PARIS (Reuters) - Le magnat des télécoms Xavier Niel, actionnaire de contrôle d'Iliad, a annoncé vendredi une offre de 3,1 milliards d'euros pour racheter les actions restantes du groupe dans l'objectif de le retirer de la cote pour pouvoir accélérer sa transformation.

Ce mouvement fait écho à celui entrepris par Patrick Drahi qui a racheté plus tôt cette année son groupe Altice Europe, propriétaire notamment de l'opérateur télécoms SFR, avant de le retirer de la cote.

Des rumeurs de retrait de la cote d'Iliad par Xavier Niel circulaient depuis 2018 alors que l'opérateur, qui a bouleversé le marché des télécoms français avec ses offres à bas coûts, connaissait une performance boursière très volatile.

La décision à l'époque de Xavier Niel de transférer la plupart de ses titres Iliad dans un seul véhicule d'investissement baptisé HoldCo avaient alimenté les spéculations parmi les analystes et investisseurs.

Xavier Niel, 53 ans, possède actuellement 71% d'Iliad. L'homme d'affaires très influent détient également une myriade de participations dans des opérateurs télécoms à l'étranger, des médias et des start-up.

L'offre de Xavier Niel, à 182 euros par action, donne une valorisation boursière pour 100% d'Iliad d'environ 10,7 milliards d'euros.

Cette offre, au prix de 182 euros par action, représente une prime de 61,0% sur le cours de clôture de jeudi et a été accueillie favorablement à l'unanimité par le conseil d'administration.

"J'ai fondé Iliad en 1999 et je suis très fier du parcours du groupe et de la valeur créée pour tous les actionnaires", déclare Xavier Niel cité dans un communiqué.

"Désormais, la nouvelle phase de développement d'Iliad exige des transformations rapides et des investissements significatifs qui seront plus aisément menés à bien en tant que société non cotée".

Les opérateurs télécoms doivent procéder à des investissements importants pour déployer la 5G et la fibre alors même qu'ils sont confrontés à une concurrence accrue, notamment en France.

"Notre ambition pour Iliad nous pousse à accélérer son développement pour en faire un leader des télécommunications en Europe", a expliqué Xavier Niel, alors que le groupe s'est récemment implanté en Pologne après avoir pris pied en Italie.

"DÉCONNEXION CROISSANTE"

"Il semble que l'offre soit motivée par la déconnexion croissante entre la perception du marché des perspectives de l'entreprise et celle de l'actionnaire principal", a déclaré Credit Suisse dans une note.

En mai, Iliad avait chuté en Bourse après avoir annoncé la suspension de son objectif 2021 de cash-flow opérationnel en France pour tenir compte de l'accélération programmée de son plan d'investissement dans la 5G.

Parallèlement, Iliad a publié vendredi des résultats estimés pour le premier semestre avant une nouvelle publication des comptes définitifs le 5 août.

L'Ebitdaal, indicateur clé de sa rentabilité, a progressé de 59,5% à 1,4 milliard d'euros sur la période, porté par la consolidation de la Pologne où il est présent avec l'opérateur Play.

Pour la première fois, l'Italie dégage un Ebitdaal positif de 6 millions d'euros sur le premier semestre.

Le chiffre d'affaires d'Iliad a progressé de 33,7% sur la période, à 3,72 milliards d'euros, avec la consolidation de Play en Pologne, le rebond de la croissance en France et le dynamisme de l'Italie.

Sur le seul marché français, les revenus ont augmenté de 2,7% à 2,54 milliards d'euros grâce à l'amélioration des ventes mobiles facturées et les services fixes.

(Reportage Mathieu Rosemain, Blandine Hénault et Sudip Kar-Gupta, avec la contribution de Myriam Rivet, édité par Nicolas Delame et Sophie Louet)