Jusqu’à présent plutôt à l’abri des conséquences de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, l’Oncle Sam commence en effet à goûter au retour de bâton. L’activité du secteur manufacturier s’est davantage contractée le mois dernier aux Etats-Unis, enregistrant même son plus faible niveau depuis juillet 2009. L'indicateur s'est également révélé bien en-deça des attentes du côté des services. Le président américain accuse évidemment la FED, coupable selon lui de laisser le Dollar s’apprécier. Pour Trump, l’équation est simple : les bonnes nouvelles sont le fruit d’une politique intelligente et courageuse qu’il mène depuis près de trois ans, les mauvaises sont une conséquence directe de l’incompétence de Jerome Powell, président de la Réserve Fédérale qu’il a lui-même nommé. Simple.

En Europe, l’inflation allemande marque le pas en septembre : +1.2% sur un an contre +1.4% en août et +1.7% en juillet. Après des indicateurs PMI déjà alarmants, les marchés s’inquiètent face à l’inflexibilité d’Angela Merkel sur le budget du moteur de l’Union monétaire. Pour la Chancelière, pas question de renouer avec le déficit malgré la capacité de Berlin à emprunter à des taux négatifs sur les marchés. Philip Lane, le chef économiste de la BCE, tente de rassurer en déclarant que l’autorité monétaire dispose d’une marge pour baisser à nouveau les taux.

Sur le front du Brexit, Boris Johnson a présenté un ultime « compromis » à l’UE pour éviter une sortie sans accord mais Bruxelles ne semble pas se satisfaire d’une proposition sans réel progrès. A moins d’un mois de l’échéance, un nouveau report prolongeant les incertitudes apparait donc toujours comme le scénario le plus probable.

En Australie, la banque centrale a abaissé son taux directeur d’un quart de point à 0.75%, un nouveau record historique. L’institution adapte ainsi sa stratégie aux tensions commerciales et notamment au ralentissement économique du bouc émissaire de Washington et principal client de Canberra, la Chine. Les membres du Conseil de la RBA se tiennent par ailleurs prêts à agir davantage pour soutenir la croissance et l’emploi au sein de l’ile-continent.

Vendredi, les cambistes prendront connaissance du dernier rapport mensuel sur l’emploi américain, au centre de toutes les attentions après les indices ISM. Ils surveilleront le même jour un discours de Jerome Powell avant un début de semaine suivante plutôt calme jusqu’aux minutes de la FED qui seront publiées mercredi soir.

Graphiquement, l’Euro profite de la baisse du Dollar pour s’offrir un rebond technique mais la tendance reste largement baissière sur tous les horizons. Nous sommes vendeurs au contact de 1.1002, voire 1.1143 USD, avec un retour vers 1.0727 en ligne de mire, dans l’optique d’un comblement du gap Macron.

De son côté, le cable a peiné pour se reprendre au contact de sa moyenne mobile à 20 jours mais il a trouvé davantage de support sous 1.23. Une fois encore, nous ne croyons pas au scénario du no deal et en ce sens, le prix du Sterling est particulièrement attractif dans une perspective de long terme. A plus court terme, un probable report du Brexit alimente les incertitudes et empêche la parité d’avancer franchement. Nous sommes à l’écart mais gardons un œil sur 1.2523 USD, un niveau-clé.

Le Dollar australien s’ajuste en réaction à la baisse du loyer de l’argent de la RBA et évolue désormais dans ses plus bas niveaux en plus de dix ans. Nous sommes bien entendu baissiers sur la paire mais privilégions les ventes sur rebond. A court terme, 0.6797 pourrait faire office de première résistance.

Du côté des valeurs refuges, le Franc suisse cède du terrain face à l’Euro mais le Yen se renforce, notamment en raison de la pertinence des niveaux évoqués la semaine dernière (1.0823 CHF et 108.60 JPY). La paire EUR/CHF devra désormais clôturer au-delà de 1.0996 en daily pour s’autoriser des objectifs plus ambitieux (1.1243 et 1.1450). En cas de clôture sous 107.10, ce qui semble se dessiner, le couple USD/JPY pourrait à l’inverse accélérer son recul vers 105.90 puis 104.80.