Ramaphosa a nié tout acte répréhensible. Mais les conclusions de l'enquête n'auraient pas pu arriver à un pire moment pour le président, qui a évincé son prédécesseur Jacob Zuma en promettant de nettoyer la corruption qui s'aggrave.

Avant la publication des conclusions mercredi, il était le grand favori pour mener le Congrès national africain (ANC) aux élections de 2024 et décrocher un second mandat présidentiel.

Mais à moins d'un mois de la date à laquelle le parti choisira son prochain candidat, il lutte pour sa survie politique.

COMMENT TOUT A COMMENCÉ

Tout a changé pour Ramaphosa lorsque l'ancien chef des espions sud-africains, Arthur Fraser, est entré dans un commissariat de police en juin et l'a accusé de blanchiment d'argent et de dissimulation d'un important vol d'argent liquide.

Dans une déclaration sous serment, Fraser a déclaré que des voleurs avaient fait une descente dans la ferme animalière Phala Phala de Ramaphosa en février, qu'ils avaient trouvé au moins 4 millions de dollars en espèces étrangères cachées dans des meubles et qu'ils s'étaient enfuis avec l'argent.

La police a ouvert une enquête criminelle sur l'affaire après la déclaration de Fraser, qui a soulevé des questions sur la façon dont Ramaphosa avait acquis autant d'argent liquide et s'il l'avait déclaré.

Ramaphosa, a reconnu qu'il y avait eu un cambriolage et a déclaré que les recettes en espèces provenant de la vente de gibier avaient été volées. Il a nié tout acte répréhensible et n'a pas été accusé d'une quelconque infraction pénale. Il a déclaré que le montant était bien inférieur à ce qui avait été allégué.

RAMIFICATIONS

L'affaire a été un énorme embarras pour Ramaphosa qui a parlé à plusieurs reprises d'adopter une ligne dure contre la corruption.

En juillet, il a fait face à une faction rivale de son propre parti qui tentait de supprimer une règle selon laquelle toute personne accusée de corruption ou d'autres crimes doit se retirer pendant l'enquête.

En octobre, il a également promis de s'attaquer à la corruption en renforçant les règles de passation de marchés et en améliorant la surveillance des entreprises publiques, après qu'une enquête ait mis en évidence des cas de corruption de haut niveau sous Zuma.

L'ENQUÊTE

Sur la base de la déclaration sous serment de M. Fraser, un petit parti d'opposition parlementaire, l'African Transformation Movement (ATM), a déposé une motion au Parlement demandant l'ouverture d'une enquête dite "Section 89" sur l'aptitude de M. Ramaphosa à exercer ses fonctions.

Utilisée pour la première fois depuis son adoption par le Parlement en 2018, l'enquête de la section 89 définit un processus de mise en accusation d'un président sud-africain en exercice, si des preuves d'actes répréhensibles émergent.

Les recommandations du panel, qui ne sont pas contraignantes pour les parlementaires, sont la première étape d'un long processus qui pourrait éventuellement conduire à la mise en accusation de Ramaphosa.