Acte I. Boris arrache un accord bancal à moins de deux semaines de l’échéance mais le report du vote à Westminster l’oblige à réclamer un report à l’UE. Le Premier ministre n’a d’autre choix que de se plier à la loi mais omet volontairement de signer sa demande afin de marquer son désaccord quant à une nouvelle prolongation.

Acte II. Les députés acceptent d’examiner l’accord conclu par Boris mais s’opposent au calendrier précipité voulu par le Premier ministre, lequel prévoyait initialement une approbation pour le 24 octobre. L’UE donne son accord de principe quant à un report du Brexit, sans toutefois se prononcer sur sa durée. En marge du divorce, les Communes ont approuvé le programme du gouvernement, apportant au 10 Downing Street un soutien anecdotique mais bienvenu.

Acte III. Dans l’impasse, Boris réclame des élections législatives le 12 Décembre prochain dans l’espoir de reconquérir une majorité au Parlement. Mais Jeremy, son opposant travailliste, ne se prononcera en faveur d’un tel scrutin qu’à la double condition que l’UE valide un report du Brexit et qu’aucun accord soit sur la table, un scénario de nature à affaiblir les Tories dans les urnes. De leur côté, les 27 se refusent toujours à officialiser une nouvelle extension de l’article 50 tant que le Royaume-Uni ne présente pas une feuille de route claire et cohérente pour la suite.

Du côté de la BCE, Mario Draghi termine son mandat par l’annonce d’un statu quo logique après le paquet de mesures annoncé le mois dernier. L’économiste italien s’est efforcé de défendre son bilan malgré une inflation en berne, assurant que sa politique ultra-accommodante a été bénéfique pour le crédit et l’emploi. Il a par ailleurs confirmé que les mesures prises en septembre ont été décidées à l’unanimité malgré les divisions au sein du Conseil des gouverneurs, élément de nature à modérer les spéculations en faveur d’une ligne moins expansionniste sous la direction de Christine Lagarde.

Sur le front macro, les derniers indicateurs PMI confirment d’ailleurs la mauvaise santé du secteur manufacturier dans l’Union monétaire, en particulier en Allemagne, où les dirigeants n’envisagent toujours pas d’adapter leur budget malgré les appels du pied de la banque centrale.

La semaine prochaine sera plus variée en matière d’actualités avec le PIB américain, la FED (baisse de taux attendue) et la Banque du Canada mercredi, la Banque du Japon jeudi puis le rapport mensuel sur l’emploi et l’ISM manufacturier de l’Oncle Sam vendredi.

Graphiquement, l’Euro a longtemps hésité à s’installer au-delà de 1.1143 USD mais fini par céder sous la pression d’une économie européenne à la traine qui alimente des divergences de politique monétaire. 1.1035 et 1.0899 USD sont dans le viseur.

De la même façon, le Pound échoue au contact de 1.30 USD. Les investisseurs intègrent toutefois progressivement la très forte improbabilité d’un no deal et le cable devrait rester soutenu sur repli. Nous sommes longs au-dessus de 1.2523 USD.

Du côté du Franc, la paire EUR/CHF s’est désormais installée au-dessus de 1.10. Un support qui pourrait soutenir les cours dans l’optique d’un retour vers 1.1243 puis 1.1450 à moyen terme.

Enfin, le Yen reste faible et la zone 108.80-109 polarise toujours les échanges sur le couple USD/JPY. Une résistance-clé qui, si elle cède, ouvrirait la voie d’une accélération vers 110.60. Dans le cas inverse, 107.80, 106.80 et 104.80 resteront des objectifs cohérents d’ici la fin de l’année.