Les places boursières ont mis fin hier à une série de plusieurs séances baissières, sur des rebonds relativement modestes. En Europe, cela s'est matérialisé par des progressions généralement inférieures à 1%, hormis pour le Footsie 100 qui a fait cavalier seul en perdant un peu de terrain. Aux États-Unis, le scénario fut à peu près identique, avec un tir groupé des trois principaux indices qui se sont adjugés respectivement 0,29% pour le SP500, 0,28% pour le Nasdaq 100 et 0,18% pour le Dow Jones. La séance a surtout été marquée par de nouvelles statistiques macro-économiques américaines un peu contradictoires, ou du moins qui n'ont pas permis d'éclaircir le brouillard des tendances actuelles. D'un côté les commandes de biens durables à l'arrêt, même si la statistique débarrassée de ses éléments les plus volatils était finalement un peu plus élevée que prévu. Et de l'autre le marché de l'immobilier ancien qui s'est un peu moins contracté que prévu. On laissera de côté la question de savoir si ce sont les prévisionnistes qui sont nuls pour se concentrer sur l'essentiel : l'économie américaine est bien en phase de ralentissement, même si force est de constater qu'elle fait preuve d'une belle résistance.

En Europe, la situation est encore un peu plus complexe, à cause de la folle envolée des prix du gaz, qui a touché à nouveau les 300 EUR le MWh hier. Il était monté plus haut en mars dernier, mais les besoins actuels font craindre qu'il ne reste perché assez longtemps. Comme tous les pays du vieux continent se sont rués sur les énergies fossiles pour faire tendre leurs capacités de stockage vers 100% en prévision de l'hiver, le jeu de l'offre de la demande, même si le terme de jeu est probablement mal choisi en l'occurrence, provoque presque fatalement un déséquilibre au profit des vendeurs. On voit et on lit un peu partout les dégâts causés par cette situation. Des usines qui ferment temporairement parce qu'elles sont incapables de couvrir leurs coûts de production au prix du paquet de pâtes dans n'importe quel supermarché. Mais je vais vous partager ma petite expérience personnelle d'élu champêtre datant de lundi, lors de la réunion du conseil municipal de ma petite commune, qui illustre assez bien ce qui va nous tomber sur le coin de la figure.

Lundi soir donc, devant un parterre un peu clairsemé d'élus, mois d'août oblige, il nous a fallu expliquer, le maire et moi, que le prix de la cantine scolaire allait augmenter d'un montant à deux chiffres dès la semaine prochaine. D'abord parce que le prestataire a relevé ses prix de 10% pour intégrer ses hausses de coûts, tel que stipulé dans le contrat. Ensuite parce que la revalorisation des salaires du personnel communal décidée par l'Etat pour compenser l'inflation conduit à un accroissement de notre masse salariale, qui ne sera pas compensé par les recettes, sauf à revoir de façon agressive notre politique fiscale (la seule forme de "pricing power" de la collectivité, pour utiliser un vocabulaire qui vous est plus familier). Cette mauvaise nouvelle est venue s'ajouter aux +20% pris par le devis de réfection de l'enrobé du chemin de la forêt, ou aux 40% (!) de surcoûts du projet de construction de la maison médicale du village, que nous avons aussi dû annoncer lundi. Mais j'en avais une autre dans ma musette, puisque j'ai aussi dû prévenir mes collègues que notre facture de chauffage allait probablement gonfler de 60 à 70% à compter de l'année prochaine, malgré la protection relative offerte par des tarifs quadriennaux plutôt cléments négociés en groupement avec plus de 150 autres collectivités savoyardes. Pas besoin d'aller plus loin, tout est à l'avenant et il faudrait être bien naïf pour imaginer que la situation inflationniste n'aura pas de profondes répercussions sur notre quotidien, et pour longtemps. J'hésite à vous souhaiter une bonne rentrée du coup. En tout cas pas sûr qu'on préfère manger à la cantine après ça.

Les marchés financiers se fichent pas mal de ma petite commune (même si j'imagine qu'ils ne devraient pas) et se focalisent plutôt sur les deux actualités principales de la fin de semaine : la seconde estimation du PIB américain du second trimestre qui doit tomber à 14h30 et le discours du chef de la banque centrale des Etats-Unis, Jerome Powell, prévu demain à 16h00 lors du symposium de Jackson Hole (juste après la publication de l'inflation américaine dite "PCE" à 14h30). Le marché boursier rêve que Powell arrive au pupitre en disant que le combat contre l'inflation est gagné à coup sûr et qu'il passera une semaine de débauche à Ibiza en septembre plutôt que de relever les taux. Mais ce sont encore les rabat-joie qui vont gagner, c’est-à-dire ceux qui s'attendent à un discours centré sur les efforts qui restent à accomplir, la vigilance, l'économie qui tient tant bien que mal, ceci-cela. Le diable se cachera à nouveau dans les détails pour interpréter les nuances oratoires et les mimiques de JayJay. C'est pas ce qui va payer ma facture de gaz communale, mais ça fera toujours cracher du papier demain après-midi. Oh, le symposium démarre dès aujourd'hui avec des intervenants prestigieux, mais sans leur faire injure, c'est bien le discours de Powell qui constituera le point d'orgue de la petite sauterie organisée chaque année dans le Wyoming.

Dans le reste du monde, la Chine continue à annoncer des mesures de relance. C'était le cas hier matin, pour tenter de compenser les effets de la sécheresse historique sur l'activité. Pour reprendre la structure du paragraphe précédent, le marché boursier rêve que la Chine lance un bon gros plan de redynamisation économique intégrale avec la narration qui va bien (c’est-à-dire des sommes à quatre chiffres en milliards, à l'américaine). Mais au lieu du bazooka, Pékin sort le pistolet à colle pour colmater des brèches, ici l'immobilier, là la production énergétique. L'avantage, c'est que l'inflation est restée relativement faible en Chine. A chacun ses tourments.

Sur le front des sociétés, il y a eu quelques publications de valeur technologique la nuit dernière à Wall Street, avec des fortunes diverses : Salesforce et Splunk chutent après avoir déçu et Snowflake bondit pour la raison inverse. En Europe, la principale information du jour nous vient de Suisse, où Novartis a mis fin au suspense sur l'avenir de sa filiale générique Sandoz, qui va faire l'objet d'une scission et d'une entrée en bourse à Zurich l'année prochaine.

Les marchés ont rebondi en Asie ce matin. Tokyo et Sydney gagnent environ 0,8%. La séance a été compliquée à Hong Kong où les échanges ont été interrompus en raison d'une tempête. La Chine continentale est en légère hausse en fin de parcours. Les indicateurs avancés européens et américains sont orientés à la hausse, un mouvement renforcé par la publication d'un PIB allemand du T2 un peu plus robuste que prévu. Le CAC40 gagnait 0,7% à 6430 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

L'indice Ifo allemand de confiance des affaires d'août (10h00) précèdera les inscriptions hebdomadaires au chômage US et la seconde estimation du PIB des Etats-Unis au T2 (14h30). Tout l'agenda macro ici.

L'euro évolue toujours sous la parité avec le dollar, à 0,9985 USD. L'once d'or remonte un peu autour de 1756 USD. Le pétrole est ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 101,70 USD le baril et un brut léger américain WTI à 95,30 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans monte encore à 3,10%. Le bitcoin stagne sous 21 500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aveva : Investec passe d'acheter à conserver en visant 2700 GBp.
  • Biffa : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 415 GBp.
  • Coats : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 100 à 96 GBp.
  • Compagnie Financière Richemont : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours relevé de 134 à 139 CHF.
  • Demant : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 335 à 285 SEK.
  • Hennes & Mauritz : JPMorgan reste neutre avec un objectif réduit de 145 à 130 SEK.
  • Iberdrola : AlphaValue reste à alléger avec un objectif de cours relevé de 11,50 à 11,80 EUR.
  • Implenia : Research Partners reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 25 à 30 CHF.
  • Komax : Crédit Suisse passe de neutre à surperformance en visant 302 CHF.
  • McPhy : Kepler Cheuvreux reste acheteur avec un objectif réduit de 30 à 25 EUR.
  • Nel ASA : Norne Securities passe d'acheter à conserver en visant 17 NOK.
  • Rockwool : Nordea passe de conserver à vendre en visant 1455 DKK.
  • Scor : KBW passe de sousperformance à surperformance en visant 28 EUR.
  • Sonova : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 400 à 340 CHF.
  • Uniper : Citi passe d'acheter à vendre en visant 3,30 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • La CMA britannique demande la cession de trois activités dans le cadre de la fusion entre Veolia et Suez.
  • Unibail vend ses 49% dans le centre Westfield Santa Anita en Californie.
  • 55% des droits à dividende d'Alstom exercés en actions.
  • Le trafic des concessions de Vinci se redresse en juillet.
  • AB Science a redéposé une demande de mise sur le marché pour le masitinib (dont le nom commercial est Alsitek) en Europe dans la SLA. Il s'agit d'une demande d'AMM conditionnelle, c’est-à-dire pour répondre à un besoin non satisfait avant que la totalité des données requises soient disponibles.
  • Erytech renonce à soumettre son seul candidat en clinique, Graspa, à la FDA dans la Leucémie Aigüe Lymphoblastique et explore ses options d'avenir.
  • Enertime obtient la certification ISO9001 pour sa démarche de management de la qualité.
  • Les actions Micropole sont passées sur Euronext Growth.
  • Alan Allman, Actia, Adocia et HighCo ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Novartis va scinder sa division génériques Sandoz et la coter en Suisse l'année prochaine.
  • Yara réduit de 35% sa capacité européenne de production d'ammoniac en raison des prix record du gaz.
  • Salesforce perd 7% hors séance après une publication trimestrielle décevante et l'abaissement de ses prévisions.
  • Snowflake flambe de 16% hors marché après ses résultats du T2.
  • Splunk plonge de 11% hors séance après ses trimestriels.
  • Nordstrom finit en baisse de 20% après des objectifs abaissés.
  • Le CEO de Twitter affirme au personnel que les plaintes des lanceurs d'alerte sont "inexactes".
  • SpaceX et T-Mobile US ont une annonce commune importante à faire aujourd'hui.
  • Eni veut investir dans la production de gaz libyen.
  • Amazon va fermer Amazon Care en fin d'année.
  • Qantas accuse une perte annuelle de 1,8 MdsAUD, en ligne avec les attentes.
  • Bed Bath & Beyond aurait trouvé un créancier pour un prêt de 375 M$.
  • Siegfried investit 100 millions dans un nouveau site de production en Allemagne.
  • Principales publications du jour : Pinduoduo, Dollar General, VMware, Marvell, CRH, Delivery Hero, Fortum, Salmar, Bâloise, Alfen… Tout l'agenda ici.

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