La première semaine de mai s'est soldée par une baisse de 4,6% pour les actions européennes (STOXX Europe 600), mais de 0,2% seulement pour les actions américaines (S&P500). Les actions japonaises, elles, ont même gagné 0,9% (Topix). Pourtant, l'impression qui ressort de la fin de semaine précédente est un peu déprimante. Probablement parce que le Nasdaq américain a perdu plus de 5% au lendemain du gros tour de vis monétaire annoncé par la Fed. Mais comme il avait gagné à peu près autant sur les trois séances précédentes, le bilan n'est pas aussi noir qu'il n'y paraît.

Bon, il faudrait voir à ne pas trop se réjouir non plus parce que la tendance de fond reste clairement négative pour l'indice technologique américain, qui a enfoncé ses plus bas de l'année. Il en est à -22,22% depuis le 1er janvier, là où le Dow Jones limite ses pertes, si je puis dire, à 9,5%. La différence entre les deux, c'est que le Nasdaq 100 fait la part belle aux technologiques (Apple, Microsoft, Amazon, Tesla, Alphabet et Meta pèsent 44% de l'indice) alors que les trois plus gros influenceurs du Dow Jones sont, dans l'ordre, UnitedHealth (un assureur), Goldman Sachs (une banque) et The Home Depot (un détaillant en matériaux et produits pour la maison). Le calcul du Dow Jones a beau être archaïque (il repose sur le prix des actions et pas sur la capitalisation), il montre à quel point la technologie et dans une moindre mesure la consommation discrétionnaire pèsent sur la tendance.

"Pas étonnant que ça baisse autant, tout le monde a les mêmes actions aux Etats-Unis", glissait la semaine dernière un gérant dans un fil de discussion populaire chez les professionnels, en référence notamment aux produits de gestion passive comme les ETF. Comme souvent, les pièces du puzzle s'assemblent à posteriori pour une partie du marché. Ceux qui avaient senti le vent tourner pourront toujours dire que la correction majuscule des actifs risqués (certaines valeurs du Nasdaq au modèle économique douteux ont perdu plus de 50% en quelques mois) était quasi-certaine à partir du moment où les banques centrales commenceraient à pomper la piscine à liquidités qu'elles avaient remplies une première fois à partir de 2008, puis une seconde fois en 2020 avec le "quoi qu'il en coûte" planétaire. Les autres prennent leurs pertes en espérant que l'épisode de remous actuel ne durera pas trop longtemps.

Bank of America, qui a plutôt eu le nez creux ces derniers mois concernant ses pronostics, rappelle que le marché a connu 19 marchés baissiers en 140 ans. Un marché baissier est une phase durant laquelle les indices perdent au moins 20%. Un marché baissier moyen dure 289 jours et entraîne une baisse de 37,3%. La banque américaine, qui a l'humour un peu caustique, souligne qu'en appliquant cette moyenne, le plancher est prévu pour le 19 octobre 2022 avec un S&P500 à 3000 points et un Nasdaq à 10 000 points. Bon, c'est surtout pour amuser la galerie, reconnaît Bank of America, qui concède malgré tout que pas mal d'actions sont déjà en mode panique, puisque 49% des actions du Nasdaq ont déjà perdu 50% sur leurs records. "La bonne nouvelle, c'est que les marchés baissiers sont plus courts que les marchés haussiers", conclut la banque, décidément piquante en ce moment.

Les marchés actions vont rester pilotés dans les jours qui viennent par les débats sans fin sur les conséquences de la remontée des taux aux Etats-Unis. L'aiguille de la jauge de l'atterrissage économique en douceur fluctuera en fonction des statistiques publiées. La Fed préférerait tenir le rôle de l'héroïne dont le traitement de choc aura sauvé les économies de la stagflation, que celui de la succube qui aura épuisé les investisseurs. Premier gros test statistique dès cette semaine avec les prix à la consommation américains d'avril, qui seront annoncés mercredi. Les économistes pensent que l'inflation a touché un pic en mars et qu'elle devrait amorcer sa décrue. Si tel n'était pas le cas, la nervosité pourrait s'accroître et l'hypothèse d'une accélération du rythme de hausse des taux serait renforcée. En cas de confirmation d'une détente, les discussions porteraient sûrement sur le rythme de la normalisation, qui risque d'être lente mais qui permettrait d'entretenir la flamme boursière.

La semaine démarre dans une ambiance lourde avec des indicateurs avancés baissiers, des taux réels en hausse et des prix élevés des matières premières, d'autant que le G7 s'est entendu sur un embargo progressif sur le pétrole russe. Les places d'Asie Pacifique reculent elles-aussi. Le CAC40 perd 0,5% à 6227 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Pas d'indicateur majeur aujourd'hui, mais quelques données secondaires. Tout l'agenda "macro" ici. Ce matin, la Chine a annoncé un net ralentissement de ses exportations.

L'euro recule en direction de 1,05 USD. L'once d'or est proche de ses niveaux de fin de semaine dernière, à 1876 USD. Le pétrole reste ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 112 USD le baril et un brut léger américain WTI à 108,90 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans poursuit sa remontée à 3,12%. Le bitcoin recule sous 34 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adidas : Jefferies reste à l'achat avec un objectif réduit de 250 à 235 EUR.
  • Aker BP : Stifel passe de vendre à conserver en visant 355 NOK.
  • Aperam : Jefferies reste à conserver avec un objectif réduit de 40 à 37,50 EUR.
  • Boohoo : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 72 GBp.
  • Bpost : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 7,50 à 6 EUR.
  • Byggfakta Group : Jefferies reste à l'achat avec un objectif réduit de 70 à 60 SEK.
  • DiaSorin : Jefferies reste à conserver avec un objectif réduit de 125 à 116 EUR.
  • Euroapi : JPMorgan démarre le suivi à surpondérer en visant 17 EUR.
  • Groupe Bruxelles Lambert : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 100 EUR.
  • Hensoldt : Morgan Stanley démarre le suivi à surpondérer en visant 29,90 EUR.
  • Nestlé : Goldman Sachs relève son objectif de 138 à 144 CHF.
  • Prosus : Jefferies reprend le suivi à conserver avec un objectif réduit de 55 à 46 EUR.
  • Rheinmetall : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 215 EUR. Bankhaus Metzler reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 255 à 240 EUR.
  • SMA Solar : Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 33 EUR.
  • Schibsted : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 215 à 190 NOK.
  • Scor : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 37 à 35 EUR.
  • Siemens Gamesa : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 19,50 à 12,50 EUR.
  • Solutions 30 : Exane BNP Paribas reprend le suivi à surperformance en visant 8 EUR.
  • Swiss Re : Oddo BHF passe de neutre à surperformance en visant 97 CHF.
  • Telefonica : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 4,30 à 4,60 EUR.
  • Unicredit : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 12,50 à 13,50 EUR.
  • Valneva : Stifel passe de conserver à acheter en visant 14,40 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Danone annonce la cession de ses investissements minoritaires restants dans les partenariats avec Mengniu et l'acquisition de Dumex.
  • La France pourrait se passer "à terme" du gaz russe, estime le président d'Engie.
  • Le Qatar n'apportera pas ses actions à l'OPA lancée par Vivendi sur Lagardère.
  • Le PDG d'Orpea estime que le groupe a "péché par manque de rigueur", dans un entretien au JDD.
  • Les volumes cash d'Euronext flanchent en avril.
  • Claude France va faire son entrée au conseil d'administration d'Ubisoft.
  • Le producteur français d'hydrogène Lhyfe a annoncé lundi le lancement de son introduction en Bourse à Paris.
  • Eurofins signe un contrat aux Pays-Bas.
  • Fountaine Pajot confie au Chantier Naval Couach, la construction des bateaux de sa gamme "motor yacht".
  • Europlasma tire 3 M€ d'OCE. La société a annoncé en parallèle des "résultats positifs" pour les essais ouvrant la voie à la commercialisation du procédé de recyclage des déchets dangereux d'aluminium en Chine.
  • Adomos émet des ABSA.
  • Recylex en redressement judiciaire. Pas de reprise de cotation au programme.
  • Les Hôtels Baverez et Delfingen ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

Lectures