Au Moyen-Orient, l’assassinat d’un général iranien par l’armée américaine a d’abord fait craindre une escalade des tensions entre Téhéran et Washington. Mais après des représailles de principe sur deux bases irakiennes abritant des diplomates et des soldats américains, Trump a finalement calmé le jeu à l’occasion d’un discours télévisé. Le pétrole se relâche en conséquence, entrainant le Dollar canadien, très corrélé au prix du baril, dans son sillage.

Du côté de la guerre commerciale, la signature d’un accord de phase 1 prévue le 15 janvier entre Pékin et Washington contribue également à l’apaisement des marchés. Les discussions qui reprendront par la suite pourraient néanmoins relancer les concours de petites phrases et les menaces de sanctions.

Aux Etats-Unis, les dernières minutes de la Fed ont confirmé que les membres du FOMC envisagent une pause en 2020, année électorale qui place traditionnellement la banque centrale américaine en retrait. Si le secteur manufacturier souffre toujours de la guerre commerciale en décembre, l’ISM des services et les créations d’emploi dans le privé ont battu le consensus. Enfin la balance commerciale de l’Oncle Sam profite d’une baisse des importations en provenance de Chine pour se redresser, le déficit atteignant son plus faible niveau depuis octobre 2016.

En Europe l’inflation se relance conformément aux attentes, passant de +1.0% à +1.3% sur un an au mois de décembre mais la hausse des prix conserve néanmoins ses distances vis-à-vis de la cible de la BCE (proche mais inférieure à 2%). Rien de nature à modifier la stratégie expansionniste des gouverneurs de Francfort.

De l’autre côté de la Manche, les députés ont définitivement validé la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne dès le 31 janvier prochain. Les négociations commerciales qui vont suivre s’annoncent difficiles, d’autant que Boris Johnson, toujours à l’affût de la moindre provocation, promet un no deal dès le 31 décembre prochain si aucun accord, au moins partiel, n’est conclu d’ici là. Bruxelles fourbit ses armes en coulisses alors qu’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, anticipe des discussions « dures ». Elle avertit Londres : « sans concurrence équitable en matière d'environnement, de travail, de fiscalité et d'aides d'Etat, vous ne pouvez pas avoir un accès de la plus haute qualité au plus grand marché commun du monde ». Le patron de la BoE, Mark Carney, n’est pas optimiste pour l’économie britannique et prépare progressivement les marchés à une future baisse de taux.

Enfin en Australie, les violents incendies, liés au réchauffement climatique et qui ravagent le pays depuis septembre, perturbent l’activité économique et commencent à faire pression sur le Dollar local. Les images sont apocalyptiques. « The Monster » détruit tout sur son passage : faune et flore, habitations et infrastructures. On compte même une vingtaine de victimes humaines alors que les fumées toxiques polluent l’air ambiant. En décembre, le Premier ministre Scott Morrison, climato-sceptique et fervent défenseur de l’industrie minière, laquelle est responsable de 7% des émissions mondiales de carbone, a récemment choqué l’opinion en s’accordant des vacances en famille à Hawaï.

Dans les jours qui arrivent, les cambistes surveilleront essentiellement des indicateurs américains comme le rapport mensuel sur l’emploi vendredi, les prix à la consommation mardi ou encore les ventes aux détails jeudi. L’inflation britannique sera dévoilée mercredi.

Graphiquement, l’Euro peine toujours à accélérer malgré une fin d’année 2019 convaincante. 1.1219 fait désormais office de résistance en daily, horizon sur lequel nous privilégions toujours les ventes sur rebond avec un retour vers 1.1077, 1.1004 puis 1.0899 USD en ligne de mire.

La Livre Sterling poursuit son yoyo, tiraillée entre optimismes et incertitudes. Le range trading pourrait désormais s’imposer alors qu’un niveau proche de 1.30 USD semble pour le moment servir de point d’équilibre. Les tractations commerciales vont toutefois animer les échanges et la volatilité devrait rester vive sur la devise britannique. Nous recommandons la prudence et le recours à un effet de levier maîtrisé.

Du côté des valeurs refuges, le yen et le Franc suisse continuent d’évoluer en ordre dispersé. La monnaie nippone profite de l’apaisement des marchés pour reprendre contact avec ses récents points bas, la paire USD/JPY testant une nouvelle fois 109.60 JPY, un niveau-clé ouvrant potentiellement la voie d’une accélération vers 110.80 et 112.10.

Au contraire, le Franc se renforce encore. Sous 1.08, la paire EURCHF enregistre même de nouveaux records de faiblesse depuis le fameux gap Macron d’Avril 2017. Bien qu’un mouvement technique puisse provoquer un comblement au contact de 1.07 CHF, la force de la devise helvétique nous semble exagérée. Nous restons positifs sur la paire, visant un retour vers 1.0921, puis 1.1016 CHF dans un premier temps.

Enfin le Dollar australien a certes rallié 0.70 USD mais s’est alors immédiatement heurté à une farouche résistance. Une catastrophe climatique combinée à une mauvaise gestion du gouvernement fait craindre de fâcheuses conséquences pour l’ile-continent. Si 0.6850 n’est pas préservé en clôture, l’Aussie pourrait de nouveau chuter dans des niveaux inédits en plus de dix ans.