Les décorrélations aussi marquées que celles de la séance de la veille sont assez rares entre les Etats-Unis et l'Europe en bourse. Pendant que le STOXX Europe 600 perdait 0,8% à la cloche, le S&P500 s'adjugeait 0,85% en clôture. Au niveau sectoriel, les valeurs pétrolières sont les seules qui ont surnagé de ce côté-ci de l'Atlantique, hausse des cours de l'or noir oblige, alors que le reste de la cote a terminé en baisse. Aux Etats-Unis, le secteur pétrolier avait lui aussi le vent en poupe, mais tous les autres ont suivi, ou presque. En outre, neuf des dix plus grosses capitalisations locales étaient en hausse hier, ce qui aide évidemment. L'exception qui confirme la règle s'appelle Facebook, dont le titre a perdu 0,7%, sans doute à cause d'une virulente série d'articles du Wall Street Journal, qui brocarde l'entreprise depuis le début de la semaine en exhibant des rapports internes qui montrent l'envers du décor et mettent la société en face de ses propres contradictions.

Mais Facebook n'est pas l'entreprise la plus en vue du moment. C'est le groupe immobilier chinois Evergrande qui occupe une grande partie de la scène. Ses déboires financiers vous sont probablement désormais familiers puisqu'ils occupent une vaste place dans l'espace médiatique. Ils sont devenus un peu plus qu'un enjeu régional depuis que le mot "systémique" a été prononcé. Le terme réveille de vieux démons, notamment ceux de 2008, puisqu'il renvoie à l'idée que la faillite d'un tel acteur pourrait créer une réaction en chaîne susceptible de se propager en Chine, dans la région voire au-delà. Il y a treize ans, les décideurs politiques et monétaires avaient fini par contrer cette panique en ressortant du chapeau le concept "too big to fail", datant des années 1980. Les Etats-Unis avaient laissé couler Lehman Brothers mais avaient volé au secours d'AIG. La compagnie d'assurance était "trop grosse pour qu'on la laisse tomber", car sa faillite aurait eu des conséquences terribles pour les économies. Depuis, les autorités de supervision supranationales tiennent une liste des banques et des assureurs dits "systémiques", qui seraient soutenus en cas de coup dur.

Le cas d'Evergrande est un peu particulier, puisqu'il y a en toile de fond un bras de fer mâtiné de chantage sur le sauvetage de l'entreprise entre ses dirigeants et le parti communiste chinois. Mais le fait est que l'histoire devrait rapidement connaître son épilogue puisque le groupe immobilier va cesser d'honorer les intérêts de sa dette dès le 20 septembre. Ces péripéties viennent s'ajouter à d'autres qui font que les actions chinoises deviennent infréquentables. Jusqu'à présent, les investisseurs occidentaux ne s'en préoccupaient que modérément, en restant prudents dans leurs allocations sur les titres locaux. D'ailleurs, la "politique chinoise" n'arrivait début septembre qu'au 5e rang des préoccupations majeures des grands gérants d'actifs interrogés par Bank of America, après l'inflation, les bulles, le coronavirus et un réduction trop brutale du soutien monétaire. Peut-être ce pourcentage a-t-il changé depuis ? En tout cas, la reprise en mains décidée par Pékin sur ses entreprises commence à faire des dégâts sur la macroéconomie et par ricochet sur les entreprises occidentales qui font leur beurre en Chine. La forte baisse des actions du luxe cette semaine après les mauvais chiffres de la consommation en Chine l'illustre parfaitement, d'autant qu'elle est fort visible sur l'indice français CAC40.

Le nouvel ordre que la Chine tente d'imposer à domicile a naturellement des conséquences sur le reste de la planète et favorise le repli des investisseurs sur les marchés américains, selon le bon vieux principe du "flight to quality". Pendant que Pékin façonne la prochaine étape de son capitalocommunisme, les investisseurs continuent à penser que le PCC va finir par dégainer un plan de soutien pour relancer son économie. Après tout et contrairement aux autres grandes puissances, la Chine n'a pas activé tous les leviers possibles pour franchir d'écueil covid. Pour en revenir à l'étude de Bank of America, 82% des gérants interrogés début septembre misaient sur un plan de relance de Pékin, qui ne peut s'offrir le luxe de semer la zizanie trop longtemps dans sa propre économie.

Le CAC40 démarre la séance en hausse de 0,5% à 6617 points.

Les temps forts économiques du jour

Aux Etats-Unis, les ventes de détail d'août, l'indice Philly Fed de septembre et les données hebdomadaires sur l'emploi sont programmés à 14h30, avant à 16h00 les stocks d'entreprises de juillet. Ce matin, le Japon a annoncé de bons chiffres de commerce extérieur en août, malgré des exportations dont la dynamique ralentit un peu plus fort que prévu.

L'euro se négocie 1,18145 USD, quasiment stable. L'once d'or recule à 1793 USD. Le pétrole est sur la pente ascendante, avec un baril de Brent à 75,58 USD et un baril WTI à 72,72 USD. Le rendement de la dette américaine remonte à 1,30% et celui du Bund à -0,33%. Le Bitcoin perd 1% à 47500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air France-KLM : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif réduit de 4,36 à 4,06 EUR.
  • Anheuser-Busch Inbev : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 60 EUR.
  • Biomérieux : Berenberg reste à conserver avec un objectif relevé de 95 à 110 EUR.
  • Britvic : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 950 GBp.
  • Caixabank : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 3,30 à 3,50 EUR.
  • CD Projekt : AlphaValue reste à alléger avec un objectif relevé de 173 à 196 PLN.
  • Deutsche Lufthansa : AlphaValue passe d'accumuler à alléger en visant 7,92 EUR.
  • Equinor : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 210 NOK.
  • Fevertree : Jefferies reste à conserver avec un objectif relevé de 2100 à 2200 GBp.
  • GEA Group : Citigroup reste acheteur avec un objectif relevé de 45 à 48 EUR.
  • Genmab : Jefferies passer d'acheter à conserver en visant 3035 DKK.
  • Getlink : Citigroup passe d'acheter à neutre en visant 14,60 EUR.
  • Henkel : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 92 EUR.
  • Idorsia : Jefferies passe de conserver à achat en visant 34 CHF.
  • Infineon : LBBW passe d'acheter à conserver en visant 39 EUR.
  • Knaus Tabbert : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 73 à 76 EUR.
  • Nokian Renkaat : JP Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 38 EUR.
  • Paulic : GreenSome Finance reste acheteur avec un objectif réduit de 11,46 à 9,10 EUR.
  • Sonova : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 435 CHF.
  • Swiss Prime Site : UBS reste neutre avec un objectif relevé de 85 à 99 CHF.
  • UCB : Jefferies passe de conserver à achat en visant 130 EUR.
  • Unicredit : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 12,25 à 13,40 EUR.
  • Unilever : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 4600 GBp.
  • Verbund : Stifel passe de conserver à vendre en visant 74 EUR.
  • Vesuvius : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 685 à 760 GBp.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Vivendi a racheté les parts d'Amber dans Lagardère pour monter à plus de 45%, et va soumettre un projet d'OPA à 24,10 EUR par action.
  • Veolia lance une augmentation de capital de 2,5 Mds€ à 22,70 EUR pour participer au financement du rachat de Suez.
  • L'Australie renonce au vaste programme de sous-marins conventionnels signé avec Naval Group (dont Thales est actionnaire) pour un modèle nucléaire américain.
  • Pernod Ricard reprend son programme de rachat d'actions.
  • Engie retient cinq offres pour Equans, dans le haut des attentes de 5 à 6 Mds€ évoquées jusque-là : Bouygues, Eiffage, Spie, Bain et Carlyle.
  • Renault et Nidec progressent dans leur projet de recyclage de batteries.
  • La Compagnie des Alpes rachète Evolution 2 et ferme Grévin Montréal.
  • Novacyt publie la prise en charge comptable de son litige avec le DHSC, qui entraînera l'EBITDA en pertes comptables au S1.
  • Newen (TF1) prend une part majoritaire dans Flare Film.
  • Hoffmann Green Cement lance la vente de H-IONA, le ciment "le plus décarboné du marché européen".
  • ADLPerformance (ADLpartner) prend une participation majoritaire au capital de Reech, l'expert du Marketing d'Influence.
  • Les actions Boostheat transférées sur Euronext Growth.
  • Hybrigenics signe une prolongation de son contrat de collaboration de recherche avec l’INSERM dans le SDRA.
  • Biocorp et Merck signent un partenariat dans le domaine de l'hormone de croissance humaine.
  • L’étude clinique de Phase II/III avec NFL-101 (NFL Biosciences) pour le sevrage tabagique approuvée en France.
  • Rothschild, Virbac, Haulotte, Tivoly, Aubay, Linedata, Nextstage, Drone Volt, Voluntis, SpineGuard, LNA Santé, Believe et Tikehau Capital ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • Les immatriculations de véhicules neufs ont baissé de 18% en août, selon l'ACEA.
  • Nestlé investira 1,2 Md€ au cours des cinq prochaines années pour passer à une agriculture et à des pratiques agricoles régénératrices dans l'ensemble de sa chaîne d'approvisionnement.
  • Un fonds activiste demande le départ de la directrice générale de Solvay.
  • Le PDG de Chevron estime qu'il vaut mieux verser des dividendes aux actionnaires que d'investir dans l'éolien et le solaire.
  • Evergrande annonce la suspension de toutes ses obligations onshore pour une séance après la dégradation de Chengxin, pour assurer une égalité de traitement entre investisseurs.
  • Rivian espère lever 8 Mds$ dans le cadre d'une introduction en bourse, a appris Reuters.
  • AMC Entertainment acceptera le Bitcoin pour les paiements en ligne des billets, ainsi que d'autres cryptomonnaies comme l'Ethereum, le Litecoin et le Bitcoin Cash.
  • Volvo Cars (Geely) prépare son entrée en bourse, selon Reuters, sur la base d'une valorisation de 20 Mds$.
  • Un procès Volkswagen s'ouvre en Allemagne dans le cadre du "dieselgate".
  • Walmart s'associe à Ford et à Argo AI pour lancer un service de livraison à conduite autonome dans trois villes américaines.
  • Vifor signe un accord de licence avec Travere pour commercialiser Sparsentan.
  • Principales publications de résultats. Ashtead, THG Plc, Bassac, C&C Group, IG Group

Lectures