La commission du Renseignement de la Chambre des représentants, fer de lance de l'enquête ouverte en septembre, affirme aussi dans son rapport que le président américain a sapé la sécurité nationale et dirigé une campagne sans précédent d'obstruction aux investigations du Congrès.

Les démocrates, majoritaires à la Chambre, accusent précisément Donald Trump d'avoir cherché à conditionner l'octroi d'une aide militaire à l'Ukraine et une visite à la Maison blanche du président ukrainien, Volodimir Zelenski, à l'ouverture d'une enquête sur les activités en Ukraine du fils de Joe Biden, son potentiel adversaire lors de la prochaine élection présidentielle américaine.

"Le stratagème du président Trump a subverti la diplomatie des Etats-Unis à l'égard de l'Ukraine et sapé notre sécurité nationale en faveur de deux enquêtes à motivation politique qui pourraient aider sa campagne de réélection présidentielle", est-il écrit dans le rapport.

Les démocrates reprochent aussi à Donald Trump d'avoir entravé leur enquête en bloquant la transmission de documents et les témoignages de ses principaux conseillers mais aussi via des tentatives vaines d'empêcher d'autres dépositions et d'intimider des témoins.

"Donald Trump est le premier président dans l'histoire des Etats-Unis à chercher à bloquer complètement une enquête en destitution entreprise par la Chambre des représentants", écrivent les auteurs du rapport.

TRUMP VEUT QUE BIDEN TÉMOIGNE

Donald Trump rejette les accusations à son encontre et accuse en retour les démocrates de vouloir revenir sur le résultat de l'élection présidentielle de 2016. D'après les sondages d'opinion, les Américains sont divisés sur le bien-fondé d'une éventuelle procédure de destitution.

Le président et certains de ses soutiens républicains laissent entendre que Joe Biden, ancien vice-président démocrate des Etats-Unis, et son fils Hunter, qui a siégé pendant des années au conseil d'administration d'une entreprise du secteur de l'énergie en Ukraine, devraient être visés par une enquête pour corruption. Aucune preuve de malversation de la part des Biden n'a jusqu'à présent été fournie.

Porte-parole de la Maison blanche, Stephanie Grisham a déclaré que la commission du Renseignement de la Chambre des représentants avait conduit un "simulacre de procédure partial" n'ayant pas apporté la moindre preuve contre Donald Trump.

"Ce rapport ne reflète rien d'autre que leurs frustrations", a-t-elle dit.

Présent à Londres pour un sommet de l'Otan, Donald Trump a accusé mardi les démocrates d'avoir mené une enquête aux allures de "chasse aux sorcières" et il a une nouvelle fois réclamé que Joe Biden soit appelé à témoigner.

"Nous voulons Biden. Nous voulons le fils. Où est Hunter? Nous voulons le fils", a dit le président américain lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

La commission du Renseignement doit se réunir dans la soirée à Washington (23h00 GMT) pour un vote sur ses conclusions.

Le dossier sera ensuite transmis à la commission des Affaires judiciaires, qui ouvrira officiellement sa propre procédure mercredi.

Si la Chambre des représentants approuve finalement en séance plénière l'ouverture d'une procédure en destitution, il reviendra au Sénat, qui est pour sa part dominé par les républicains, d'organiser un procès à l'issue duquel une majorité des deux tiers des présents sera nécessaire pour déclarer Donald Trump coupable et le destituer.

(Richard Cowan, David Morgan, Patricia Zengerle, Jonathan Landay, Susan Cornwell, Susan Heavey and Mark Hosenball à Washington, avec Steve Holland à Londres; version française Bertrand Boucey)

par Patricia Zengerle et David Morgan