclaré qu'il serait erroné de qualifier les réformes de Big Bang étant donné la nécessité d'éviter de "désapprendre" les leçons de la crise financière mondiale de 2008 et a souligné l'indépendance des régulateurs.

"La City ne veut pas voir de déréglementation. Les annonces d'aujourd'hui sont le signe d'une évolution, plutôt que d'une révolution", a déclaré Alasdair Haynes, PDG de la bourse d'Aquis.

QU'EST-CE QUE LE RING-FENCING ?

La Grande-Bretagne a déjà annoncé un assouplissement des règles de fonds propres pour les assureurs et se tourne maintenant vers les banques.

Depuis janvier 2019, les banques sont tenues d'entourer leurs activités de dépôt d'un coussin de capital afin de les protéger contre les défaillances de leurs activités les plus risquées.

Les banques se sont plaintes que les règles sont trop strictes et qu'elles empêchent les petites banques de concurrencer les grands créanciers sur le marché des prêts hypothécaires. Le gouvernement a déclaré qu'il suivrait les recommandations d'un examen qu'il a commandé et modifierait les règles.

Le gouvernement mènera une consultation mi-2023 sur l'exemption des règles pour les banques n'ayant pas d'activités importantes de banque d'investissement, et sur l'augmentation du seuil de dépôts qui déclenche la conformité avec les règles de cantonnement, de 25 milliards de livres à 35 milliards de livres.

LES BANQUIERS SONT-ILS MAINTENANT TIRÉS D'AFFAIRE ?

Il ne s'agit pas d'un retour à la "petite touche" d'avant la crise financière.

Le gouvernement avait déjà annoncé qu'il supprimerait un plafond européen sur les bonus des banquiers, bien que d'autres restrictions sur le mode de paiement des bonus devraient être maintenues.

La Grande-Bretagne a introduit des règles en 2016 pour rendre les banquiers de haut rang, en ajoutant les hauts responsables des assureurs en 2018, directement responsables des décisions qu'ils prennent après que peu d'individus aient été punis pour les fautes qui ont conduit à la crise financière mondiale lorsque les contribuables ont renfloué les créanciers.

On craignait qu'il s'agisse d'un outil permettant de faire honte publiquement aux banquiers en mettant "des têtes sur des bâtons", mais jusqu'à présent, il y a eu peu d'enquêtes ou de cas d'application. Les banquiers affirment que les régulateurs prennent également trop de temps pour donner le feu vert aux nominations de cadres supérieurs.

Le gouvernement réexaminera ce régime de cadres supérieurs et de certification au cours du premier trimestre de 2023, sans indication pour l'instant de l'ampleur des changements éventuels.

QU'EN EST-IL DES MARCHÉS ?

Il y aura une série de révisions alors que Londres cherche à rattraper New York en matière de cotations.

Les sujets en cours de révision comprennent les règles sur la vente à découvert, ou les paris sur la baisse du prix des actions. Le gouvernement propose de supprimer purement et simplement le document explicatif "PRIIPs" de l'ère européenne remis aux investisseurs, pour le remplacer par un cadre alternatif.

Un groupe de travail sectoriel sera chargé d'examiner les arguments en faveur d'une réduction de moitié du délai de règlement d'une transaction boursière, qui passerait de deux à un jour ouvrable, une mesure déjà prévue aux États-Unis.

Les règles relatives aux prospectus que les entreprises remettent aux investisseurs lorsqu'elles s'inscrivent à la cote d'une bourse seront révisées, de même qu'une réforme des règles de titrisation.

Le gouvernement s'engage à mettre en place des règles pour une "bande consolidée" d'ici 2024, afin de fournir des prix de marché permettant aux investisseurs de vérifier les meilleures offres sur les plateformes de négociation.

Le gouvernement donnera suite aux recommandations d'un examen visant à améliorer la manière dont les sociétés cotées en bourse font appel aux investisseurs pour obtenir des fonds frais.

Il y aura une révision des règles de l'UE qui exigent que les courtiers détaillent les frais liés à la recherche sur la sélection des actions et à l'exécution des ordres de bourse, ce que l'on appelle le "dégroupage" - une règle que l'UE a déjà partiellement annulée. Il y aura également des essais pour un lieu de marché de gros qui fonctionne sur une base intermittente afin d'améliorer l'accès des entreprises aux capitaux avant leur cotation publique.

ET LA FINANCE VERTE ?

Le gouvernement mènera une consultation sur l'intégration des fournisseurs de notations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) des entreprises dans le filet réglementaire.

Ces notations sont largement utilisées par les investisseurs pour sélectionner les entreprises qui se vantent d'être "vertes", mais elles ne sont pas réglementées. La Financial Conduct Authority a déclaré qu'elle encouragerait une réglementation axée sur la transparence, la bonne gouvernance, la gestion des conflits d'intérêts et des systèmes et contrôles solides.

Y AURA-T-IL UN BRITCOIN ?

Le premier ministre Rishi Sunak, lorsqu'il était ministre des finances, a appelé à la création d'un "Britcoin" ou livre numérique pour accélérer les paiements.

Le gouvernement consultera la Banque d'Angleterre dans les semaines à venir sur une livre numérique destinée à être utilisée par les particuliers.