(Avec nouvelles citations et contexte)

par Elizabeth Piper et Andrew MacAskill

BIRMINGHAM, Angleterre, 2 octobre (Reuters) - La Première ministre britannique, Liz Truss, s'est efforcée dimanche de rassurer son parti et l'opinion publique en admettant qu'elle aurait dû mieux "préparer le terrain" avant de dévoiler le projet économique qui a provoqué la chute de la livre sterling et l'envolée des rendements des obligations d'Etat.

Au premier jour de la conférence annuelle du Parti conservateur, dont elle est issue, Liz Truss, nommée à la tête du gouvernement il y a moins d'un mois, a également tenté de convaincre les Britanniques qu'elle leur viendrait en aide durant un hiver qui s'annonce difficile, et au-delà.

Mais elle n'a pas remis en cause le "plan de croissance" présenté le 23 septembre, très critiqué par les économistes comme par les investisseurs pour son manque de précision sur le financement des allègements fiscaux massifs qu'il prévoit.

Elle a au contraire assuré que ce plan était le bon en laissant entendre que les critiques n'avaient pas pris la mesure de la gravité des problèmes du pays.

"Je comprends leurs inquiétudes à propos de ce qu'il s'est passé cette semaine", a-t-elle déclaré à la BBC.

"J'assume le plan que nous avons annoncé et j'assume le fait de l'avoir annoncé vite parce que nous devions agir, mais j'admets que nous aurions dû mieux préparer le terrain", a-t-elle ajouté.

La livre a regagné du terrain ces derniers jours après l'annonce par la Banque d'Angleterre (BoE) de mesures visant à apaiser les tensions sur les marchés financiers, mais les rendements des "gilts", les obligations d'Etat britanniques, restent très élevés et certains investisseurs estiment que le gouvernement Truss aura beaucoup de mal à restaurer sa crédibilité.

DES CRITIQUES AUSSI AU SEIN DU PARTI CONSERVATEUR

La tâche de Liz Truss est d'autant plus délicate que son projet est aussi critiqué au sein même du camp conservateur, notamment à propos de la suppression du taux marginal de l'impôt sur le revenu, fixé pour l'instant à 45%.

Certains conservateurs craignent de se voir de nouveau considérés comme "le parti des méchants" parce qu'ils réduisent les impôts des plus riches tout en faisant peu d'efforts pour soutenir le pouvoir d'achat des plus vulnérables.

Un argument que Liz Truss a rejeté dimanche en exprimant son soutien à la suppression du taux marginal même si elle a précisé que cette proposition était une initiative de son ministre des Finances, Kwasi Kwarteng.

"Non, nous ne l'avons pas fait, c'est une décision qui a été prise par le chancelier", a-t-elle ainsi répondu à la question de savoir si elle avait informé au préalable tous les membres du gouvernement sur ce point précis avant le discours de Kwasi Kwarteng au Parlement.

La Première ministre a assuré qu'elle n'avait pas peur de prendre des décisions impopulaires pour favoriser la croissance économique.

"Ce qui me préoccupe, c'est la réussite de notre pays, de permettre à notre pays de réussir", a-t-elle dit. "Je crois vraiment que la politique s'est trop concentrée sur l'apparence, sur la manière dont les choses dont perçues."

Mais elle a semblé en difficulté face aux questions de la journaliste de la BBC sur un éventuel financement de la suppression de certaines taxes par une diminution des crédits des services publics.

Interrogée à quatre reprises au moins sur ce point, elle a répondu: "Je vais m'assurer que le contribuable en ait pour son argent mais je suis très, très déterminée à faire en sorte que nous ayons d'excellent services publics de premier rang." (Reportage Elizabeth Piper et Andrew MacAskill, version française Marc Angrand)