L'hydrogène est présent en abondance sur terre, mais il est principalement extrait des combustibles fossiles. Par conséquent, c'est un processus émetteur de dioxyde de carbone. L'hydrogène "vert" ou propre nécessite l'utilisation de l'électrolyse pour diviser l'eau en ses composants d'hydrogène et d'oxygène. Réaliser cette opération à moindre coût représente le saint graal de la transition vers l'énergie verte.

Le prix des actions des entreprises du secteur a grimpé de plus de 500% en 2020, sous l'effet de l'adoption croissante de véhicules à émissions zéro, de l'échéance fixée par de nombreux pays pour passer à une économie sans carbone d'ici 2050 et, dernièrement, du soutien de Joe Biden à l'énergie propre.

Plug Power, Ceres Power et FuelCell Energy, qui fabriquent des systèmes de piles à combustible à hydrogène pour alimenter des appareils allant des machines de manutention aux véhicules, sont en tête de ce classement, avec un bond de 400% à 1 600% au cours de l'année dernière. "Les énergies renouvelables et les énergies propres sont en plein essor, et les évaluations du secteur ont été clairement revues", souligne Emmanuel Cau, responsable de la stratégie européenne sur les actions chez Barclays.

Si l'accent a été mis sur le rôle de l'hydrogène dans le secteur automobile, son utilisation va bien au-delà.

L'Union européenne prévoit de développer des projets d'hydrogène renouvelable dans des secteurs polluants allant de la chimie à l'acier. Les investissements cumulés dans l'hydrogène renouvelable dans la région devraient atteindre jusqu'à 470 milliards d'euros d'ici 2050, selon les projections de la Commission européenne. De quoi doper les actions des fabricants d'électrolyseurs comme le norvégien Nel ASA et le britannique ITM Power.

L'envol de Nel et McPhy
L'hydrogène c'est tendance. Illustration avec Nel et McPhy

"La dynamique sur cette thématique se poursuit", précise Ashim Paun, co-responsable mondial de la recherche sur le changement climatique et les questions ESG chez HSBC.

Le mois dernier, ZeroAvia, une start-up spécialisée dans les avions à hydrogène, a obtenu 37,7 M$ en argent frais grâce à un cycle de financement mené par la société Breakthrough Energy Ventures de Bill Gates et par le gouvernement britannique pour soutenir sa candidature au développement d'avions à émissions zéro. La frénésie des actions liées à l'hydrogène a fait craindre l'apparition d'une bulle, les entreprises s'échangeant à des prix extrêmes en espérant que leurs revenus augmentent à l'avenir, malgré les craintes d'éventuels vents contraires pour le secteur.

Mais l'adoption généralisée de l'hydrogène comme carburant pour les voitures est loin d'être une évidence. Toyota a lancé une nouvelle voiture à pile à combustible à hydrogène en décembre, mais elle n'a pas réussi à convaincre les clients de cette technologie, en raison des inquiétudes concernant le manque de stations de ravitaillement, la valeur de revente et le risque d'explosion de l'hydrogène. L'essor des véhicules électriques pourrait être un autre vent contraire, selon Jonathan Bell, directeur des investissements de Stanhope Capital. "Le problème avec l'hydrogène est que parfois, lorsque vous avez deux systèmes concurrents, ce n'est pas la meilleure technologie qui gagne, mais celle qui obtient des parts de marché et l'effet de réseau en premier lieu", a déclaré M. Bell.

L'entreprise britannique ITM Power, qui fabrique les électrolyseurs nécessaires à la production d'hydrogène vert, se négocie sur un multiple sept fois supérieur à son chiffre d'affaires attendu en… 2030. A côté, Nel a presque l'air bon marché avec son multiple de trois fois les revenus anticipés pour 2030.

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Certains investisseurs pourraient même éviter le secteur, après une explosion d'enthousiasme similaire il y a une vingtaine d'années, aussi brutale qu'éphémère. Mais aucune banque n'a encore tiré la sonnette d'alarme. Dans une note récente, les analystes de JP Morgan ont conseillé aux investisseurs à long terme de profiter de tout recul des prix et "d'adopter une approche peu orthodoxe de l'évaluation pour les prochaines années" - en d'autres termes, de ne pas s'inquiéter d'une éventuelle bulle.

Sean McLoughlin, responsable de la recherche industrielle chez HSBC EMEA, a déclaré que la rareté des candidats sur le marché, les mesures de relance budgétaire sans précédent, le faible coût du capital et de la dette et les faibles rendements des autres classes d'actifs signifient que la valorisation du marché de l'hydrogène peut être justifiée, bien qu'il ait averti qu'elle se situait à un "niveau potentiellement élevé". "Il y a beaucoup de capitaux très axés sur les facteurs ESG qui courent après un certain nombre d'entreprises qui offrent ce genre d'exposition pure et simple à ces futures tendances énergétiques. Il y a donc un risque que cela se dénoue".

Des acteurs exposés à la thématique de l'hydrogène de toutes tailles : Plug Power, AFC Energy, Ceres Power, FuelCell Energy, Nel ASA, ITM Power, Air Liquide, PowerCell, Air Products, Linde, Johnson Matthey, Umicore, Wacker Chemie, Ballard, Hexagon, Doosan, Weichai Power.

Les valeurs de l'hydrogène
20 valeurs de l'hydrogène sélectionnées avec les outils Zonebourse (non exhaustif)