Londres (awp/afp) - Le Comité de politique monétaire de la Banque d'Angleterre a laissé jeudi sa politique monétaire et son taux directeur inchangés, à sept voix contre deux, prenant acte d'un ralentissement de la croissance prévue désormais à juste 1,4% cette année.

Dans son rapport trimestriel sur l'inflation et la croissance, l'institution d'émission a révisé à la baisse ses prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni, à 1,4% pour 2018 et à 1,7% pour 2019, contre 1,8% il y a trois mois pour ces deux années.

Elle a aussi abaissé ses prévisions d'inflation à fin 2018 et 2019, avec respectivement 2,2% et 2,1% attendus.

Si l'institution a rappelé jeudi sa confiance dans la santé économique du pays, considérant que "les conditions pour une croissance solide sont restées en place, (que) le marché du travail est resté fort et (que) les enquêtes suggèrent que la croissance de l'activité devrait se reprendre au deuxième trimestre", elle a néanmoins abaissé ses prévisions de croissance pour cette année et pour la prochaine - une année cruciale qui doit voir le pays quitter l'UE à la fin mars.

Se gardant d'associer ce ralentissement au Brexit, la BoE dirigée par le gouverneur Mark Carney attribue ce coup de frein "à court terme (au) faible résultat du premier trimestre".

Fin avril, l'Office des statistiques nationales (ONS) a fait état d'un ralentissement de la croissance à +0,1% au premier trimestre, le pire résultat pour le Royaume-Uni en cinq ans.

Selon la BoE, ces résultats sont en partie dus aux mauvaises conditions météorologiques et d'une autre part à une sous-estimation de la croissance, "historiquement particulièrement marquée au premier trimestre". L'institution s'attend ainsi à une révision à la hausse des futures estimations et à un deuxième trimestre "plus fort".

La Banque d'Angleterre a également souligné le ralentissement de l'inflation, tombé à 2,5% en mars en rythme annuel après avoir dépassé les 3% dernièrement. "L'inflation devrait décroître légèrement plus vite que cela était attendu en février, atteignant la cible (des 2%) dans les deux ans", a estimé le comité dans son compte-rendu.

"L'impact de la dépréciation de la livre sterling sur l'inflation, tout en restant significatif, décroit légèrement plus vite qu'estimé dans la précédente prévision", ont jugé les membres du MPC.

- LA LIVRE FLANCHE -

La devise britannique avait fortement décroché après le vote du Brexit du 23 juin 2016, renchérissant le prix des importations. Concernant le Brexit, la Banque d'Angleterre, qui a plusieurs fois fait part de son inquiétude dans le passé, a rappelé son implication "pour identifier la réponse politique appropriée afin de répondre à ce changement de perspective", indiquant que ses futures décisions dépendraient fortement de l'avancée des négociations sur la sortie entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.

En août 2016, le taux avait été abaissé au niveau historiquement bas de 0,25% pour faire face au Brexit et anticiper son possible premier impact sur l'économie britannique. Depuis, un premier relèvement a été effectué en novembre 2017, alors que l'activité du pays a finalement tenu bon jusqu'à la fin de l'an passé.

Jeudi, ce taux a été maintenu à 0,5%, un niveau encore extrêmement bas, et le comité de politique monétaire a répété que toute "future hausse de taux serait graduelle et d'une ampleur limitée".

Ces annonces et l'absence d'indication claire concernant le moment choisi pour une future hausse de taux a pesé sur la livre sterling, qui a perdu près de 1% dans la demi-heure qui a suivi cette décision.

Vers 11H30 GMT, la monnaie britannique cotait à 88,08 pence pour un euro et à 1,3528 dollar pour une livre.

afp/rp