* La lutte contre la précarité, une priorité pour l'exécutif

* Une volonté d'impliquer davantage les partenaires sociaux

* Les syndicats sur leurs gardes

par Caroline Pailliez

PARIS, 19 août (Reuters) - Le gouvernement s'apprête à reprendre les concertations avec les partenaires sociaux sur les dossiers de la rentrée, dont l'assurance chômage, signe d'une volonté de renouer le dialogue avec les syndicats après une année de tensions.

Le Premier ministre Edouard Philippe rencontrera entre le 29 août et le 4 septembre les huit organisations patronales et syndicales du privé, accompagné de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.

L'objectif est d'arriver à un diagnostic commun sur le recours aux contrats de courte durée qui doit servir de base à la lettre de cadrage de la prochaine négociation sur la nouvelle convention de l'assurance chômage.

Emmanuel Macron, qui a souhaité avancer ces négociations - elles étaient prévues pour fin 2019, début 2020 -, a fait savoir aux partenaires sociaux que la lutte contre la précarité (recours abusif aux contrats courts) et la "permittence" (cumul emploi-chômage) devait être une de leurs priorités.

Mais le thème de la santé au travail pourrait s'inviter à la table des discussions. Le gouvernement a défendu début août la nécessité d'une remise à plat des indemnités journalières versées en cas d'arrêt maladie et envisage de transférer une partie de leur charge financière aux entreprises.

Reste à savoir si les propositions des partenaires sociaux seront retenues à la suite de ces rencontres. Après une année de réformes à marche forcée (Code du travail, formation professionnelle, assurance chômage), le chef de l'Etat s'est engagé à impliquer davantage les organisations patronales et syndicales dans ses décisions.

"NOUVELLE PHASE"

Il a affiché son intention de mettre en place un agenda social durant l'année, ponctué de concertations, autour de thèmes chers au patronat et aux syndicats. Les discussions concernant la santé au travail devraient se tenir en septembre-octobre. Suivra la question des travailleurs de plates-formes ainsi que celle de la place du paritarisme.

Au sein de l'exécutif, on se défend de changer de méthode. "Il y a toujours eu un fil de discussion extrêmement intense (avec les partenaires sociaux), que ce soit sur les réformes globales ou sectorielles", a déclaré une source à l'Elysée.

Mais on dit tout de même "entrer dans une nouvelle phase". Le gouvernement, qui a voulu construire un modèle de "flexisécurité" à la française en cette première année du quinquennat, compte maintenant bâtir un "Etat-providence du 21e siècle". Pour cela, il a besoin du soutien des corps intermédiaires.

"On est à un moment où on doit mettre en oeuvre les réformes. On a besoin qu'il y ait la mobilisation de tous (...) partenaires sociaux, entreprises, territoires, associations", dit cette source de l'Elysée.

Pour l'équipe du cabinet de la ministre du Travail, ce soutien est d'autant plus important qu'il est crucial pour permettre au pays de diminuer le taux de chômage. Emmanuel Macron s'est donné pour objectif durant la campagne de l'amener à 7% d'ici 2022.

FAIRE BAISSER LE CHÔMAGE PLUS VITE

"Si on n'est pas capable de réduire le chômage au moment où il y a une forte croissance avec une forte demande de travail des entreprises, quand ça va redescendre, ça va être très compliqué. Il faut absolument être capable d'y répondre maintenant", avait déclaré un proche de Muriel Pénicaud au moment de voter le projet de loi réformant la formation professionnelle et l'assurance chômage.

Le taux de chômage calculé selon les normes du Bureau international du travail (BIT) s'est replié de 0,2 point au deuxième trimestre en France métropolitaine pour s'établir à 8,7% de la population active, selon les dernières données de l'Insee.

"-48.000 chômeurs au 2me trimestre, c’est positif mais c’est encore trop peu. Restons tous mobilisés pour vaincre durablement le chômage de masse qui pénalise tant de nos concitoyens, nos entreprises et la France", a écrit Muriel Pénicaud sur Twitter.

Si les organisations syndicales approuvent ce changement de ton, elles restent sur leurs gardes. "Parfois (Emmanuel Macron) entend bien et ne change pas", avait déclaré le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, à l'issue de sa rencontre avec le chef de l'Etat le 17 juillet.

Le prochain test social pour le gouvernement sera la réforme des retraites qui prévoit la mise en place d'un régime unique. Pour l'instant, le haut-commissaire à la réforme, Jean-Paul Delevoye, mène des concertations avec les partenaires sociaux, afin de déminer le terrain. Les premiers arbitrages ne seront pas connus avant 2019. (Edité par Yves Clarisse)