* Plusieurs candidats annulent leurs déplacements

* "Rien ne doit entraver" la présidentielle-Cazeneuve

* Macron appelle à ne pas "céder à la peur"

* Il faut mettre un terme à un "laxisme pénal inouï"-Le Pen

* Cazeneuve riposte aux critiques de Fillon et Le Pen

PARIS, 21 avril (Reuters) - Déplacements annulés, passes d'armes entre Bernard Cazeneuve, François Fillon et Marine Le Pen : le dernier jour officiel de la campagne présidentielle a été bouleversé, vendredi, par l'attaque commise la veille au soir sur les Champs-Elysées.

Jusqu'au bout, les semaines précédant le premier tour ont réservé leur lot d'imprévus, au point que rien ne permet aux parieurs, pas plus qu'aux sondeurs, de deviner par avance le nom des deux vainqueurs parmi les quatre favoris - Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon.

Dès l?annonce de l'attaque revendiquée par le groupe Etat islamique (EI), qui a coûté jeudi la vie à un policier, Marine Le Pen (Front national), François Fillon (Les Républicains), rejoints par la suite par Emmanuel Macron (En Marche!), ont annulé leurs déplacements prévus vendredi.

Le candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a décidé de maintenir son programme et Benoît Hamon (Parti socialiste) a effectué une ultime visite à Carmaux (Tarn), une ville attachée au souvenir de Jean Jaurès.

"Rien ne doit entraver" l'élection présidentielle, "ce moment démocratique fondamental pour notre pays", a déclaré le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, à l'issue d'un conseil de défense exceptionnel à l'Elysée.

"C'EST EUX OU NOUS"

Après une campagne menée au rythme des affaires judiciaires, l'attentat des Champs-Elysées a remis sur le devant de la scène les questions de sécurité et de lutte contre le djihadisme dans une France toujours sous le régime de l'état d'urgence, décrété dans la nuit du 13 au 14 novembre 2015, après le Bataclan.

"Voilà plusieurs années que j'affirme que nous sommes confrontés à un totalitarisme islamique", a déclaré François Fillon à la presse à son siège de campagne à Paris. "Je n'ai cessé d'alerter le gouvernement et mes compatriotes sur l'ampleur et la profondeur de ce totalitarisme."

"Ce combat pour la sécurité et la liberté sera le mien", a-t-il ajouté. "Ma politique étrangère sera ciblée en priorité sur la destruction de l'Etat islamique (...) Nous sommes en guerre. Il n'y a aucune alternative, c'est eux ou nous".

Marine Le Pen, qui insiste depuis une semaine sur les thèmes de prédilection de son parti, l'immigration et la sécurité, a pour sa part prôné un "plan de bataille contre le terrorisme islamiste et le laxisme pénal".

"Cette guerre nous ne pouvons pas la perdre. Or depuis 10 ans, sous les gouvernements de droite comme de gauche, tout a été fait pour que nous la perdions", a-t-elle jugé, dans une déclaration à son siège de campagne.

La présidente du parti d'extrême droite a notamment demandé la restauration des frontières, l'expulsion immédiate des personnes étrangères fichées "S", l'interdiction des organisations salafistes et la fermeture de mosquées islamistes.

"MÉCONNAISSANCE"

Les déclarations des deux prétendants à l'Elysée ont fait bondir Bernard Cazeneuve, qui a dénoncé la "méconnaissance" de Marine Le Pen sur le sujet et a critiqué l'action de François Fillon lorsqu'il était Premier ministre.

"Comme après chaque drame", Marine Le Pen cherche à "instrumentaliser pour diviser" les Français, a-t-il lancé, sortant de sa réserve.

Emmanuel Macron, en tête dans les intentions de vote pour le premier tour, a appelé les Français à ne pas "céder à la peur" et a assuré qu'il serait "implacable" dans la lutte contre le terrorisme s'il était élu le 7 mai prochain.

"L'action diplomatique et militaire que j'entends conduire aura pour priorité votre sécurité", a dit le candidat d'En Marche! à la presse.

"Le choix que vous avez à faire dimanche prochain doit être un choix d'avenir, ne cédez rien à la peur, à la division, à l'intimidation", a-t-il ajouté.

A Carmaux, Benoît Hamon a exprimé son refus de "suspendre la démocratie" et, dans un message diffusé sur sa chaîne Youtube, Jean-Luc Mélenchon a dit espérer que la campagne s'achève "dignement" et que "cessent les polémiques, notamment celles qui sont faites contre les responsables actuels du pays".

A en croire les derniers sondages, les quatre principaux candidats risquent d'obtenir des scores si proches que le suspense pourrait se prolonger au-delà de la fermeture des derniers bureaux de vote, à 20h00 (18h00 GMT).

Selon Ifop-Fiducial, Opinionway, Odoxa et BVA, le duo Emmanuel Macron-Marine Le Pen continue à devancer le tandem François Fillon-Jean-Luc Mélenchon, mais d'un petit nombre de points.

La campagne officielle s?achève à minuit. La diffusion de sondages ou de déclarations des prétendants à l?Elysée sera alors interdite jusqu'à dimanche soir.

"Ma foi ! sur l'avenir bien fou qui se fiera : tel qui rit vendredi, dimanche pleurera", écrivait Jean Racine, dans les Plaideurs, en 1668. (Marine Pennetier, avec Sophie Louet, Elizabeth Pineau et Simon Carraud)