Les marchés américains sont passés par différentes émotions hier, mais ils ont clôturé au plus bas de la séance. Contrairement à ce que tout le monde a écrit, moi le premier, c'est Janet Yellen et pas Jerome Powell qui a fait la tendance. La patronne du Trésor américain a expliqué hier soir que les autorités se refusaient à apporter une garantie globale sur les dépôts en réponse à la crise bancaire qui secoue actuellement les marchés. D'un point de vue institutionnel, économique et moral, c'est sans nul doute une très bonne chose, dans la mesure où un chèque en blanc permettrait aux gredins qui ont profité du système de s'en sortir à bon compte. Du point de vue de l'investisseur financier, c'est un espoir d'annihilation du risque de court terme qui s'est envolé. Les secteurs Financier et Immobilier ont lourdement redécroché. C'est dans ce compartiment que se trouvent les maillons faibles actuels, en particulier First Republic (-15% hier), Comerica (-8%) et plus généralement toutes les banques de seconde ligne.

Les commentaires de Yellen ont entraîné le S&P500 en baisse de -1,65% et le Nasdaq en repli de -1,37%. Avant cela, les indices américains avaient réagi positivement à la décision de la banque centrale américaine de relever ses taux de 25 points de base, comme cela était attendu. Les "Fed Funds" se situent désormais entre 4,75 et 5%. Ils se rapprochent du pic de taux théorique envisagé par la Fed, soit 5,125%. Ce niveau s'entend évidemment "toutes choses égales par ailleurs", ce qui est lourd de sens en finance vu qu'il ne se passe pas toujours ce qu'il est censé se passer. Mais globalement, la "team Powell" ne s'est pas aventurée hors des sentiers battus. Les marchés ont entendu ce qu'ils avaient prévu d'entendre. A savoir que la Fed a envisagé une pause au regard du tintouin bancaire actuel, mais qu'un consensus assez fort s'est dégagé en faveur d'une poursuite du resserrement monétaire parce que, quand même, l'inflation est toujours mordante. Le président de la banque centrale a souligné, je le cite, que les baisses de taux ne font pas partie du scénario de base. Une façon comme une autre de laisser entendre que si le scénario de base vole en éclats, la Fed s'adaptera.

En gros, les commentateurs rompus à la sémantique Powellienne résument le rendez-vous de la veille en "hausse dovish". Ce qui veut dire que la Fed a préservé sa stratégie et sa crédibilité en relevant ses taux, mais qu'elle se montrera docile si quelque chose foire dans les jours ou les semaines à venir : nouvelle(s) faillite(s) bancaire(s), pépin crédit ailleurs, explosion du chômage ou candidature d'Elon Musk à la présidentielle américaine.

La docilité dont la Fed semble faire preuve est visible dans la baisse du dollar et des rendements obligataires, qui signalent que le marché pense que la fin de la politique d'austérité monétaire est proche, même si la banque centrale a continué à marteler que l'inflation reste problématique. Comme nous en avons parlé plusieurs fois depuis le début de la semaine, la Fed essaie de préserver à la fois la stabilité financière et la stabilité des prix, mais elle se focalisera probablement sur la stabilité financière si elle était forcée de choisir. Ce risque couplé aux craintes de récession qui sont toujours latentes, font que les investisseurs restent persuadés que les taux vont baisser cette année. Ils les voient à 4,2% fin 2023 et ne croient donc pas la banque centrale quand elle affirme qu'ils seront à 5,1% en décembre et à 4,3% en décembre 2024.

Le reste de l'actualité est dominé par quelques publications de résultats d'entreprises, avec notamment le chinois Tencent, avant Accenture et une belle brochette de valeurs moyennes. En particulier des dossiers que l'on retrouve régulièrement sur les tablettes des gérants midcaps européens, comme Virbac, Bénéteau, Nemetschek, CTS Eventim, Esker ou Tessenderlo. Par ailleurs, le vendeur à découvert Hindenburg Research, qui a récemment brocardé le groupe indien Adani, a fait du teasing en annonçant la sortie imminente d'un nouveau rapport à charge. Sur qui la foudre va-t-elle tomber cette fois ? Suspense.

Dans le volet "macro", la Banque nationale suisse et la Banque d'Angleterre sont sur le pont pour des décisions de politique monétaire. Les deux banques centrales ont chacune leurs gros tracas du moment : le Crédit Suisse pour la BNS et une inflation qui reste explosive pour la BoE.

Sur les marchés orientaux, le Japon a clôturé en baisse de -0,25% au niveau du Nikkei 225. La Chine s'offre une vive hausse, de 0,8% à Shanghai et de 1,7% à Hong Kong. Les gains sont plus légers en Inde et en Corée du Sud. Du côté de l'Australie, l'ASX200 perdait en revanche 0,7% à la clôture. Les indicateurs avancés européens sont baissiers en réponse à la contraction américaine, mais les "futures" de Wall Street se sont réancrés dans le vert, alors… Le CAC40 perdait 0,2% à 7121 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Des décisions de politique monétaire sont en vue en Suisse (9h30) et au Royaume-Uni (13h30), avant les chiffres de ventes de logements neufs aux Etats-Unis. Tout l'agenda ici.

L'euro se renforce à 1,0909 USD. L'once d'or rebondit à 1978 USD. Le pétrole est lui aussi remonté, avec un Brent de Mer du Nord à 76 USD le baril et un brut léger américain WTI à 70,28 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans a reculé à 3,44%. Le bitcoin évolue autour de 27 600 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Akzo Nobel : ING passe d'acheter à conserver en visant 73,50 EUR.
  • Bâloise : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 151 à 159 CHF.
  • Compagnie Financière Richemont : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 160 à 170 CHF.
  • Fevertree : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 1000 à 1150 GBp.
  • Haulotte : Portzamparc passe d'alléger à conserver en visant 3,30 EUR.
  • Inditex : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 34 à 37 EUR.
  • Informa : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 730 GBp.
  • Infotel : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif de cours ajusté de 65,50 à 65,40 EUR.
  • NCC : HSBC démarre le suivi à l'achat en visant 245 GBp.
  • Roche Bobois : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 42 à 48 EUR.
  • Schindler : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 195 CHF.
  • Siltronic : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 75 EUR.
  • Straumann : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 120 à 125 CHF.
  • Swatch Group : Barclays passe de pondération en ligne à souspondérer avec un objectif de cours de 295 CHF.
  • Valneva : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 10,70 à 9,50 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Shell demande à ses actionnaires de voter contre une résolution réclamant des objectifs plus stricts en matière d'émissions.
  • Tencent : le titre gagne 6% en séance après la publication de ses résultats trimestriels.
  • UBS réduirait le portefeuille maritime du Credit Suisse à la suite d'une fusion d'urgence.
  • Boeing aurait décroché une commande de 737MAX Jet auprès de Japan Airlines. Par ailleurs, Ryanair reprend des négociations avec Boeing pour une nouvelle commande d'avions.
  • Contemporary Amperex Technology est sur le point de commencer la production de masse de ses batteries Qilin.
  • Sika accepte de vendre les actifs de MBCC Admixture à Cinven alors que l'accord avec Ineos n'aboutit pas.
  • Logitech supprime 300 postes dans un contexte de licenciements massifs dans le secteur de la technologie.
  • Les principales publications du jour : China Mobile, Accenture, General Mills, Darden Restaurants, Carnival, Nemetschek, CTS EventimTout l'agenda ici.

Lectures