Après le bruit et la fureur de la semaine précédente, les marchés boursiers se sont sagement remis en rang pour attendre le prononcé de la décision de politique monétaire de la banque centrale américaine ce soir à 20h00. Même les banquiers centraux étasuniens ont semblé faire profil bas ces derniers jours. Il faut dire qu'ils avaient largement pavé le terrain auparavant pour expliquer qu'ils allaient relever les taux directeurs à marche forcée jusqu'à ce que la surchauffe économique et inflationniste se calme. Et idéalement, sans aller trop loin, c’est-à-dire sans provoquer des dégâts trop importants sur les entreprises, les ménages et les autres pans de la société. Pour montrer sa détermination, la Fed va augmenter ses taux directeurs de 50 points de base en une fois, c’est-à-dire deux fois plus vite que le rythme normal. C'est la contrepartie du retard accumulé dans la lutte contre l'inflation. Puis elle poursuivra ses hausses de taux à rythme soutenu, jusqu'à ce que ses efforts lui permettent de reprendre le contrôle des prix.

En parallèle, l'institution s'emploie à dégonfler les dispositifs de soutien économique qui ont maintenu les indices boursiers sous stéroïdes ces dernières années. Elle devrait annoncer le tempo de réduction de son bilan, c’est-à-dire la façon dont elle va dégonfler l'énorme poche de dettes qui ont été rachetées ces dernières années pour assurer la stabilité et la fluidité des marchés boursiers de l'économie. Ces mêmes rachats qui ont contribué à créer des valorisations exotiques sur certains actifs en créant une source quasi-intarissable d'argent gratuit. La perspective qu'ils s'assèchent n'est évidemment pas étrangère à l'évaporation de 4000 milliards de dollars de capitalisation sur le Nasdaq depuis le mois de novembre.

Nous entrons dans une phase où le récit aura à nouveau une grande importance pour les marchés actions. Au-delà des conséquences directes d'une politique monétaire plus austère, comme la hausse des coûts de financement et la réduction de l'océan de liquidités disponibles, les investisseurs vont spéculer sur le nombre de hausses de taux qui sera nécessaire pour que la Fed reprenne le contrôle. Pour le moment, période de déprime intense oblige, ils envisagent le scénario le plus défavorable. Pour faire court, plein tarif au niveau des hausses de taux, gros désordres financiers, récession et tout le tremblement. C'est là que le récit intervient. Si Jerome Powell parvient à laisser planer un doute raisonnable sur le fait que la Fed n'aura pas besoin d'aller aussi loin que le marché l'imagine pour courber l'inflation, il pourrait y avoir une réaction positive. C'est du conditionnel évidemment, mais c'est une tactique que la Réserve fédérale utilise à toutes les sauces depuis des années, avec un certain succès.

Hier donc, Wall Street a clôturé sur de légers gains, comme ce fut le cas lundi. La volatilité est descendue d'un cran. L'Europe a recoupé une partie de ses pertes de la veille et continue à afficher une résistance supérieure à celle des indices américains. Si l'attention se focalise sur la politique monétaire américaine, l'actualité macroéconomique est riche aujourd'hui. Avec notamment les indices d'activité PMI dans les services pour avril. Pendant ce temps, ça se débat avec la résurgence du coronavirus en Chine, où les confinements alternent avec les allègements de restrictions au gré des statistiques de contamination. De quoi continuer à alimenter les désordres logistiques du monde. Dans le volet géopolitique, la Russie aurait encore une fois changé ses objectifs en prévoyant d'annexer les territoires qu'elle occupe en Ukraine, aux dernières rumeurs.

Pour patienter jusqu'à la décision de la Fed, il y a aussi les publications d'entreprises. Elles restent bonnes même si certaines sont marquées par une inévitable explosion des coûts due à l'inflation, cf. tout ce qui précède. Mais globalement, les bénéfices ont toujours l'air d'être immunisés aux afflictions du monde réel. Pour combien de temps, telle est la question.

Les indicateurs avancés européens sont aussi proches de la neutralité que possible : personne n'a envie de prendre des risques inconsidérés avant ce soir. En Asie Pacifique, les marchés du Japon et de Chine Continentale sont toujours fermés pour une série de jours fériés. Le Hang Seng de Hong Kong perd 1,35% pendant que l'ASX 200 australien perd 0,08%. Le CAC40 gagne 0,07% à 6480 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

L'indice PMI des services des principales économies pour avril sera publié tout au long de la journée. Aux Etats-Unis, journée surchargée avant la décision de la Fed sur ses taux (20h00), avec l'étude ADP sur l'emploi (14h15), la balance commerciale (14h30), l'ISM des services (16h00) et les stocks pétroliers hebdomadaires du DOE. Tout l'agenda "macro" ici.

La paire euro / dollar stagne autour de 1,0519 USD. L'once d'or déprime à 1865 USD. Le pétrole bouge peu depuis quelques jours, avec un Brent de Mer du Nord à 105,65 USD le baril et un brut léger américain WTI à 102,70 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans s'établit à 2,97%. Le bitcoin s'échange autour de 38 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aker BP : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 335 à 350 NOK.
  • Anglo American : Liberum passe d'acheter à conserver en visant 3400 GBp.
  • BNP Paribas : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif relevé de 62,30 à 64,30 EUR. RBC reste à surperformance avec un objectif relevé de 58 à 65 EUR.
  • Covestro : JPMorgan reste neutre avec un objectif réduit de 62 à 58,20 EUR.
  • Davide Campari : Jefferies reste à conserver avec un objectif relevé de 10 à 11 EUR.
  • Elisa : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 61 EUR.
  • Hyloris : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 18 à 21 EUR.
  • Johnson Matthey : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 2600 GBp.
  • Kion : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 91 à 88 EUR.
  • Klépierre : Berenberg reste à conserver avec un objectif relevé de 23 à 26,50 EUR.
  • Rio Tinto : Liberum passe de conserver à vendre en visant 4700 GBp.
  • Safran : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 97 EUR.
  • Terna : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 8,10 EUR.
  • Travis Perkins : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 1416 à 1359 GBp.
  • Unilever : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 43 à 45,50 EUR.
  • Valmet : Handelsbanken passe de conserver à acheter.
  • Vitesco : Hauck & Aufhaeuser démarre le suivi à l'achat en visant 60 EUR.

En France

Résultats d'entreprises :

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Publicis acquiert Profitero, une plateforme SaaS dédiée au commerce et au marketing.
  • Accor lance une "Collection All-Inclusive".
  • Chez Casino, Guillaume Seneclauze remplace Jean-Paul Mochet aux commandes de Monoprix.
  • BioMérieux obtient l'autorisation "de novo" de la FDA pour Biofire Joint Infection.
  • Soitec va élargir sa gamme de produits en carbure de silicium avec son premier substrat avancé SmartSiCTM en 200mm.
  • Derichebourg procède à une petite acquisition dans la propreté en France.
  • Vallourec relance partiellement l'exploitation de sa mine de fer au Brésil.
  • Icade achète un hôtel français et cinq autres actifs à des fins de redéveloppement.
  • Drone Volt livre deux Hercules 20 à la Marine Nationale.
  • Malte recommande la non-approbation de la substance active "biocide" d'Amoeba pour le territoire européen
  • Boehringer Ingelheim et OSE Immuno annoncent le premier patient traité dans l'essai clinique de Phase 1 d'expansion de BI 765063.
  • Broadpeak vise Euronext Growth.
  • Neoen, Maisons du Monde, Lexibook, Herige, Hopscotch, Cast, Believe, Ucar ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Résultats d'entreprises :

  • Advanced Micro Device : les résultats sont bien accueillis avec un gain de 6,8% pour le titre post-séance.
  • Airbnb : le titre reprend 5,7% hors séance après ses résultats.
  • Equinor : le groupe a dépassé les attentes au T1, avec un bénéfice net ajusté de 5,2 Mds$, contre 4,85 Mds$ prévu.
  • Fresenius Medical Care : les trimestriels sont légèrement inférieurs aux prévisions.
  • Geberit : les résultats sont plus élevés que prévu mais les hausses de coûts massives ont rogné la marge.
  • Pandora : les ventes du bijoutier au premier trimestre dépassent les estimations et les prévisions de ventes sont revues à la hausse.
  • Siemens Healthineers : le groupe relève ses perspectives pour 2022 en raison de la demande de tests COVID-19.
  • Solvay : les prévisions 2022 sont relevées après les résultats du T1.
  • Starbucks : le titre gagne 5% hors séance après ses résultats trimestriels.
  • Volkswagen : le constructeur maintient ses perspectives pour 2022 alors que l'approvisionnement en puces devrait s'améliorer au second semestre.

Annonces importantes (et autres)

Lectures